'La Paix saccagée' est le titre d'un ouvrage de l'historien américain Daniel Yergin, publié en 1977. Yergin cherche à montrer comment la diplomatie a joué un rôle fondamental dans le développement d'une dialectique de confrontation entre les deux puissances qui vont dominer le nouveau système international d'après-guerre : les Etats-Unis et l'URSS. En s'attachant particulièrement à la diplomatie américaine, Yergin observe le débat interne aux Etats-Unis quant à l'attitude à adopter face à l'URSS : entre ceux qui voulaient que l'URSS fût un Etat de révolution mondiale, niant la possibilité d'une coexistence et ceux qui minoraient le rôle de l'idéologie dans la politique étrangère de l'URSS et la voyait au contraire comme une puissance traditionnelle cherchant à tirer parti du système international, plutôt qu'à le renverser. Selon Yergin, les premiers, partisans des 'postulats de Riga' triomphèrent dans les cercles politiques américains en 1945-1946 et constituèrent la base d'un consensus anticommuniste. Notre propos sera donc d'analyser cette thèse aux vues des dernières recherches historiques effectuées
[...] La conférence de Yalta : quel sens donner à ce partage du monde ? A. La conférence de Yalta : apogée de la Grande Alliance et objectifs distincts des trois Grands Pour reprendre Yergin, je vais insister dans un premier temps sur les positions américaines à la veille des grands traités. Yergin explique comment on entretint dans les années 1920 une mission américaine à Riga, où se formèrent les principaux spécialistes US de la Section soviétique du département d'Etat. Ces derniers développèrent selon l'auteur un anti- communisme farouche et mirent dès lors sans cesse en garde le gouvernement US contre la menace internationale que représentait l'URSS (nombreux hommes : Kelley, G. [...]
[...] Pologne, mais aussi Roumanie et Bulgarie avec l'éviction des non- communistes du pouvoir). Ce raidissement n'était toutefois pas définitif, comme le montre l'attitude de Truman à Potsdam, où les Anglo-Américains se montrent encore une fois particulièrement conciliants (cf. ils acceptent assez facilement les 12 millions d'Allemands déplacés, ce qui est tout de même une décision très importante). Ce qui nous amène à penser que la menace principale pour Roosevelt en 1945 restait celle d'une nouvelle agression allemande ou japonaise. Son durcissement définitif n'intervint qu'en 1946 (GH Soutou) et encore, que progressivement. [...]
[...] Finalement le dernier moment de répit aux yeux de Yergin fut la conférence de Moscou en décembre 1945, à l'issue de laquelle les Russes offrirent quelques garanties sur la tenue d'élections dans les Balkans et ils acceptèrent le projet de Commission à l'Energie atomique. De nouveaux signes de tensions (et de durcissement de la politique US) apparaissent au début de l'année 1946. Selon Yergin les premiers signes de la guerre froide apparaissent en Iran au printemps 1946 (problème du pétrole, troupes soviétiques dans le Nord/Brit dans le Sud, qui se retirent, mais pas les Russes . [...]
[...] Mais il ne prend son sens véritable pour Yergin qu'après la victoire des tenants des postulats de Riga. Cette doctrine mit en évidence des nécessités nouvelles pour les EU: dans un système mondial dominé désormais par les EU et l'URSS, il était nécessaire d'abandonner l'isolationnisme et pour les EU de protéger le reste du monde mandat du ciel le rejet profond de toute politique d'apaisement (car=munichoise), le besoin d'une puissance militaire de nature à rendre crédible la position américaine et enfin la course aux armements devait se doubler d'une course aux technologies (car le caractère de la guerre avait changé). [...]
[...] Roosevelt comme Churchill quittèrent la Crimée satisfaits et optimistes. Cet optimisme ne survécut pas longtemps à la conférence. Plusieurs événements survinrent rapidement enlevant beaucoup d'illusions sur le sort futur de l'Europe orientale et durcissant les relations entre l'URSS et les EU-GB : - les Russes firent reproche aux occidentaux de ne pas les avoir consulté lors des négociations de reddition en Italie du Nord entraîna des reproches (malentendu de Berne), - la question polonaise ne se régla pas non plus comme attendu. [...]
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