« Le rétablissement de la monarchie qu'on appelle Contre-Révolution ne sera point une révolution contraire, mais le contraire de la Révolution » déclarait Joseph de Maistre en 1797. Si l'on suit Joseph de Maistre, la Contre-Révolution est une réalité simple : le retour à la stabilité de l'Ancien Régime sans heurt ni violence et le refus en bloc de la Révolution née en 1789 et vécue comme une simple parenthèse. Voilà qui illustre bien la simplification abusive d'une réalité bien plus complexe.
De simplifications et de mythes, la Contre-Révolution en est chargée. En effet, ce concept revêt des sens multiples, car chaque historiographie, aussi bien du côté de ses partisans que de ses adversaires, l'a tiré en son sens et chargé d'affect. La première définition de la Contre-Révolution est donnée par ses adversaires. L'historiographie jacobine est contradictoire. En effet, elle donne une première définition très restrictive en présentant la Contre-Révolution comme l'envers pur et simple de la Révolution.
Quels sont le visage véridique de la Contre-Révolution et la vérité historique de cette réalité complexe ? Quel a été le réel poids de la Contre-Révolution ?
[...] Ce complot n'a pourtant pas, comme le prétendent les Jacobins, de ramifications étendues : le rôle des châteaux en province et des réseaux de renseignement est surestimé Dès 1789, l'obsession du complot aristocratique transforme tout château en lieu de conspiration. En réalité, la réaction des nobles est plus souvent le produit de la peur que le résultat de plans concertés. →Ainsi, au château de la Proutière (près des Sables d'Olonne), les nobles des environs se regroupent en 1791, car ils sont apeurés après l'arrestation du roi. marquis de la Rouerie, en Bretagne, en mai 1792, constitue une milice privée car il craint pour sa personne et ses biens devant une contrée où sévissent les brigands. [...]
[...] Par le prêche, le clergé encourage implicitement les fidèles à la lutte contre la Révolution. Il existe donc une sorte de complicité entre les réfractaires et la population. Enfin, quelques prêtres participent explicitement à l'action contre- révolutionnaire. Prenons l'exemple des émeutes du Marais breton en 1791 ; en refusant de prêter serment puis de quitter leurs presbytères, les réfractaires cristallisent les mécontentements populaires et offrent l'occasion, en menant une campagne d'opinion contre les usurpateurs, en particulier contre les prêtres réfractaires, d'un affrontement avec les gardes nationales. [...]
[...] A sa solidité, assise sur la tradition, s'oppose la faiblesse congénitale de la Révolution française. Pour Burke, toute tentative de réforme basée sur des principes philosophiques abstraits, et non sur l'expérience de la tradition, est vouée à un échec rapide. Son discours est donc l'énumération de l'ensemble des abstractions (l'individu, l'entière liberté, l'égalité, la souveraineté populaire) qui prétendent donner à la Révolution ses fondements philosophiques et politiques. Cependant, ses Réflexions n'ont de poids qu'à la fin de la Révolution : les députés des premières Assemblées récusent les prémisses de son raisonnement. [...]
[...] L'année 1795 est marquée à Lyon par des représailles sanglantes contre les Jacobins, accusés de terrorisme. Durement châtiée de sa rébellion du 29 mai, Lyon voit Thermidor comme une occasion de revanche. Les règlements de compte sont facilités par la publication de liste des partisans de la Terreur, appelés mathevons Pendant plusieurs mois, les justiciers peuvent agir en toute impunité. Il est peu probable qu'ils aient agi sur des ordres venus de l'émigration pas plus qu'on ne puisse les suspecter d'une action politique d'envergure. [...]
[...] Bonaparte sème ensuite la confusion dans les rangs monarchistes : peu de contre-révolutionnaires continuent à résister. Enfin, lorsqu'en 1814, la coalition européenne ramène les Bourbon sur le trône de France, les idées contre-révolutionnaires sont mises à bas et doivent accepter de se mêler à certains apports de la Révolution. En effet, pour régner, le souverain légitime doit pactiser avec les intérêts illégitimes que la Révolution a créés dans l'intervalle. c. Ce sont les doctrines dont l'influence reste très restreinte au moment des faits qui constituent l'ossature de la pensée contre- révolutionnaire et la fait perdurer au XIXe siècle La Contre-révolution produit ses fruits les plus durables dans le champ de la pensée en élaborant une doctrine qui fera sentir pendant tout le XIXe siècle les motifs de son hostilité au monde moderne né de la Révolution. [...]
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