Au XXe siècle, plus que jamais le corps et la société semblent indissociables. Le corps n'est pas seulement cette entité biologique, agencement de cellules, mais surtout cet ensemble complètement façonné par la société et pour la société. Les représentations et les utilisations du corps sont des usages sociaux qui s'influencent entre eux. L'apparence physique reste une valeur fondamentale dans nos mentalités et peut parfois conduire les hommes à faire des sacrifices ou de s'imposer des contraintes qui peuvent devenir mortelles et obsessionnelles.
Le corps au XXe siècle est soumis d'un triple régime cosmétique, diététique et plastique. Il y a bien une lutte pour être beau, une quête. Les moyens pour y parvenir sont multiples mais induisent des contraintes pour le corps : maquillage, crèmes contre le vieillissement, opération pour faire disparaître ou atténuer les rides et taches, gommages et produits de beauté.
C'est dans la forme que réside le principal changement : instituts de beauté, manucures, thalassothérapie.
Le concept de beauté n'est pas juste une simple question de gout, de choix subjectifs mais possède une valeur historique certaine.
Les images créées au fil des siècles véhiculent de façon consciente ou inconsciente, une acception ponctuelle et surtout changeante, de ce qui détermine un corps beau. La détermination d'un beau corps et son contraire, évolue donc sans cesse. La beauté valorisée à l'antiquité (résultant d'une harmonie entre les différentes parties du corps, beau = bien) n'est pas la même que celle du Moyen Age ou encore de l'époque moderne. Les rondeurs peuvent se constituer en référence de l'idéal humain, comme sous la Renaissance, et à travers les peintures de Rubens, pourtant la maigreur actuelle des mannequins reste révélatrice d'une tendance de la période.
Le principe des pratiques d'entretien (choix des aliments, surveillance des odeurs, étude des bâillements/éternuements, pesées, sport…) se fonde sur la limite posée entre le sain et le malsain, elle-même fluctuante selon les mutations de conceptions du corps (Vigarello).
A chaque représentation dominante du corps, de la norme de beauté, correspond un ensemble de comportements prônés et interdits. Le stigmate naît du regard des autres, et varie historiquement et socialement. La beauté est une valeur relative mais qui reste une norme.
Les normes sont des modèles socioculturels de conduite évaluant le degré de conformité contre une déviation à la culture dominante à un moment donné. Le latin Norma réfère à la règle ou à la loi admise par la cité. Les contraintes corporelles sont alors des mises à l'épreuve du corps : l'imposition d'une contrainte peut parfois être violente (prise de cachets, chirurgie), parfois douce (le sport est une dépense corporelle).
La minceur est depuis quelques années, dans les sociétés occidentales, l'objet d'un culte inédit d'un point de vue historique. Dans beaucoup d'autres sociétés et presque tout au long de l'histoire, l' « en-bon-point » est valorisé voire cultivé pour l'état de bonne santé qu'il signifie. Au tournant du XXe siècle, il y a une apparition dans les milieux aisés de discours et pratiques amaigrissantes (santé, hygiène, alimentation, beauté) témoignant de la naissance d'une conscience collective particulièrement « lipophobe ». Depuis les années 60-70, la quête de la minceur est pour la majorité de la population, l'objet d'une préoccupation presque quotidienne qui peut facilement glisser pour devenir dangereuse et obsessionnelle. Ainsi, même un poids légèrement excessif suffit pour entamer un régime, se mettre au fitness, utiliser des crèmes amincissantes ou encore avoir recours à la chirurgie esthétique. Au-delà de la condamnation médicale et esthétique de l'obésité, le corps mince est aujourd'hui sacralisé.
Aussi peut-on se demander en quoi y a-t-il une spécificité du XXe siècle dans la mise en place de nouvelles contraintes corporelles de la quête de la Beauté ?
Nous verrons tout d'abord, la mise en place de nouvelles normes à l'entre deux guerres, puis nous étudierons les nouvelles exigences des années 1950-1970. Enfin, nous analyserons la dualité entre autocontraintes et plaisirs pour la beauté, prônés des années 1970 à nos jours.
[...] La détermination d'un beau corps et son contraire, évolue donc sans cesse. La beauté valorisée à l'antiquité (résultant d'une harmonie entre les différentes parties du corps, beau = bien) n'est pas la même que celle du Moyen Age ou encore de l'époque moderne. Les rondeurs peuvent se constituer en référence de l'idéal humain, comme sous la Renaissance, et à travers les peintures de Rubens, pourtant la maigreur actuelle des mannequins reste révélatrice d'une tendance de la période. Le principe des pratiques d'entretien (choix des aliments, surveillance des odeurs, étude des bâillements/éternuements, pesées, sport ) se fonde sur la limite posée entre le sain et le malsain, elle-même fluctuante selon les mutations de conceptions du corps (Vigarello). [...]
[...] C'est pourquoi pendant cette période d'entre deux guerres il va y avoir une hausse de l'artifice pour se faire belle ainsi qu'une individualisation croissante en parallèle, qui vont tous deux approfondir la beauté. Le fard est devenu un objet quotidien, le visage sans serait mal soigné et même pas propre De même, à cette époque naît l'expression familière se faire belle qui montre bien qu'il y a tout un processus pour devenir belle, même pour le temps d'une soirée, par le maquillage et le vêtement par exemple. Dans les années 1930, la science rénove l'esthétique en renforçant les images de maîtrises de soi. [...]
[...] Les contraintes à la beauté sont plus médicales : certaines figures de la beauté induisent un dérèglement de la santé (anorexie par ex.). Documents presse France 2 La taille mannequin enflamme Londres De notre correspondant à Londres RÉMI GODEAU. Publié le 15 février 2007 Après l'Espagne qui a soulevé le problème de la maigreur excessive de certains top-modèles, le débat gagne l'Angleterre (ici le défilé du couturier Russel Sage) Hayhow/AFP Alors que les défilés de mode battent leur plein à Londres, une polémique sur la taille ultrafine des mannequins, y compris ceux en plastique dans les vitrines, agite la capitale britannique. [...]
[...] Mais, franchement, les clientes ne se sont jamais plaintes. Par satisfaction ou par résignation ? Anne Collet Début XXe siècle : Une nouvelle Beauté, la mise en place de nouvelles normes Une nouvelle silhouette mise en avant L'obsession du poids Lutter contre la laideur II) Années 1950-1970 : de nouvelles exigences corporelles La massification des volontés d'embellissement Renforcement des exigences L'influence médicale III) 1970 à nos jours : entre autocontraintes et plaisirs La quête du Beau, un véritable travail sur le corps Des contraintes dangereuses : la force des normes Du relâchement des contraintes au plaisir de mincir Biliographie ANDRIEU Le dictionnaire du corps en sciences humaines et sociales, CNRS ARDENNE L'image du corps : figures de l'humain dans l'art du XXe siècle BERTHELOT Corps et société Cahiers internationaux de sociologie, LXXXIV p. [...]
[...] Du côté masculin, la quête de la beauté s'intensifie aussi dans la deuxième partie du siècle. Le magazine Préférence de 2004 présente des images traditionnellement homosexuelles susceptibles de ne plus l'être : épilation, attendrissement de la peau S'y ajoutent les normes du corps musclé, ces formes de bras pour lesquels le polo Lacoste a été conçu La beauté virile peut s'étendre du bodybuilder à l'ange blond, mais la beauté prend plus de place aussi chez l'homme, notamment par les effets de mode comme la teinture platine à un moment, et par la possession chez soi d'haltères ou d'autres machines à musculation. [...]
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