La construction des projets nationaux dans les Balkans, des années 1870 à 1914

Résumé du document

La montée des revendications nationales en Europe occidentale durant le XIXe siècle ainsi que l'émergence des Etats Nations italien et allemand entraînèrent la renaissance des projets nationaux dans les Balkans à la fin du siècle.
Comment la construction des projets nationaux dans les Balkans ne pouvait-elle conduire qu'à un affrontement interethnique au sein de la péninsule et à un conflit mettant en jeu les grandes puissances ?
Dans une première partie, nous verrons l'incompatibilité des projets nationaux en construction dont le seul objectif commun est la lutte contre le « joug ottoman », et dont la réalisation est soumise à l'arbitrage des grandes puissances.
Puis, dans une deuxième partie, nous verrons les affrontements engendrés par la construction des projets nationaux qui font des Balkans « la poudrière de l'Europe ».

Extraits

[...] La Megale Idea constituait le ciment de la cohésion nationale grecque. En effet, ce projet national ambitieux permettait de faire oublier les problèmes de politique intérieure. Quant à la Serbie : la principauté autonome ne réunissait pas tous les serbes. Le projet national serbe, à la fin du 19e, avait donc pour but de réunir tous les serbes au sein d'un grand Etat mais aussi d'assurer l'hégémonie des serbes en intégrant dans une Grande Serbie les autres peuples slaves, reconstituant ainsi l'Empire de Dusan qui, au 14ème siècle, s'étendait sur une grande partie de la péninsule. [...]

[...] Ce congrès mit en relief la difficulté de l'affirmation des projets nationaux balkaniques, relégués au second plan tandis que les grandes puissances décidaient de leur destin. Enfin, ce congrès consacra le recul de L'Empire Ottoman, celui-ci n'était réellement suzerain qu'en Thrace, en Macédoine, en Epire, en Albanie, en Thessalie et en Crète. Néanmoins, ces lambeaux du dar al islam allaient être convoités par les Etats voisins qui allaient faire de ces territoires l'objectif de leurs projets nationaux. II) Les Balkans deviennent la poudrière de l'Europe (1880-1914) Affirmation et rivalités des Etats chrétiens La principauté de Bulgarie, après s'être dotée d'une constitution en 1879 dont la Russie fut l'instigatrice, voulait rattacher à elle la Roumélie sous domination ottomane pour reconstituer une partie de la Grande Bulgarie du traité de San Stefano. [...]

[...] La création en 1886 de la société de Saint Sava qui avait pour but de promouvoir le nationalisme serbe dans ces territoires et les revendications serbes jusqu'à 1914 seront directement inspirées de l'Esquisse. Les origines de la troisième crise d'Orient La question bulgare et les tensions bosniaques sont à l'origine de la troisième crise d'Orient. Le projet national bulgare se construit autour de deux revendications : la première est l'autonomie ecclésiastique et l'autre est l'indépendance politique par rapport à l'empire ottoman avec la création d'une Grande Bulgarie. [...]

[...] Ce partage des dépouilles de l'Empire Ottoman rendait la paix précaire dans les Balkans et aucun des nouveaux Etats n'avait de cohérence nationale. En conclusion, nous avons bien vu que les projets nationaux nés au XIXe siècle entraînaient des rivalités entre Etats balkaniques et ces rivalités ne pouvaient pas s'estomper car les projets nationaux étaient construits sur des visées hégémoniques dans les Balkans. Les accords de Bucarest et de Londres qui suivirent les guerres balkaniques installèrent un équilibre précaire car l'insatisfaction bulgare, tout comme la question bosniaque, laissaient augurer des affrontements interethniques futurs et des affrontements avec les grandes puissances. [...]

[...] Le Kosovo était considéré par les nationalistes albanais tout comme par les nationalistes serbes comme le berceau de leur nation d'où des tensions fortes entre eux. Les guerres balkaniques (1912-1913) Confrontés à la phase finale de l'agonie de l' homme malade de l'Europe (révolution jeune-turc de 1908) et face aux visées expansionnistes austro- hongroises, les projets nationaux construits sur des objectifs rivaux décidèrent de former un front commun avec le soutien de la Russie. Ainsi, oubliant leurs rivalités sur la question macédonienne de façon provisoire, les pays balkaniques formèrent la deuxième ligue balkanique. [...]