Bibliographie commentée. Qu'en est-il de la nation israélienne? A quoi fait référence ce terme: s'agit-il du peuple juif qui loin d'avoir trouvé son épanouissement dans la construction de l'Etat d'Israël connaît une crise identitaire? Ou bien de l'Etat-nation tel qu'il s'est progressivement constitué depuis la fin du XIXème siècle et surtout depuis l'indépendance d'Israël? Y a-t-il un consensus autour de ce concept de nation israélienne telle qu'elle s'est développée dans le cadre de l'Etat d'Israël?
[...] Les sionistes-socialistes avaient conscience du rôle fondamentale de l'Etat dans "la matérialisation historique du sionisme". Au coeur de l'entreprise sioniste se trouve l'appropriation de la terre de la Palestine par la multiplication des implantations juives: l'indépendance et la souveraineté présupposent le contrôle du territoire et l'autonomie économique: le kibboutz est l'instrument par excellence permettant la réalisation de ce double objectif. On note la persistance dans le sionisme d'une ardente aspiration à la vie communautaire. Mais l'auteur ne définit pas la nation uniquement en termes politiques: le facteur linguistique est essentiel, il est analysé dans le livre comme un instrument politique permettant une mobilisation et une auto-identification du groupe. [...]
[...] Les questions liées à la Terre elle-même sont traitées: le cadre de l'indépendance du peuple juif doit-il être une partie seulement de la terre "consacrée"d'Israël? Ou la totalité de cette terre, ce qui implique que l'Etat d'Israël soit binational? Ce livre apporte de nombreux éléments de réflexion sur le concept de "nation israélienne". Leibowitz nie l'existence d'une nation israélienne. En effet, son livre s'attache à définir ce qui constitue l'essence nationale du peuple juif et cela n'est en aucun cas l'Etat d'Israël. [...]
[...] De plus, il faut comprendre que le kibboutz n'a pas été voulu comme une application du rêve socialiste mais comme un moyen parmi d'autres de la conquête de l'indépendance politique. Le socialisme des pères fondateurs peut être qualifié de "productiviste" et "constructiviste": l'objectif premier a toujours été de mettre en place une économie robuste et stable, la justice sociale passant en second plan. C'est pourquoi ils ont magnifié la "révolution par le travail", passage obligé de la grande révolution nationale. "Pour ce socialisme, la vertu d'un commandement était fonction de sa capacité à répondre aux nécessités de la rédemption d'une nation sur sa terre". [...]
[...] La conscience de former un peuple est intimement liée à l'histoire dans la mesure où chaque peuple se forge dans une continuité historique: ainsi les "mythes du passé produisent la conscience". Leibowitz présente dès la première partie l'un des points les plus forts de sa thèse: il estime que depuis le XIXème siècle la faille entre "judéité" et "judaïsme" ne cesse de s'élargir. Aussi, estime-t-il qu'il est impossible aujourd'hui de définir un contenu de valeurs qui soit l'expression de l'identité nationale juive; ce qui le conduit naturellement à se poser la question: "existe-t-il encore un peuple juif?" Il s'interroge également sur la notion d'Etat. [...]
[...] Cette évolution en marche, Sternhell la qualifie de "deuxième révolution": "sous plus d'un aspect, les changements dont nous sommes les témoins dans la société israélienne d'aujourd'hui sont plus significatifs que ceux introduits dans cette même société durant sa première révolution, la révolution nationale". Au temps de la révolution nationale, tous les courants sionistes, religieux ou laïc, se sont alliés sur fond d'identité culturelle et autour d'un même combat pour l'indépendance. Pendant longtemps, la société israélienne n'a eu aucune difficulté à se cimenter autour d'une même conception du projet national qui impliquait, entre autres, la "récupération"de toute la terre d'Israël. [...]
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