« Nous avons fait l'Italie, maintenant nous devons faire les Italiens » (Massimo d'Azeglio)
Cet exposé présente le processus de construction de l'identité nationale orchestré par l'Etat italien avant même l'achèvement de l'unification de la péninsule et jusqu'à l'aube de la Première Guerre mondiale.
[...] Dans l'esprit du Risorgimento, la nation italienne précède le Royaume unifié, et c'est justement les Italiens qui devaient faire l'Italie. Or l'Italie ne s'est pas faite d'elle-même mais grâce au soutien extérieur principalement de la France et, comme le suggère d'Azeglio, c'est, dans une certaine mesure, le nouvel Etat qui va devoir faire de son peuple une nation. Nous allons donc étudier pour quelles raisons et par quels moyens le Royaume d'Italie a dû faire les Italiens. Ce processus de nationalisation des Italiens par le pouvoir politique débute dès 1861 avant même l'achèvement de l'unité marqué par la prise de Rome. [...]
[...] En 1882, sous l'impulsion de Depretis, la loi ramène l'âge des électeurs à 21 ans, diminue de moitié le cens et assouplit les conditions capacitaires. Près de 2 millions d'Italiens ont dorénavant accès au vote. Après une décennie de troubles et de révoltes dans les années 1890 qui voient la montée du socialisme et l'assassinat du roi Humbert Ier par l'anarchiste Monza, l'Italie connaît de 1900 à 1914 une période de relative normalisation politique sous l'égide de Giovanni Giolitti qui va s'attacher à intégrer à la vie politique et parlementaire les masses qui en étaient jusqu'alors exclus. [...]
[...] La disparition des grands hommes comme Cavour en juin 1861 ou Victor-Emmanuel II, le père de la patrie sont l'occasion de grandes commémorations civiques. La fête funèbre se prolonge à travers les pèlerinages. Bruno Tobia a montré l'importance dans l'opinion nationale italienne du grand pèlerinage de 1884 sur la tombe du roi au Panthéon : il reflète la sacralisation du souverain pourtant excommunié et l'appropriation nationale des hauts-lieux de Rome. L'inauguration en 1911 de l' autel de la patrie grand monument à la gloire de Victor-Emmanuel II situé au cœur historique de Rome parachève cet image. [...]
[...] La politique volontariste des gouvernants a permis une relative intégration nationale dont on se doit de souligner les limites notamment politiques dont les conséquences se répercutent sur l'Italie d'aujourd'hui. [...]
[...] Ce brigandage, soutenu par la population qui y voit une juste cause politique et religieuse a une ampleur considérable puisque les rebelles sont estimés à et obligent le gouvernement à concentrer dans la région soldats soit la moitié de son armée. Les travaux de Marie-Anne Matard montre que ce contexte permet aux organisations secrètes d'accroître leur emprise sur la population en imposant terreur et intimidation, c'est la Mafia en Sicile, la Camorra à Naples. Outre la répression qui alimente les animosités, l'unique moyen d'assurer à long terme l'allégeance au royaume, c'est de développer le sentiment unitaire. Et pour cela, les gouvernants italiens vont mettre en place une véritable politique d'intégration nationale. [...]
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