Les syndicats semblent posséder les propriétés d'une “chose” tant ils apparaissent comme les institutions légitimes de l'expression de la parole ouvrière ou salariée, malgré la crise qu'ils traversent aujourd'hui. « La forme produit des effets réels qui la justifie a posteriori et donnent à ce qui n'était qu'une interprétation possible parmi d'autres, l'évidence d'une loi de la nature ». Il ne faut donc pas oublier le travail d'objectivation dont ils sont le produit dans la lutte pour la représentation des intérêts ouvriers. Comment le syndicat est devenu une des bonnes formes de l'organisation ouvrière, alors qu'il existait à cette époque des modes concurrents de regroupement professionnel ? Il faut d'abord constater que la pratique syndicale ne date pas de sa légalisation en 1884, et que sa généalogie remonte aux premières organisations ouvrières en régime libéral interdites par la loi Le Chapelier en 1791 : comprendre la forme dominante qu'il a prise exige de décrire les formes de défense professionnelle qui l'ont précédé, même si elle ne portait le non de « syndicat ». En effet ce qui s'est imposé historiquement comme modèle du syndicalisme, ce sont les syndicats de salariés. Dès le début du XIXe siècle, Victor Griffuehles défendait cette forme spécifique de syndicats : « Le syndicat, on ne saurait trop le répéter, ne groupe que des travailleurs, parce que salariés, pour les opposer au patron. Là, seulement, réside la véritable lutte de classe : rien ne l'altère, ni ne l'amoindrit ».
[...] Un appareil idéologique d'Etat op. cit., p. 160. [...]
[...] Pour Peter Schöttler, la signification de cette circulaire est double. Elle élève les Bourses au rang d'objet d'une politique de surveillance à l'échelle nationale. Ensuite elle restreint considérablement leur champ d'action, jusqu'à ne plus recouvrir [ ] que des institutions neutres de placement[46] Bibliographie «Construire le syndicalisme», in Genèses pp. 2-96 Corbin (Alain), Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle, 1845- 1880, Paris, Presses Universitaires de Limoges vol., 1175p. Corcuff (Philippe), «Eléments d'épistémologie ordinaire du syndicalisme», in Revue française de science politique vol.41, pp. [...]
[...] Robert (Jean-Louis), Boll (Friedhelm) et Prost (Antoine) dir., L'invention des syndicalismes. Le syndicalisme en Europe occidentale à la fin du XIXe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne 335p. Schottler (Peter), Naissance des Bourses du travail. Un appareil idéologique d'Etat Paris, PUF 294p. Sewell (William), Gens de métier et Révolution. Le langage du travail de l'Ancien Régime à 1848, Paris, Aubier Montaigne 423p. Soubiran-Paillet (Francine), «Formes juridiques concurrentes et catégorisation : la création du syndicat français de 1884», in Genèses, juin 1997, pp. [...]
[...] Les tendances les plus ambitieuses sont apparues chez les personnalités les plus actives du mouvement ouvrier, à la faveur du mouvement gréviste de 1833. Dans ce climat revendicatif favorable, leur préoccupation principale était de trouver les formes appropriées à la défense des intérêts des ouvriers de métier. La brochure d'Efrahem, intitulée De l'association des ouvriers de tous les corps d'état[7], invitait chaque corps d'état[8] à former une association professionnelle permanente : Nous qui souffrons ne comptons que sur nous- mêmes ; nous sentons le mal, cherchons un remède immédiat et efficace ; appliquons-le. [...]
[...] Cette constance transparaît dans la forme des organisations, dans leurs objectifs, et dans la terminologie utilisée. Avant 1830, pratiquement toutes les organisations ouvrières sont soit des compagnonnages, soit des sociétés de secours mutuels. La défense corporative fut l'objet essentiel, sinon unique, des associations professionnelles. La persistance des traits les plus saillants du système corporatif de l'Ancien Régime, tient selon lui à son opposition inhérente à la concurrence individualiste[5] Entendu comme un groupe juré de frères, dont la qualité de membre était conférée par une cérémonie baptismale complexe, marquée par l'attribution de nouveaux noms et concrétisée dans la pratique par un rituel commun, les actes de charité mutuelle et [ ] la réglementation du métier[6] le compagnonnage ne s'est pas étendu hors du milieu qui l'a vu naître, une élite d'ouvriers qualifiés et lettrés. [...]
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