[...]
En 1978-1979, les Européens décident donc la création d'un nouveau système : c'est le SME, Système Monétaire Européen.
Quatre principes caractérisent le SME.
- La création d'un numéraire commun, l'écu, défini par un panier de monnaies : la valeur de l'écu correspond à la moyenne pondérée des valeurs des monnaies des pays membres.
- Chaque monnaie de la CEE a un cours officiel par rapport à l'écu. Les monnaies, en pratique, ne peuvent pas fluctuer entre elles au-delà de plus ou moins 2,25%.
- Les pays à monnaie forte comme les pays à monnaie faible doivent soutenir les parités officielles.
- Les pays membres doivent mettre en commun une partie de leurs réserves.
Le SME est un système assez souple, qui sait absorber de nouveaux membres, en particulier l'Espagne et le Portugal en 1986. Certaines monnaies sont quelquefois autorisées à fluctuer de plus ou moins 6%. Le SME n'exclut pas les réalignements dès lors qu'ils deviennent nécessaires. De 1979 à 1988, 11 changements de parité se produisent au sein du SME, qui sont tous allés dans le même sens : dépréciation du franc et appréciation du mark. La grave crise monétaire de 1993 est dénouée en élargissant les marges de fluctuation jusqu'à plus ou moins 15%.
Le SME est un succès : il permet d'obtenir progressivement une plus grande stabilité des taux de change intra-européens et facilite une convergence marquée des taux d'inflation en Europe vers les taux les plus bas.
À la fin des années 1980, le SME fonctionne donc et il aurait pu constituer une fin en soi, dans la mesure où il fournit un mécanisme de changes stable et ajustable au niveau européen. On peut aussi ajouter qu'au milieu des années 1980, la priorité absolue qui est donnée par tous les gouvernements à la désinflation rend la souveraineté monétaire des Etats plus apparente que réelle. Il faut aussi préciser que le système accorde fatalement un poids très fort à la RFA. Celle-ci représente l'économie la plus importante, elle a les taux d'inflation les plus bas. Sa balance commerciale est la plus solide de l'ensemble des Douze. De facto, le SME devient donc une zone mark. Un véritable pôle de stabilité monétaire s'est alors constitué autour de la RFA, regroupant, outre les Allemands, les Français, les Danois, les Néerlandais, les Belgo- Luxembourgeois. Le mark devient par ailleurs pendant les années 1980 la deuxième monnaie internationale après le dollar. Ceci contribue forcément à diminuer encore la souveraineté monétaire des Etats membres, qui sont en pratique contraints de suivre la politique monétaire de la Bundesbank (...)
[...] Le ministre des Finances luxembourgeois, Werner, est alors chargé d'élaborer un plan qui doit s'inspirer du plan Barre. Le plan Werner est déposé en octobre 1970. [Pierre Werner, 1913-2002, premier ministre du Luxembourg de 1959 à 1974, puis de 1979 à 1984.] PRINCIPALES DISPOSITIONS : l'union économique et monétaire implique un processus de convergence des économies. Il faut aboutir à une convertibilité totale et irréversible des monnaies. Il faut une fixation irréversible des parités. La libéralisation des mouvements de capitaux doit être parfaite. Cette évolution implique des transferts de responsabilités vers les instances de la Communauté. [...]
[...] Chaque étape se caractérise par un certain niveau de convergence des économies. L'étape ultime est la monnaie unique. Mais l'Europe est confrontée à la crise de plus en plus grave du SMI. La conférence de la Jamaïque entérine en janvier 1976 une nouvelle donne monétaire internationale. Les règles de 1944 sont considérablement assouplies. C'est en fait un flottement généralisé des monnaies qui est instauré. L'Europe doit réagir. Toute une série de mesures sont prises en 1972 pour préserver la stabilité des monnaies en Europe. [...]
[...] HISTOIRE CONTEMPORAINE Thème : Penser et construire l'Europe "La construction de l'Europe monétaire" Introduction. Les questions monétaires sont évidement l'un des aspects sensibles de la construction européenne. Une certaine harmonisation s'impose évidemment, ne serait-ce que pour éviter des cascades de dévaluations compétitives qui détruiraient rapidement toute forme de marché commun. Mais l'union monétaire n'en est pas moins difficile. La monnaie est l'un des aspects essentiels de la souveraineté des Etats. Les économies et les habitudes monétaires des Etats européens sont très sensiblement différentes. [...]
[...] L'article 109 du traité de Maastricht précise les critères de convergence. un degré élevé de stabilité des prix. Le taux d'inflation national ne doit pas dépasser de la moyenne des trois meilleures performances de la Communauté. Un déficit des finances publiques ne dépassant pas du PIB, un déficit excessif engendrant l'inflation. Une dette publique ne dépassant pas 60% du PIB, une dette excessive risquant elle aussi de générer de l'inflation. Des taux d'intérêt ne dépassant pas de plus de celui des trois Etats membres présentant les meilleurs résultats en matière de stabilité des prix. [...]
[...] Le rapport Delors conclut que les Etats membres, dans le cadre du grand marché, doivent faire converger leurs politiques économiques pour éviter les distorsions monétaires. L'adoption d'une monnaie unique permettrait de peser plus lourd face au dollar. Dans ces conditions, la souveraineté monétaire, souvent illusoire pour la plupart des Etats agissant isolément, retrouverait sa force en étant exercée en commun. Le plan Delors établit que : L'union économique et l'union monétaire doivent être réalisées en parallèle, les deux unions se renforçant l'une l'autre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture