Dissertation sur la construction de l'identité nationale à travers l'école et les manuels scolaires, de l'époque moderne à nos jours, en passant par la IIIème République, la Grande Guerre et Mai 68.
[...] L'événement est immédiatement exploité par la propagande des alliés ; la même année, le de la Revue pédagogique propose ce sujet : Un cuirassé poursuit un paquebot. A 10 heures du matin, il en est séparé par une distance de 14 kilomètres. Le cuirassé file 15 noeuds et le paquebot 346 1/3 mètres par minute. Après une heure de classe, le cuirassé augmente sa vitesse de 4km/h. Trouver à quelle heure le cuirassé lance son premier obus sur le paquebot, en supposant qu'il ouvre le feu à une distance de 1800 mètres. [...]
[...] Les manuels scolaires ne sont plus lus en continu, mais sont morcelés : on va y chercher une information, une image. Les manuels scolaires se distinguent alors également par une révision de leur contenu : l'histoire contemporaine est favorisée au dépit de l'histoire médiévale. On entre dans l'ère du temps présent. Les mythes créés par les manuels de la Troisième République passent au second plan. Cette histoire du temps présent passe également par le renouvellement des sources historiques : de nouvelles institutions sont créées comme par exemple l'institut d'étude de l'histoire du temps présent (IHTP) créé en 1978. [...]
[...] Brigitte Gaïtti écrit c'est un enseignement sensé contrer le processus de déstructuration des solidarités sociales, territoriales, culturelles et religieuses. Le nationalisme est donc toujours un enjeu déterminant pour la cohésion sociale, l'unité de la nation et donc le renforcement du sentiment national. Conclusion : Les manuels scolaires sont donc toujours instrumentalisés en vue d'une politisation de l'enseignement. Cependant, la diffusion du nationalisme ne peut plus s'envisager dans une perspective aussi radicale qu'auparavant, ni dans une dimension simplement nationale, puisqu'il est maintenant nécessaire de tenir compte des dimensions internationales et précisément européennes, ainsi que d'une résurgence des régions. [...]
[...] Les manuels ont alors une façon tout à fait personnelle de présenter l'Histoire. Ce manuel publié en 1915, par un auteur resté anonyme, est tout à fait caricatural, mais manifeste bien de l'exaltation nationale alors. Pour la déclaration de guerre, il dit par exemple : Des documents certains ont établi que l'Allemagne et l'Autriche préparaient la guerre depuis longtemps. Aussi tous les efforts de la Russie, de l'Angleterre et de la France pour maintenir la paix, ont été inutile. La France n'a pas voulu la guerre, mais attaquée traîtreusement, elle saura se défendre. [...]
[...] Vercingétorix : Il est mort pour avoir défendu son pays contre l'ennemi Jeanne d'Arc : Tous les Français doivent aimer et vénérer cette jeune fille qui aime tant la France et qui mourut pour nous Alsace et Lorraine : Elles aimaient la France tout autant que les pays qui étaient français depuis toujours Les manuels scolaires ont donc manifestement créés de toute pièce un sentiment national, tout en faisant croire que celui-ci était naturel et ancien. Ils évoquent une Nation française à l'époque des gaulois, alors qu'aucun sentiment national n'était alors perceptible. Il est construit donnant l'illusion d'être naturel. Lavisse, dans son dictionnaire pédagogique, paru en 1886, dit : Qu'à l'enseignement historique incombe le devoir glorieux de faire aimer et de faire comprendre la patrie. Le vrai patriotisme est à la fois un sentiment et la notion d'un devoir. Or, tous les sentiments sont susceptibles d'une culture, et toute notion, d'un enseignement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture