La consommation en France depuis 1945

Résumé du document

À partir de 1945, la France est passée « de la vie végétative traditionnelle aux niveaux de vie et au genre de vie contemporains ». Cette expression de l'économiste français Jean Fourastié illustre la période de croissance économique dans laquelle entre la France à la suite de la Seconde Guerre mondiale. A partir de conjonctures économiques favorables, la société française va connaître de profondes mutations. Utiliser des expressions comme « société d'abondance », « consommation de masse » pour évoquer cette transformation, c'est donner à la consommation une place centrale, en faire un reflet de la société.

Comprendre l'évolution de la consommation en tant qu'acteur économique et social depuis 1945, c'est finalement comprendre les mutations sociales depuis cette date. Ainsi, en quoi les grandes tendances de la consommation permettent-elles de comprendre l'évolution du comportement de la société française depuis 1945 ?

Extraits

[...] Une consommation de masse s'affirme : évolution quantitative B. Évolution qualitative, structurelle Comme a pu le constater Bourdieu dans La Distinction (1979), les différences dans les moyens de consommation sont désormais moins quantitatives que qualitatives : ainsi, le taux d'équipement en postes de télévision atteint un maximum, mais la sélection des programmes varie beaucoup selon l'appartenance socioculturelle. Il apparaît donc que la consommation n'est pas seulement un acte économique mais devient de plus en plus un acte social Il ne s'agit pas seulement d'avoir, mais d'être et d'agir par la consommation. [...]

[...] Comprendre l'évolution de la consommation en tant qu'acteur économique et social depuis 1945, c'est finalement comprendre les mutations sociales depuis cette date. Ainsi, en quoi les grandes tendances de la consommation permettent- elles de comprendre l'évolution du comportement de la société française depuis 1945 ? Si dans un premier temps, des déterminants économiques influencent la consommation, la faisant évoluer quantitativement et qualitativement, la consommation peut également être comprise grâce à des déterminants sociologiques ; le lien entre transformations sociales et consommation fait de cette dernière une caractéristique essentielle de la société moderne. I. Conjoncture économique et évolution de la consommation A. [...]

[...] Ainsi, la consommation peut apparaître comme un marqueur social comme l'atteste l'effet Veblen ou effet de démonstration. La consommation ostentatoire permet de montrer ou de faire croire que l'on a les moyens : un nouveau produit est d'abord consommé par les membres d'un groupe supérieur pour montrer leur position sociale. Une attention toujours plus importante est accordée à la qualité, les marques, la valeur immatérielle (service). S'opère une distanciation par rapport au prix qui reflète bien l'aspect social, moral de la consommation. [...]

[...] La consom'action ou consommation responsable est un phénomène socio- culturel récent. Il exprime l'idée selon laquelle on peut "voter avec son caddie" en choisissant à qui l'on donne son argent, en choisissant de consommer non plus seulement de manière consumériste, mais en tenant compte du développement durable : achat de lessives sans phosphates, produits bio, papier recyclable B. Les incitations à la consommation dans l'environnement de l'individu Dans un second et dernier temps, étudier la consommation française depuis 1945, caractéristique essentielle de la société moderne, c'est comprendre comment elle s'inscrit dans l'environnement de l'individu. [...]

[...] La consommation tend à s'ériger comme la valeur intégratrice fondamentale. En faisant un anachronisme, la critique de Tocqueville dès la première moitié du XIX° de cette foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme peut trouver après 1945 tout son sens. Enfin, l'effet Duesenberry ou effet d'imitation vient illustrer ce paradoxe de la consommation qui est à la fois un facteur d'intégration et un facteur de différenciation. [...]