Après les guerres napoléoniennes et l'échec de la domination impériale de la France sur le reste de l'Europe au printemps 1814, les Quatre Grands – l'Autriche, l'Angleterre, la Prusse et la Russie – s'attèlent à la redistribution des conquêtes de la France révolutionnaire et impériale. La capitale de l'Empire d'Autriche devient alors, de septembre 1814 à juin 1815, le centre de la diplomatie européenne en accueillant le Congrès de Vienne.
S'il est indéniable que la volonté commune de préserver la paix a fait naître et survivre une première coopération européenne en 1815, n'est-il pas exagéré de prétendre que les intérêts nationaux n'ont joué aucun rôle ? Dans quelle mesure le Congrès de Vienne est-il un fait européen ? Certes, le sentiment d'une interdépendance des souverains était fort, mais celui d'une véritable solidarité existait-il réellement ? L'idée de Concert européen n'est-il pas la conséquence d'une relecture trop optimiste de l'événement ? N'y a-t-il pas un « mythe » du Congrès de Vienne ?
Nous essaierons de déterminer d'une part quels sont les éléments de l'idée européenne qui peuvent avoir joué un rôle durant le Congrès de Vienne. Nous verrons d'autre part que la défense par les grandes puissances de l'équilibre européen était avant tout une question d'intérêt national, qui passait avant toute idée de solidarité continentale.
[...] Quant aux plus petits Etats, ils ne pouvaient que faire connaître leurs souhaits. En somme, plus de cinquante délégations étaient à Vienne, alors même que l'absence de la plus grande partie d'entre elles n'aurait pas changé le cours du Congrès. L'exemple du règlement de la question saxonne est révélateur : le roi de Saxe a été dépossédé de près de la moitié de ses terres, données à la Prusse en compensation de ses pertes à l'Est. Son assentiment avait été assuré par une restriction de sa liberté personnelle jusqu'à ce qu'il ait exprimé son consentement. [...]
[...] Dès le premier Traité de Paris, signé entre les Quatre Grands et la France le 30 mai 1814 et qui prévoit la tenue du Congrès de Vienne, la volonté des plus puissants de maîtriser entièrement les discussions se fait jour : l'un des 6 articles secrets du Traité stipule en effet que le sort des territoires regagnés serait réglé sur les bases arrêtées par les puissances entre elles depuis le mois de février, lors des discussions de Langres. Les Quatre continuent à se réunir avant l'ouverture du Congrès, afin de trouver une solution de règlement. [...]
[...] Le Congrès de Vienne est de ce fait souvent considéré par les historiens ou par les diplomates comme le modèle originel de règlement concerté entre les Nations. Ainsi, Henry Kissinger affirme qu'il s'agit de l'expérience la plus exemplaire de la diplomatie créatrice et du dernier effort fructueux de règlement d'un conflit international au moyen d'une conférence diplomatique Au fil des lectures, le Congrès de Vienne apparaît comme un épisode béni de l'histoire européenne, une sorte de parenthèse enchantée glissée entre des siècles d'affrontements diplomatiques et militaires. [...]
[...] Ainsi, l'« esprit d'équilibre doit permettre au continent de connaître la paix éternelle. Dès lors, le contexte culturel et philosophique a permis à cette thèse de convaincre souverains, diplomates et intellectuels : A doctrine as important and as pervasive as the balance of power was sure to find its propagandists, and so it did. Prominent writers and thinkers, particularly those who were interested in politics, government, and international law, made their various contributions. These writers accepted the basic fact of a state system and identified a continuance of the state system with the sovereignty and independence of the individual state. [...]
[...] L'organisation institutionnelle de l'Union européenne doit à présent répondre à nouveau à ce problème récurrent du déséquilibre des puissances en Europe. Bibliographie Bailly Pierre, L'Europe du suicide au renouveau Les Cahiers du Centre Universitaire de Recherche Européenne et Internationale, Université Pierre Mendès-France, Grenoble, janvier 2002 Elrod Richard B., The Concert of Europe: A Fresh Look at an International System World Politics, volume 28, John Hopkins University Press, Baltimore, janvier 1976 Gross Leo, The peace of Westphalia, 1648-1948», The American Journal of International Law, volume 42, American Society of International Law, Washington, janvier 1948 Gulick Edward Vose, Europe's Classical Balance of Power A Case History of the Theory and Practice of One of the Great Concepts of European Statecraft, American Historical Association, New York Haine Jean-Yves, ‘Diplomacy' : la cliopolitique selon Henry Kissinger Cultures et Conflits, n°19-20, Paris, octobre 1995 Jervis Robert, A Political Science Perspective on the Balance of Power and the Concert The American Historical Review, volume 97, American Historical Association, Washington, juin 1992 Kissinger Henry, The Congress of Vienna: A Reappraisal World Politics, volume John Hopkins University Press, Baltimore, janvier 1956 Marcowitz Reiner, Großmacht auf Bewährung Die Interdependenz französischer Innen- und Außenpolitik und ihre Auswirkungen auf Frankreichs Stellung im europäischen Konzert (1814/1815 1851/1852), Jan Thorbecke Verlag, Stuttgart Peterson Genevieve, Political Inequality at the Congress of Vienna Political Science Quarterly, volume 60, Academy of Political Science, Philadelphie, décembre 1945 de Sédouy Jacques-Alain, Le Congrès de Vienne L'Europe contre la France (1812-1815), Perrin, Paris Elrod Richard B., The Concert of Europe: A Fresh Look at an International System World Politics, volume 28, John Hopkins University Press, Baltimore, janvier 1976 (Traduction personnelle) Haine Jean-Yves, ‘Diplomacy' : la cliopolitique selon Henry Kissinger Cultures et Conflits, n°19-20, Paris, octobre 1995 Kissinger Henry, The Congress of Vienna: A Reappraisal World Politics, volume John Hopkins University Press, Baltimore, janvier 1956. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture