En 1969, le candidat du nouveau parti socialiste, Gaston Deferre, obtient un piètre résultat aux élections présidentielles. A peine dix ans plus tard, en 1981, François Mitterrand devient le premier président socialiste de la cinquième république. Cette surprenante ascension est le fruit d'un long cheminement commencé dès les années 1960. Les forces socialistes sont alors plus que divisées face à un pouvoir gaulliste majoritaire et puissant. L'enjeu du congrès d'Epinay s'inscrit dans une reconquête des tendances socialistes, afin de prendre le pouvoir. C'est François Mitterrand, pourtant non-adhérent de la Section française de l'internationale ouvrière (SFIO), qui va parvenir à mener à bien le projet. Comment un homme qui n'adhère que très tardivement au nouveau parti socialiste et qui est minoritaire parvient-il à s'emparer du pouvoir à l'issu d'un congrès crucial ?
[...] Après avoir opté pour une alliance avec le centre, Gaston Deferre et André Chandernagor, ne défendent plus le rapprochement avec les centristes, qui se rallient majoritairement à Georges Pompidou. C'est la solution d'une union à gauche qui va être défendue à Epinay. Le parti communiste reste la principale force de gauche mais est isolé. L'ensemble des motions présentées met en avant cette nouvelle stratégie avec cependant des divergences. Les divergences se font sentir non sur le fond mais sur la forme. [...]
[...] Ensuite, un conseil national appréciera ces réponses et décidera de la reprise du dialogue public Les positions de Deferre s'assouplissent par la suite. Très vite, le maire de Marseille se prononce pour une accélération de la préparation du programme commun. La motion Mermaz-Pontillon à laquelle Mitterrand adhère sans la signer, insiste sur la poursuite du débat avec le PC et insiste sur les actions à mener en commun avec lui au Parlement et dans le pays. En revanche, la motion du Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste (CERES), de Jean-Pierre Chevènement, se démarque des autres. [...]
[...] La tradition des organisations socialistes veut qu'on tienne compte des votes émis sur les textes soumis au vote du congrès à la fin des débats. Le congrès décide par 47758 mandats contre 43423 que la répartition prendra pour base les votes indicatifs émis par les sections avant l'ouverture du congrès. Désormais, la coalition qui se forme contre le courant mollétiste et compte tenu des nouvelles règles adoptées, peut fonctionner. Elle regroupe le CERES, Mitterrand et le duo Mauroy-Deferre. Ils détiennent à la vue des résultats des motions une première majorité qui laisse présager une future victoire. [...]
[...] Le consensus qui semble se dessiner, du moins sur la forme, sur une union de la gauche, se retrouve sur quant au discours anticapitaliste proféré tout au long du congrès. Même si le congrès d'Epinay n'est pas celui de la discussion de la doctrine, on retrouve un terme clé commun à l'ensemble des motions et discours des participants, celui de la rupture avec le capitalisme La motion Deferre-Mauroy insiste sur la conviction que la candidature fondamentale du plein épanouissement de l'homme est la disparition des structures capitalistes et comporte donc une stratégie de rupture sans équivoque avec la société actuelle La motion du CERES reprend une analyse marxiste traditionnelle sur l'exacerbation des antagonismes de classe. [...]
[...] Pour Mauroy, le contentieux est plus récent. Il date du congrès d'Issy-les-Moulineaux de 1970 à l'issu duquel Savary est désigné premier secrétaire du nouveau parti devant un Mauroy désormais revanchard. L'entrée du CERES dans la manœuvre est indispensable pour qu'elle puisse réussir. Sans doute les mauvais rapports avec Alain Savary ont favorisé le ralliement des partisans de Chevènement. Il ne reste plus qu'à regrouper les conjurés autour d'une motion commune, rédigée sur la base de la seule motion du CERES et présentée par Mitterrand. [...]
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