La Grande Guerre a bouleversé l'ordre mondial. En 1919, les puissances victorieuses s'attachent à Versailles à refonder les rapports internationaux. L'Europe centrale, d'où est partie la Première Guerre Mondiale, est au centre de leurs préoccupations ; région stratégique de par sa situation géographique et sa disposition géopolitique, elle est le foyer des conflits et la paix rétablie lui est intrinsèquement liée. Redessiner les frontières, démanteler des empires, créer de nouveaux Etats, déplacer des populations, équilibrer la répartition des forces et alliances… Les nouvelles puissances se livrent à un jeu diplomatique complexe, qui les oppose. Qui peut prétendre à imposer ses vues lors des négociations ? Enjeu des divisions, l'Europe centrale devient le terrain d'affrontement des ténors de la diplomatie de l'entre-deux-guerres : affrontement d'intérêts, de stratégies, d'idéologies, d'influences… En quoi l'action des puissances en Europe centrale est-elle représentative du nouvel ordre mondial ? C'est encore dans cette région que se joue l'ordre international, entre guerre et paix, selon une nouvelle donne. Comment se manifeste le conflit des puissances en Europe centrale ? Comment évolue-t-il d'une guerre à l'autre ? L'opposition des puissances s'articule d'abord autour de l'ordre versaillais, entre attachement et révisionnisme, jusqu'à une relative détente qui permet une redéfinition de la notion de puissance, évidente dans la diplomatie ayant cours en Europe centrale ; mais la détente se heurte aux tensions latentes depuis 1919, exacerbées par la montée des fascismes, qui tournent leurs ambitions vers l'Europe centrale.
[...] La France a quelques sursauts pour venir au secours de l'ordre qu'elle a construit depuis Versailles en Europe centrale. Elle tente l'encerclement du Reich par un rapprochement avec l'URSS (pacte de 1932) et l'Italie, et suggère un pacte oriental entre l'Allemagne qui reconnaîtrait ses frontières orientales et l'URSS. Mais elle échoue dans son obstination à vouloir préserver les traités, à laquelle elle ne rallie ni la Grande-Bretagne, ni l'Italie, ni l'Union Soviétique ; son système oriental se délite, les membres de la Petite Entente marque un certain éloignement en faveur de l'Allemagne. [...]
[...] Par une politique active de traités et d'alliances, la France et l'Italie poursuivent des buts propres, de garantie de la sécurité par l'équilibre européen pour l'une, et d'expansion vers l'Adriatique et de soutien aux révisionnismes hongrois et bulgare pour l'autre. Quant à l'Angleterre, peu favorable au découpage issu de Versailles et hostile à la politique française, elle demeure à l'écart dans un premier temps. L'Allemagne, si elle reste la principale puissance en Europe centrale, elle est encore entravée dans l'immédiate après-guerre ; mais elle ne cache pas ses volontés révisionnistes et ses aspirations à reprendre son rôle de puissance. [...]
[...] Après l'épisode de la guerre d'Espagne, qui renforce le front fasciste, les enjeux reviennent en Europe centrale. L'Italie abandonne son soutien à l'Autriche, le Royaume- Uni et la France restent cantonnés dans l'apeasement ; la voie est libre pour l'Anschluss, ratifiée en mars 1938. Puis Hitler se tourne vers la Tchécoslovaquie, et les populations allemandes des Sudètes, sur lesquelles portent ses revendications officielles. La guerre est imminente. La conférence de Munich en septembre 1938 rassemble Hitler, Mussolini, Daladier et Chamberlain ; ni l'URSS ni la Tchécoslovaquie ne sont conviées et Hitler obtient gain de cause sur les territoires revendiqués. [...]
[...] Qui prend alors part au conflit des puissances en Europe centrale» ? La Grande Guerre a profondément modifié le paysage diplomatique. L'Empire austro-hongrois est démantelé, l'Allemagne et la Russie, vaincues, sont isolées et affaiblies, subissent la volonté de leurs vainqueurs, mais montrent une ambition à reprendre leur place. Chez les vainqueurs, que l'on retrouve à Versailles, la France et le Royaume-Uni conservent une position privilégiée dans les négociations ; à leurs côtés les Etats-Unis s'affirment de plus en plus, tandis que l'Italie se voit relativement mise de côté dans les tractations, ce dont elle gardera rancune. [...]
[...] Cette diplomatie de conflits à coups d'alliances antagonistes exacerbe les tensions entre puissances issues de la Première Guerre Mondiale et de l'ordre versaillais, et aboutit à des impasses les différents membres d'une même alliance doivent eux-mêmes faire face à des contentieux. Or, il existe une véritable aspiration à établir la paix qui amènera au cours des années 1920 à une relative détente, et à un déplacement des rapports de force entre puissances en Europe centrale. A partir de 1924, l'Europe connaît en effet une relative prospérité et reprise économique, propice à l'apaisement politique. L'arrivée au pouvoir de la gauche en France et Grande-Bretagne favorise une politique de conciliation avec l'Allemagne ; A. Briand et G. [...]
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