A côté des conflits violents qui opposent les collectivités rurales à la « société englobante », existe une multitude de conflits collectifs et de comportements individuels, délictueux ou criminels ou « déviants ». Tous ces conflits, à un titre ou à un autre, sont inscrits dans un contexte. Ils permettent de prendre la mesure de la place des campagnes dans la société française tout en étant les révélateurs des mutations en cours. Ils montrent que le « procès de civilisation », c'est-à-dire le polissage des mœurs décrit par Norbert Elias, n'est pas achevé et que la France des campagnes, faite d'une multitude de collectivités rurales, n'est certainement pas unique. Enfin, il importe de souligner que la question des conflits s'avère au moins aussi complexe que celle de la politisation des campagnes. Ses formes et ses manifestations posent la question de l'articulation des sociétés locales à la société française. Pour évoquer les litiges, les juristes parlent de litigiosité. Pour traiter des conflits, sans doute est-il préférable d'adopter une démarche identique, et de parler de conflictualité.
La conflictualité serait donc l'ensemble des tensions, des différends, des disputes, des comportements tolérés par une communauté, mais sanctionnés par le législateur ou réprouvés par la société englobante. La conflictualité peut aller de la violence physique à l'injure, du harcèlement incessant au crime sanglant. Tous les conflits ne sont pourtant pas l'objet d'un traitement judiciaire, et nombre de conduites jugées « déviantes » échappent pour diverses raisons à la répression.
[...] Enfin, il importe de souligner que la question des conflits s'avère au moins aussi complexe que celle de la politisation des campagnes. Ses formes et ses manifestations posent la question de l'articulation des sociétés locales à la société française. Pour évoquer les litiges, les juristes parlent de litigiosité. Pour traiter des conflits, sans doute est-il préférable d'adopter une démarche identique, et de parler de conflictualité. La conflictualité serait donc l'ensemble des tensions, des différends, des disputes, des comportements tolérés par une communauté, mais sanctionnés par le législateur ou réprouvés par la société englobante. [...]
[...] En mettant en lumière la capacité d'une société provinciale à contourner la norme extérieure, voire à l'instrumentaliser pour en tirer profit, il a mis en valeur les apories de la construction d'un Etat nation. Les conflits souterrains Dans les campagnes, la communauté est une instance de régulation politique et sociale. Ce sont des sociétés d'interconnaissance, dans laquelle tout le monde connaît tout le monde. Elles reposent en grande partie sur la terre, l'honneur et la réputation. De la sorte, les conflits au village ne s'effacent pas. [...]
[...] Ne pas négliger l'aspect générationnel de la violence, avec une violence des jeunes qui se fait plus visible lors des réunions de conscription. La plus fameuse est celle de Plogastel dans le Finistère, en 1866, où des jeunes de plusieurs villages s'en donnent à cœur joie. La justice marque son impuissance (faibles condamnations). Aussi, dans certaines sociétés rurales (surtout dans le Sud : Gévaudan, Quercy, Pyrénées, Corse la brutalisation des mœurs paysannes est à mettre en relation avec une éthique de l'honneur caractérisée par la valorisation de la violence physique dans le règlement du conflit. [...]
[...] La conflictualité peut aller de la violence physique à l'injure, du harcèlement incessant au crime sanglant. Tous les conflits ne sont pourtant pas l'objet d'un traitement judiciaire, et nombre de conduites jugées déviantes échappent pour diverses raisons à la répression. Pour une histoire du paroxysme : la violence personnelle dans les campagnes du XIXème[1] Il s'agit, non pas de traquer le remarquable ou l'exceptionnel, mais au contraire de pénétrer le fonctionnement quotidien de la société rurale, les comportements individuels. Une caractéristique de la société paysanne rend cette violence singulière. [...]
[...] L'Autre, c'est alors la commune voisine : entrer en conflit brise momentanément la réciprocité des échanges, les relations tissées de longue date avec les presque semblables. La vigueur des conflits intercommunaux est inouïe ; elle procède de cycles vindicatoires qui mettent brusquement un terme à une période de paix. Pour la période 1800 1860, l'auteur recense ainsi pas moins de 702 rixes entre groupes sociaux à base locale ; et encore, seules les plus graves ont laissé des traces. Quant aux sources de ces inflammations soudaines et brutales, on sait que l'honneur de la commune est donc en jeu dans chaque conflit impliquant ne serait-ce qu'un seul de ses habitants. [...]
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