Toute l'ambiguïté de cette conférence repose dans le subtil équilibre que met en place De Gaulle : il jouit d'une forte légitimité due à son passé mais doit néanmoins faire face à de nombreuses critiques. Beaucoup l'accuseront de faire un coup d'Etat. Il s'agit donc ici pour lui, de légitimer son retour et de présenter un projet satisfaisant l'ensemble des parties sans toutefois se défaire de ses convictions profondes.
[...] La conférence de presse donnée 4 jours plus tard est en soi un événement, puisque les journalistes français et étrangers se pressent au Palais d'Orsay. Celle-ci clôt définitivement sa traversée du désert marquée par la rédaction de ses Mémoires de Guerre et une fine observation de la vie politique du pays. Ce silence volontaire de 3 ans (Sa dernière conférence publique datant du 30 juin 1955), lui permet d'apparaître comme un homme providentiel, qui ne s'est pas encore prononcé sur le sujet et qui peut avoir une solution à proposer. [...]
[...] Pfimlin dénonce une attitude d'insurrection contre la loi républicaine. Alors que la solution semble devenue inextricable, que deux pouvoirs se font face, le Général Salan termine son allocution du 15 mai par un Vive de Gaulle Son nom avait été déjà évoqué le 11 mai dans l'écho d'Alger et le 13 mai par le Général Massu. Mais le fait que cela soit Salan , alors détenteur de l'ensemble des pouvoirs en Algérie, qui l'appelle donne à cette apostrophe un poids symbolique fort. [...]
[...] C'est ce qui lui vaut une certaine méfiance des mouvements de résistance au départ. S'approprier la renaissance de la République était donc une étape essentielle afin de lever les premières oppositions bien présentes. Ceci transparaît un peu plus loin dans la conférence de presse, son amertume peut se lire dans les termes sauveurs professionnels de la République qu'il accuse en outre d'avoir dégradé ce qu'il avait fait de la France libérée et de la République restaurée Nous retrouverons cette critique des partis et de la IVème République plus avant dans notre commentaire. [...]
[...] Comme il avait pris date à Bayeux le 16 juin 1946, il reprend date ce 19 mai avec cette fois-ci un contexte particulièrement favorable à son action. Nous pouvons sentir quelque amertume lorsqu'il parle de la disparition du RPF. Ce dernier a été affaibli par la loi des apparentements : le pays réel avait donc d'autant plus de raisons de s'élever contre le pays légal. Il n'en fut rien et petit à petit, les élus du Rassemblement apportèrent leur voix lors d'investiture (notamment celle de Antoine Pinay en mars 1952) ou de questions de confiance Comme souvent chez De Gaulle, une faiblesse présumée (la faillite de son mouvement) sert son argumentation (le fait qu'il soit resté dans le cadre de la légalité envers et contre tout). [...]
[...] Mais classer les sentiments des contemporains dans ces deux catégories seraient insuffisants : certains cherchent juste à faire revenir De Gaulle au pouvoir tandis que d'autres pensent qu'il est une troisième voie, face à la dictature militaire qui pourrait s'instaurer en Algérie ou à une dictature du parti communiste. Guy Mollet en fait partie. Par conséquent sa conférence de presse est teintée de notions implicites à la mesure des difficultés auxquelles il doit faire face. Cet équilibre instable entre l'armée, les français et les algériens peut jouer en sa défaveur. C'est bien pour cette raison qu'il souhaite juger en connaissance de causes entendre les parties en cause sans se prononcer pour le moment sur la solution envisagée. [...]
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