Le Général De Gaulle déclarait en 1955, soit trois ans avant la date qui nous intéresse, à un écrivain algérien : « L'affaire algérienne est trop grande pour ce régime. L'Algérie sera émancipée. Ce sera long. Il y aura de la casse. Beaucoup de casse. Vous aurez beaucoup à souffrir. Quant à moi, je ne parlerai que le jour où je serai en situation de faire ce que j'ai dit ». Déclaration prophétique et qui en dit long à la fois sur la clairvoyance du Général quant à l'avenir des relations franco-algériennes, son appréciation du rôle de l'impuissance politique de la quatrième république dans le problème algérien, et son intention d'attendre le moment opportun pour prendre en même temps la parole et le pouvoir. Et il semble justement que ce moment opportun soit le mois de Mai 1958.
[...] Enfin, si ce texte riche en éléments, alliant rappels des réussites passées et conceptions politiques du Général, a opéré à son époque, il constitue encore aujourd'hui un apport intéressant pour l'historien puisqu'il dévoile à un moment crucial de l'histoire de la France d'après-guerre les intentions et les stratégies (à qui sait prendre du recul avec ce qui est effectivement dit) de celui qui fut l'auteur du dernier changement de régime en date. [...]
[...] Ainsi déjà en 1944 durant la conférence de Brazzaville il évoquait la possibilité d'accorder une autonomie nouvelle à l'Algérie Mais au fond on ne peut rien affirmer sur ce que De Gaulle pensait vraiment du problème de l'indépendance algérienne en 1958 car ce qui ressort jusque là de ses déclarations est toujours l'ambiguïté. L'historien Jean Touchard affirme à ce propos qu'à la suite de leurs rencontres avec le Général entre 1955 et 1958 les partisans de l'Algérie française quittaient De Gaulle convaincus qu'il était inébranlablement attaché à l'Algérie Française, et les partisans d'une paix négociée convaincus qu'il était partisan d'un paix négociée Cependant, une déclaration du Général de 1955 à Edmond Michelet semble très nettement infirmer ce qu'il dit dans la conférence de presse du 19 Mai 1958 : L'Algérie est perdue, l'Algérie sera indépendante Il est dés lors difficile de savoir si au moment où il prononce ces paroles (en Mai 1958) De Gaulle croit qu'il est encore possible d'éviter la rupture avec l'Algérie, même si l'on serait tenté de croire que non et qu'il cherche simplement à rassurer les français avant de prendre le pouvoir. [...]
[...] Quant à moi, je ne parlerai que le jour où je serai en situation de faire ce que j'ai dis Déclaration prophétique et qui en dit long à la fois sur la clairvoyance du Général quant à l'avenir des relations franco-algériennes, son appréciation du rôle de l'impuissance politique de la quatrième république dans le problème algérien, et son intention d'attendre le moment opportun pour prendre en même temps la parole et le pouvoir. Et il semble justement que ce moment opportun soit le mois de Mai 1958. En Mai 1958 De Gaulle a 67 ans comme il le rappelle d'ailleurs explicitement à la fin de sa conférence. Il est né à Lille en 1890 dans un milieu traditionaliste et conservateur. [...]
[...] Cependant comme le dit De Gaulle, le régime a absorbé peu à peu les élus du rassemblement et le maître, ayant été trahi pas ses disciples qui ont préféré collaborer avec le régime de la faiblesse, a dû rentrer chez [lui] faute de pouvoir agir à l'intérieur de la légalité Mais le RPF n'est, dans le cadre de cette conférence, qu'un exemple d'outil pour souder la nation et De Gaulle en trouve plus loin un autre. En effet, plus loin De Gaulle évoque le rôle joué par l'armée en Algérie et va faire de celle-ci un exemple de cohérence et d'unité pour la nation française. Il faut noter que c'est à De Gaulle, qui passait alors pour un partisan du statu quo en Algérie, qu'en appelle le comité du salut public le 13 Mai. [...]
[...] En effet, si De Gaulle ne cesse dans sa conférence d'affirmer sa volonté de maintient de l'unité nationale d'un bord de l'autre de la Méditerranée ses conceptions à l'égard d'une possible évolution de l'Algérie vers l'indépendance sont pour le moins ambiguës, au moins dans les mots. Car bien qu'il semble dans le présent discours souhaiter maintenir les liens avec l'Algérie, sans être vraiment explicite, nous verrons que d'autres déclarations infirment nettement cette vision des choses. Tout d'abord, si l'on en croit le Général, au crie des Algériens vive De Gaulle ! il faudrait entendre vive l'unité nationale ! Affirmation que l'on peut juger un peu hâtive quand on connaît la suite des évènements. [...]
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