Réunissant soixante-deux pays, la Conférence Mondiale du Désarmement s'ouvre à Genève, le 2 février 1932. Il ne s'agit pas tout à fait de la première réunion de ce genre : en effet, en 1899 et 1907, des conférences internationales sur la limitation des armes s'étaient déjà tenues à La Haye. Elles avaient alors échoué à enclencher un processus général de désarmement.
À l'aube des années 30, l'organisation d'un tel événement semble inéluctable : la course aux armements est en effet à son apogée et fait fortement craindre une répétition des années ayant précédé le déclenchement de la Première Guerre Mondiale. Or, les grandes puissances se sont engagées à Versailles, ainsi que dans la charte de la Société Des Nations, à poursuivre l'objectif d'un désarmement progressif. En outre, la crainte d'une dérive belliqueuse, notamment sous la forme du révisionnisme allemand, ou encore de l'agression japonaise contre la Chine en Mandchourie, rend indispensable une concertation internationale.
Une commission préparatoire est initiée par la SDN en mai 1926 (un an après que le « protocole de Genève » a interdit le recours à la guerre en développant une procédure de désignation de l'agresseur et en rendant obligatoire l'arbitrage, et a prohibé l'emploi des armes chimiques et bactériologiques) : à son terme en 1931, est conclue la nécessité d'une Conférence Générale du Désarmement. Présidée par l'ancien secrétaire britannique aux Affaires Étrangères, Arthur Henderson, celle-ci sera placée sous les auspices de la SDN et verra participer les États-Unis et l'URSS, pourtant non membres de l'organisation.
La conférence va-t-elle répondre aux craintes plus que légitimes que suscite la course aux armements des années vingt et parvenir à ses objectifs ?
[...] En proie à une hostilité croissante, la France doit accepter les concessions. Elle finit par céder face aux positions fermes et intransigeantes du délégué allemand Brüning, sur le Gleichberechtigung ou principe d'égalité des droits, qui prévoit que tous les pays soient traités de la même manière, en matière d'armements et d'effectifs militaires. Il faut dire que Brüning a usé de menaces fortes : le 22 juillet, il a informé que son pays ne participerait pas à la suite de la conférence en cas d'un refus français. [...]
[...] La conférence va-t-elle répondre aux craintes plus que légitimes que suscite la course aux armements des années vingt et parvenir à ses objectifs ? Entre grandes ambitions et intérêts divergents La Conférence du Désarmement à Genève en février 1932 sera décisive pour le destin de la génération actuelle et de celle à venir écrit Albert Einstein en février 1931. De grands espoirs animent l'ouverture de la conférence et les aspirations à la pacification sont fortes. Pourtant, les luttes internes au nom de buts opposés poursuivis par les Etats reprennent vite le dessus. [...]
[...] Ce qui suscite l'inquiétude des alliés orientaux de la France, au premier rang desquels la Pologne. La France, avec l'intransigeant Daladier, va alors tenter de s'opposer en rappelant la garantie des droits des Etats-membres de la SDN. Elle obtiendra satisfaction : l'acte final du 7 juin conclu pour 10 ans et qui prévoit une politique de collaboration effective en vue de maintenir la paix interdit de disposer des autres Etats sans leur accord et rappelle que toute révision des traités doit se faire par le biais de la SDN. [...]
[...] C'en est définitivement terminé de (l'illusion de) la sécurité collective en Europe. La conférence continuera malgré tout jusqu'en avril 1935 - certaines discussions se poursuivant même jusqu'en 1937 - mais elle n'a plus de raison d'être puisque l'Allemagne se réarme ouvertement, après la directive Beck de décembre 1933, et menace de remettre en cause le statu quo imposé par les vainqueurs à Versailles. [...]
[...] Les négociations n'ont toutefois presque aucune influence sur les débats genevois. La reculade française Par son obstination farouche à faire respecter la sécurité collective, la France va s'isoler diplomatiquement. En effet, elle apparaît, surtout pour le Royaume-Uni, comme le principal danger militaire européen, aux dépens de l'Allemagne qui elle réarme clandestinement depuis les années 20. Elle est aussi jalousée par les pays européens pour le peu d'effet de la crise de 1929 sur son système économique et suspectée de vouloir profiter de la conférence pour asseoir sa domination financière et renforcer son potentiel militaire (qui d'ailleurs a significativement baissé entre 1926 et 1932 puisqu'il est passé de 716.000 à 565.000 hommes). [...]
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