Le monde ouvrier français qui connaît une forte expansion durant toute la seconde moitié du XIXe siècle, ses effectifs passant de 3 millions en 1850 à plus de 4,5 millions en 1914. Mais ces chiffres ne doivent pas masquer l'extrême diversité d'une catégorie sociale encore relativement nouvelle en France.
Étant encore très désorganisé, le milieu ouvrier pèse peu sur les gouvernements successifs pour améliorer son sort et les salariés restent entièrement exploités par des entrepreneurs peu scrupuleux. Ce n'est que finalement sous la IIIe République que des législations sociales vont être mises en place, même si les ouvriers restent encore peu confiants dans la République (rappelons que la deuxième a été marquée par le massacre des journées de juin).
C'est aussi à partir de 1880 qu'une prise de conscience aiguë de classe va permettre l'émergence des associations de travailleurs, des syndicats, des fédérations... ce qui va contribuer à radicaliser le mouvement ouvrier dans sa conquête de nouveaux droits. Michèle Perrot parle ainsi de « siècle des ouvriers » qui s'ouvre à partir des années 1870.
Comment peut-on donc définir la condition ouvrière dans la seconde moitié du XIXe siècle, et quelles sont les améliorations visibles ? Dans quelle mesure peut-on affirmer que les mouvements ouvriers ont joué un rôle important dans la mise en place de ces réformes ?
[...] Soulignons également l'état d'insalubrité des lieux de travail, avec l'absence de cantines pour le déjeuner (dans Germinal, les mineurs prennent chaque matin avec eux leur «briquet», une double tartine avec un peu de fromage), le manque de sanitaires, les problèmes de température (avec le manque de chauffage l'hiver et d'aération l'été) . Ce travail éprouvant touche indifféremment les hommes, les femmes et les enfants. En effet, la loi de 1841 sur la limitation de la durée du travail des enfants est très loin d'être appliquée intégralement, et il faudra attendre la loi du 19 mai 1874 pour que soit interdit l'emploi des enfants de moins de 12 ans dans les usines, chantiers et manufactures. Mais, même à cette époque, la pratique diffère souvent de la législation. [...]
[...] Les immenses grèves de 1906 sont bien la preuve de ces peurs. Au début du XXe siècle, le sort des ouvriers apparaît donc précaire, car malgré des améliorations notables grâce à la législation, l'horizon du taylorisme et d'un travail encore plus éprouvant semble proche, ce qui n'annonce rien de réjouissant. Conclusion Comme en 1850, le monde ouvrier est, à l'aube de la Première guerre mondiale, extrêmement hétérogène, entre les ouvriers des ateliers, ceux de la grande industrie, ou les mineurs . [...]
[...] Dewerpe, Le monde du travail en France 1800-1950, Armand Colin - G. Noiriel, Les ouvriers dans la société française siècle, Éditions du Seuil Oeuvres littéraires pour compléter - E. Zola, L'Assommoir - E. Zola, Germinal - D. [...]
[...] C'est donc ce besoin extrême de justice sociale qui va conduire les ouvriers à s'unir pour défendre les acquis et conquérir de nouveaux droits contre la société capitaliste. Les mouvements ouvriers qui vont progressivement naître visent alors à améliorer les conditions d'existence et surtout de travail des ouvriers, en faisant pression sur l'Etat et le patronat, jouant par là même sur les antagonismes de classe. II. L'État et la classe ouvrière : entre réformes et désenchantements L'État ou la commune ne s'occupent nullement du sort des ouvriers qui y travaillent (Paul Lafargue, Le communisme et les services publics, L'égalité juin et 2 juillet 1882) L'État français ne commence à adopter des «lois ouvrières» que véritablement sous la IIIe République, sous la pression des syndicats et des grèves, mais ces lois se révèlent vite avoir peu de portée, d'autant plus que les débuts du taylorisme dans les usines contribuent à densifier encore plus le travail ouvrier. [...]
[...] et les partis ouvriers, qui ont une plus grande influence. Ainsi, en 1881, on compte déjà 5000 syndicats menant des actions autonomes. Mais le patronat refusant le syndicalisme ouvrier comme force de négociation, les premières grandes grèves, considérées alors comme l'arme principale des ouvriers, vont se multiplier, comme celles de 1884 à Anzin ou de Decazeville en 1886. Mais ces rassemblements tournent quelquefois au massacre, témoignant ainsi de l'incapacité de l'État à répondre aux revendications ouvrières: l'exemple le plus probant est celui de Fourmies, le 1er mai 1891, où 9 grévistes pacifiques sont tués par les troupes de l'État. [...]
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