Charles Guillaume Théremin est un juriste, il est membre de la Société libre des Sciences, Lettres et Art à Paris. Il est conseiller d'ambassade à Paris, lié à la décade des Philosophes. L'auteur est clairement du côté de Sieyès, des intellectuels ; il appartient à cette mouvance qui pense à une re-fondation des institutions. C'est un descendant de huguenot français, il est en France car les protestants sont autorisés à rentrer en France après la révocation de l'Edit de Nantes de 1685. Sa position est modérée en l'an V devant le péril royaliste contre le coup d'Etat de Fructidor. On ne sait guère plus sur la vie de l'auteur.
Il est important d'évoquer le contexte d'élection. En effet, en 1799, la France vit sous le régime du Directoire, ainsi désigné parce qu'à la tête de l'Etat figure un directoire de cinq membres qui se partagent le pouvoir exécutif et décident donc en principe de la politique à conduire. Ce régime a été instauré quatre ans plutôt par la constitution dite de l'an II, votée par les députés de la Convention qui avaient échappé aux diverses purges menées en son sein, en 1793 et 1794. Les thermidoriens, c'est-à-dire les députés qui avaient provoqué la chute de Robespierre le 9 thermidor an II et mis ainsi un terme à la Terreur, avaient choisi d'établir un régime dans lequel les pouvoirs seraient largement partagés. Cet édifice, apparemment simple, comportait quelques failles. Les premières élections pour la désignation des représentants au Corps législatif avaient eu lieu en octobre 1795. Les suivantes se déroulent en mars 1797, avril 1798 puis en avril 1799. Aucune de ces consultations ne s'effectua dans la sérénité.
La crise du printemps et de l'été 1799 s'explique en effet par la division politique du pays. Trois partis aspirent alors à gouverner la France. Les « directoriaux », installés au pouvoir depuis 1795, souhaitent s'y maintenir mais ils sont confrontés à une double opposition, jacobine sur leur gauche et royaliste sur leur droite.
L'année 1799 est marquée par une série de mesures destinées à sauver le régime (elles lui seront fatales). Le tirage au sort désigne Reubell comme Directeur partant. Les Anciens choisissent Sieyès, alors ambassadeur en Prusse, pour occuper le poste. L'opposition du nouveau promu aux institutions, sa conviction qu'il faut renforcer l'exécutif et donc réviser la Constitution sont connues. Son élection signifie qu'un large courant parmi les Anciens est prêt à se rallier à ses propositions. De fait, une coalition ambiguë, associant ce courant et des députés de sensibilités jacobines qui reprochent au Directoire ses défaites militaires, exerce des pressions sur les trois Directeurs, qui restent attachés à la Constitution de l'an III ; ils démissionnent en juin 1799 et sont remplacés par des gens plus compréhensifs comme Roger-Ducos, proche de Sieyès. Une fois encore la loi a été contournée.
Publié à Paris en 1799, son livre De la condition des femmes dans les républiques est tout à fait important car cet ouvrage, qui défend la cause des femmes, a été publié pendant l'une des périodes les plus misogynes de l'histoire de France : celle où s'élabora le Code civil qui devait consacrer en 1804 l'exclusion des femmes de la Cité. Dans ces circonstances, publier son livre, quand l'auteur avait déjà gagné l'estime de ses contemporains par le sérieux de ses réflexions politiques, représentait un acte dont la valeur symbolique ne saurait être négligée. Si le texte de Théremin n'est pas anti-féministe, il est cependant profondément enraciné dans son temps. Il révèle en effet que l'auteur, pour aussi bien intentionné qu'il fût, n'échappait pas entièrement aux idées que ses contemporains se faisait des femmes.
C'est ce qu'il ressort de l'analyse de ce texte :
Théremin s'attache à montrer que les femmes ne peuvent avoir ni le droit de vote ni celui d'exercer la fonction souveraine car leurs maris l'accomplissent pour elles. En revanche, les femmes peuvent exercer une « autre espèce de Souveraineté » : l'auteur propose des alternatives, dont dépend l'honneur de la République.
Sachant que le traité de Théremin prône l'émancipation des femmes tout en envisageant pas de réclamer qu'elles puissent pleinement participer à la vie politique, on pourrait alors se demander : comment assumer une telle contradiction ? Particulièrement quand, pour le reste, la démonstration est aussi rigoureuse que radicale ? S'agit-il d'une solution pragmatique ?
Il conviendra donc de répondre à cette problématique en articulant notre réflexion en deux axes : il s'agira de voir dans un premier temps l'appel de l'auteur à l'intégration des femmes au droit de la Cité puis montrer, dans une deuxième parti, que le traité de Théremin propose des solutions novatrices mais reste cependant profondément enraciné dans son temps.
[...] ou encore l 72-74 elles n'ont jamais possédé ni exercé le droit de souveraineté de préférence aux hommes , C'est l'idée que le titre de citoyen est un titre politique. Mais une femme n'est que membre de la famille : elle peut donc porter aucun titre politique. Et pour conclure, cette souveraineté serait liée à des missions pour lesquelles elles ne sont pas faites, notamment la guerre. L 74-77 [ ] des travaux tellement pénibles qu'elles n'ont ni la force, ni la volonté de les supporter. un autre passage, il affirme toutefois que les femmes, si on leur donnait l'éducation physique adéquate, pourraient acquérir la force physique des hommes. [...]
[...] L'ouvrage de Théremin est radical dans son propos. Pour étayer son propos, il développe plusieurs arguments, justifications afin d'expliquer pourquoi cette intégration des femmes est nécessaire. En effet, Théremin évoque plusieurs facteurs qui expliqueraient sa position. Si, la République veut se maintenir, il ne faudrait pas négliger l'importance des femmes, qui peuvent jouer un rôle tout à fait essentiel. Même sous le régime de la Monarchie, on a compris cela l 93-96 le régime royal n'avait point négligé de les attacher à la royauté, c'était par elles que se formaient fréquemment les alliances il fait sans doute allusion, ici, au fait que les alliances se faisaient, sous l'Ancien Régime notamment, par le biais de stratégies matrimoniales et donc à la contribution indirecte des femmes dans les enjeux du pouvoir. [...]
[...] C'est ce qu'il ressort de l'analyse de ce texte : Théremin s'attache à montrer que les femmes ne peuvent avoir ni le droit de vote ni celui d'exercer la fonction souveraine car leurs maris l'accomplissent pour elles. En revanche, les femmes peuvent exercer une autre espèce de Souveraineté : l'auteur propose des alternatives, dont dépend l'honneur de la République. Sachant que le traité de Théremin prône l'émancipation des femmes tout en envisageant pas de réclamer qu'elles puissent pleinement participer à la vie politique, on pourrait alors se demander : comment assumer une telle contradiction ? Particulièrement quand, pour le reste, la démonstration est aussi rigoureuse que radicale ? [...]
[...] Le lendemain de son crime, elle dit devant le tribunal révolutionnaire je n'ai pas cru tuer un homme, mais une bête féroce qui dévorait tous les Français. Mlle de Corday est jugée le 17 juillet ; le même jour, elle est conduite à l'échafaud et sa tête tombe en un éclair, c'est ce qu'évoque l'auteur l 191-192 elles ne furent pas toutes deux heureuses, mais toutes deux surent mourir.», mais, il faut tout de même souligné que Charlotte de Corday est avant tout une aristocrate, ennemie furieuse et irréconciliable de ceux qui ont abattu les privilèges de la féodalité. [...]
[...] Pour Théremin, la Révolution est donc loin d'être achevée. C'est l'idée qu'il faut sortir les femmes de la nullité politique où elles ont été tenues jusque là. Ce n'est qu'alors que naîtront les véritables relations entre les hommes et les femmes, et seront éteintes celles d'esclavage d'un côté et de domination de l'autre. Théremin s'inspire particulièrement de Condorcet, de Pierre Guyomar et de William Godwin en ce qui concerne l'idée de perfectibilité à laquelle Théremin adhère entièrement. Il leur emprunte aussi l'argumentation rationaliste qu'il met au service de son plaidoyer pour l'admission des femmes au droit de Cité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture