Comparez les deux fins de siècle

Résumé du document

Les deux fins des XIXème et XXème siècles sont souvent rapprochées l'une de l'autre car elles présentent chacune une crise économique durable, de dates similaires (1873-1895 et 1973-1995) ; au cours de celles-ci la croissance économique des PDEM (pays développés à économie de marché) soit l'augmentation soutenue d'un indicateur de dimension, généralement le PIB, ralentit de façon significative par rapport aux périodes précédentes et suivantes.
Si l'on en croit l'approche de Kondratieff (1946) en terme de cycles économiques, les deux périodes correspondent à une phase B, phase descendante faisant suite à une expansion économique.
La corrélation entre les deux périodes ne se limite pas à cette approche, car bon nombre d'éléments communs s'y retrouvent aussi.
Les dites « dépressions » des deux fins de siècle traduisent la crise d'un mode de régulation donnant lieu à une nouvelle vision du monde ; cependant des divergences structurelles fortes distinguent les deux périodes l'une de l'autre aux plans économique et social.

Extraits

[...] Le choix n'est donc plus celui de la réglementation, mais celui de la flexibilité. Dans les PDEM, les sociétés ont également considérablement évolué. Au XIXe siècle, les classes sociales sont encore cloisonnées : Marx parle de société binaire dans laquelle la mobilité sociale apparaît impossible. Cette organisation figée de la société se retrouve au sein de la production où coexistent patrons et ouvriers. Étant donné que l'industrie prend une part croissante dans l'économie (elle égalise presque l'agriculture en 1900), et le mode de croissance extensif, les conditions de travail se dégradent à la fin du XIXe siècle, le niveau de vie des ouvriers est encore très bas : un enfant sur deux dans les milieux ouvriers britanniques n'attend pas deux ans en 1880. [...]

[...] Bibliographie N. KONDRATIEFF, Les vagues longues de la conjoncture H. MENDRAS, La seconde Révolution française 1965- B. GILLE, Histoire des techniques D. LANDES, Richesse et pauvreté des nations F. BRAUDEL et E.LABROUSSE, Histoire économique et sociale de la France, 1969-1980. [...]

[...] Nous avons vu que les deux fins de siècles étaient marquées par une ouverture croissante des économies sur le monde. Cependant la configuration inter- nationale du XIXe siècle selon C-A. Michalet permet aux PED de s'insérer dans le commerce international fondé sur une division internationale du travail verticale : les PED exportent des matières premières et importent des produits manufacturés. Nous pouvons avoir une lecture classique de cette organisation des échanges, comparable à une complémentarité des économies. À l'inverse, le XXe siècle voit l'avènement d'un nouveau mode de régulation, et avec, une nouvelle vision internationale du travail dite horizontale dans laquelle les pays développés s'auto- suffisent, via des échanges de produits similaires. [...]

[...] Globalement, le monde est certes plus riche à la fin du XXe siècle, mais il est de fait plus inégalitaire. La Grande dépression de la fin du XIXe siècle et la crise des PDEM à la fin du XXe siècle présentent donc nombre de similitudes quant aux indices de croissance et aux grandes lignes caractéristiques : ces ralentissements économiques traduisent tous deux celles des modes de régulation en vigueur qui nécessitent des adaptations et donnent lieu à une nouvelle vision du monde. [...]

[...] Les dites dépressions des deux fins de siècle traduisent la crise d'un mode de régulation donnant lieu à une nouvelle vision du monde ; cependant, des divergences structurelles fortes distinguent les deux périodes l'une de l'autre aux plans économique et social. Nous exposerons les raisons supplémentaires de cette possible corrélation, pour la nuancer dans une seconde partie. Nous privilégierons l'exemple des PDEM, mais tiendrons compte du reste du monde. Les deux crises économiques que connaissent les PDEM à la fin des XIXe et XXe siècles traduisent toutes deux des besoins de mutation économique pour répondre à la crise d'un mode de régulation, et aboutissent sur une nouvelle vision du monde. [...]