Les deux documents sur le projet Blum Violette forment un réquisitoire contre celui-ci mais sont de nature différente. Le premier est un discours parlementaire prononcé au Sénat par le sénateur de la circonscription d'Oran, Monsieur Roux-Fressineng. Il s'agit par là de l'expression d'une opinion politiquement orientée. Le second est un extrait d'une source nationaliste algérienne : le journal El Ouma. Ce journal dont le nom arabe signifie « la nation musulmane » a vu le jour en octobre 1930 sous la direction de Messali Hadj. Il réaffirme les principes de l'Etoile Nord – Africaine, organisation de Messali Hadj créée pour réaliser l'unité et l'indépendance de l'Afrique du Nord. Ces principes sont basés sur un anticolonialisme fervent véhiculent le goût pour l'action directe et l'utilisation de thèmes religieux à des fin politiques. Le journal permet de diffuser la flamme du nationalisme algérien.
Les documents datent de janvier 1937, période durant laquelle le projet Blum Violette sur l'extension des droits civiques et politiques à une partie de la population musulmane algérienne est discutée. Suite à l'élection du Front Populaire en mai 36, un congrès musulman est réuni à Alger afin d'adresser au nouveau gouvernement une liste de revendications d'ordre économique et social ou encore judiciaire. C'est donc dans un contexte de projet de réforme générale qu'est proposé le projet Blum Violette, projet assimilationniste qui étend progressivement des droits civiques aux musulmans algériens. C'est également une disposition conçue pour contrecarrer les plans des nationalistes algériens qui rencontrent de plus en plus d'échos.
En quoi le projet heurte-t-il les intérêts politiques de la France ainsi que les mouvements indépendantistes et risque t-il d'instaurer un climat politique précaire et fragile ?
Le projet de loi se veut un instrument d'assimilation qui s'inscrit dans les différentes tentatives de naturalisation des peuples colonisés mais il marque un aveu de faiblesse de la part de la France qui risque de perdre sa souveraineté. Cependant les Algériens musulmans ne semblent pas faire preuve d'une ardente soif d'assimilation car le projet représente une entrave à l'action des indépendantistes
[...] Non, et c'est pourquoi la loi ne sera jamais appliquée. Et si jamais on voulait l'appliquer, elle déterminerait des heurts, des chocs extrêmement violents entre les parties différentes de la population; ce serait, il faut le dire en toute franchise, l'amorce de la guerre civile et d'une guerre civile atroce entre musulmans et Français! Non! Il n'est pas possible qu'on ne comprenne pas le danger mesures pareilles. Interpellation de M. Roux-Fressineng, sénateur d'Oran Journal officiel, Débats parlementaires, Sénat janvier 1937, p.61. [...]
[...] C'est la réponse que nous faisons à , ceux qui prétendent que nous n'avons aucun bon esprit vis-à-vis de ceux que nous appelons nos frères musulmans. ( . ) Voyons quelles seraient les conséquences de cette loi, là-bas, en Algérie. Les Français d'Algérie, messieurs, n'accepteront pas de telles dispositions. Ils ne les accepteront jamais, parce qu'en réalité elles les placeraient, à une époque plus ou moins rapprochée, sous la domination des indigènes. C'est dans un bloc de électeurs électeurs nouveaux que l'on va jeter 000? [...]
[...] C'est donc dans un contexte de projet de réforme générale qu'est proposé le projet Blum Violette, projet assimilationniste qui étend progressivement des droits civiques aux musulmans algériens. C'est également une disposition conçue pour contrecarrer les plans des nationalistes algériens qui rencontrent de plus en plus d'échos. En quoi le projet heurte t-il les intérêts politiques de la France ainsi que les mouvements indépendantistes et risque t-il d'instaurer un climat politique précaire et fragile ? Le projet de loi se veut un instrument d'assimilation qui s'inscrit dans les différentes tentatives de naturalisation des peuples colonisés mais il marque un aveu de faiblesse de la part de la France qui risque de perdre sa souveraineté. [...]
[...] Les auteurs du projet sont confrontés à l'opinion et aux idées nationalistes qui rencontrent un écho de plus en plus grand au sein des populations. C'est l'annonce d'une situation de paralysie car aucune réformes ou compromis semblent possible comme l'atteste l'échec du projet qui sera rejeté. Sources bibliographiques - D. Bouche, Histoire de la colonisation française, tome 2 flux et reflux Paris, Fayard - M. Michel, Décolonisation et émergence du tiers-monde, Paris, Hachette, coll. [...]
[...] Les élites joueraient le rôle de transmission des valeurs françaises aux autres groupes de la société algérienne. Cette action se ferait au dépend de l'identité culturelle et religieuse du peuple algérien : Uni par la même langue, la même religion, les mêmes coutumes et les mêmes traditions islamiques, il n'abdiquera pas sa nationalité pour un bulletin de vote, il restera un bloc compact Les algériens qui se feraient naturaliser perdraient leur attachement à la communauté musulmane. Cette mesure est d'autant plus condamnée dans les milieux indépendantistes qu'il s'agit d'une entrave à l'action de libération de l'Algérie : ensemble, il mènera la lutte organisée pour arracher sa libération nationale. [...]
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