Les Etats-Unis sortent de la seconde guerre mondiale en position de force face au monde. D'abord, ils font partis des vainqueurs incontestés, comme le déclare la conférence de Yalta. On les a vu soutenir le camp des alliés depuis la loi prêt-bail de mars 1941. Celle-ci autorisait le gouvernement américain à fournir du matériel de guerre à certains pays, notamment la Grande-Bretagne. Et puis, du fait de leur entrée plus tardive dans le conflit et de leur stratégie, les Etats-Unis n'ont subi que très peu de pertes matérielles et financières par rapport aux pays européens. D'ailleurs, en Europe, les pertes sont telles que le redressement économique apparaît très difficile. Immédiatement se pose le problème des réparations, auquel les Etats-Unis proposent des solutions.
La Conférence de Bretton Woods de juillet 1944 vise à établir la libre convertibilité des monnaies, c'est-à-dire plus de stabilité. Pour ce faire, elle crée le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, ou Banque mondiale (BIRDS). L'organisation des Nations Unies (ONU) créée en 1945 comporte des branches qui travaillent à la restructuration de l'économie : le Conseil économique et social (ECOSOC), et l'United Nations Relief and Rehabilitation Agency (UNRRA) alimenté de fonds américains redistribués sous forme de dons. Les Etats-Unis fournissent d'autres prêts visant à alléger le problème économique en Europe. Mais c'est en 1947 qu'une aide économique organisée est proposée aux pays détruits.
Plus connue sous le nom de plan Marshall, cette aide économique est l'initiative du général George Marshall, secrétaire d'Etat américain depuis janvier 1947, et ancien chef d'état-major des Etats-Unis entre 1939 et 1945. Ce plan naît lors du discours qu'il prononce le 5 juin 1947 à l'université de Harvard, le jour symbolique de la remise des diplômes, devant l'ensemble des étudiants et professeurs : il s'agit donc d'un discours officiel. Cet événement fait suite au discours du 12 mars prononcé par le président américain, Harry Truman, devant le Congrès. C'est là qu'il lance une politique d' « aide aux peuples libres » dont il estime qu'elle doit impérativement passer par le biais de l'économie, et éradiquer le totalitarisme qu'incarnent les régimes communistes. Cette politique dite de containment ou d'endiguement du communisme espère aboutir au retour de la stabilité politique et économique mondiale, condition pour la paix. Le plan Marshall constitue donc cette aide promue par le président Truman.
A travers l'étude du discours du 5 juin, nous tenterons de comprendre, par l'interprétation de ses arguments, comment le général Marshall justifie ce plan : pourquoi l'Europe a-t-elle besoin d'une aide, et pourquoi cette aide doit-elle venir des Etats-Unis, quels buts se donne-t-elle ? Ainsi, nous nous pencherons sur les deux problèmes que soulève l'auteur : l'instabilité de la structure économique mondiale, et l'état désastreux de l'Europe, analysant à chaque fois le bilan qui en est dressé, et les solutions qui y sont proposées.
[...] Marshall soulève ici le problème de la pénurie : les matières premières et le combustible manquent (l.32), les habitants des villes manquent de vivres et de combustible (l.37). Il s'agit d'une pénurie par la demande : les commandes de guerre mobilisent les capacités de production disponibles, donc les produits de consommation civils deviennent rares. Il faut aussi rappeler que l'hiver 1946-1947 a eu des conséquences désastreuses sur les récoltes, accentuant les pénuries alimentaires. L'Europe rencontre également des problèmes dans l'acheminement des marchandises. De plus, la main d'œuvre est réduite en nombre à cause des pertes humaines de la guerre, des transferts de populations. [...]
[...] C'est pour ces raisons que les Américains se représentent mal la situation dans laquelle se trouve alors l'Europe. Pour autant, Marshall ne donne aucun chiffre concernant ces pertes importantes. Il les mentionne simplement, ajoutant qu'elles ont été estimées de façon assez exacte (l.10). Parallèlement, il estime que savoir que la situation mondiale est grave est bien évident pour tous les gens intelligents (l.2). S'il ne précise pas plus la gravité du bilan de la guerre en Europe, c'est aussi parce que ce n'est pas, selon lui, le problème le plus important. [...]
[...] Marshall est donc clairement conscient de la situation de dépendance qui s'établit en Europe vis-à-vis des Etats-Unis. La prospérité des Etats-Unis est également due à l'augmentation du PNB et à l'économie de plein-emploi : le taux de chômage se maintient très bas entre et 5%. De plus, le pays a le monopole nucléaire (il est le seul à posséder la bombe atomique) et des techniques de pointes. Les Etats-Unis ont donc, dès 1945, les cartes maîtresses de l'économie mondiale. L'aide américaine n'est pas une chose nouvelle en Europe. [...]
[...] L'état du monde en 1945, Paris, la découverte, nouv. éd - Berstein S., Milza P., Histoire du vingtième siècle, tome 2 : 1939- 1953, Paris, Hatier - Droz B., Rowley A., Histoire générale du XXe siècle, Points Histoire, Le Seuil - Fontaine A., Histoire de la guerre froide, Points Histoire, Le Seuil - Hobsbawm E., L'âge des extrêmes, Histoire du court XXème siècle, Bruxelles, Complexe - Jeannesson S., La guerre froide, Repères. - Robert F., La civilisation américaine par les textes de 1494 à nos jours, Ellipses. [...]
[...] Il estime que l' histoire a clairement plac[é] sur [son] pays une vaste responsabilité (l.80), qu'il est logique que les Etats-Unis fassent tout ce qu'ils peuvent (l.54). Marshall sous-entend que le rôle des Etats-Unis est évident, parce que la guerre les a dressés au rang de leadership mondial. En effet, ils sortent vainqueurs, avec peu de dommages, ce qui leur permet de développer un commerce important. Pendant la guerre, le gouvernement avait lancé le Victory program, qui organisait, entre autres, la production. [...]
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