Commentaire de texte : Lettre pastorale de Lefranc de Pompignan aux curés de son diocèse du 15 juillet 1788

Résumé du document

Il s'agit d'une lettre de Monseigneur l'archevêque de Vienne Jean-Georges Lefranc de Pompignan adressée aux curés de son diocèse. Elle date du 15 juillet 1788 et accompagne des directives du roi, auxquelles l'archevêque Lefranc de Pompignan demande aux curés de les transmettre – et de les expliquer au besoin – à leurs paroissiens. Lefranc de Pompignan est donc un ecclésiastique, mais aussi écrivain français ; il est né à Montauban (Tarn-et-Garonne) le 22 février 1715, nommé évêque du Puy en 1743 et archevêque de Vienne (Dauphiné) en 1774. Alors que l'Eglise rencontre de nombreux mouvements de contestation à travers les Lumières qui mettent en avant la rationalité aux dépens de la foi ; ou encore du bas clergé contre les grands dignitaires ecclésiastiques, Monseigneur Lefranc de Pompignan reste l'un des plus célèbres défenseurs de l'Eglise, en prenant notamment violemment position contre les idées des philosophes des Lumières – en particulier Voltaire – dans ses Questions sur l'incrédulité (1753-57). Si bien qu'il condamne en 1781 la vente et la lecture de tous les livres de Voltaire, Raynal et Rousseau dans les villes de son diocèse. Un mois plus tôt, le 7 juin, l'armée doit exécuter les ordres royaux exilant les parlementaires de Grenoble après leur refus d'enregistrer des édits ; les habitants se rassemblent, et empêchent le départ des magistrats en tenant en échec les régiments – il semblerait que cette « Journée des Tuiles » a eu un grand retentissement en France – mais qui surtout révélateur de l'opposition grandissante de la population à Louis XVI. Dans cette lettre, qui en accompagne une du roi, Lefranc de Pompignan rappelle aux curés la nécessité de respecter ces consignes royales et tente de montrer l'importance du rôle du Clergé de France à travers une conception gallicane de la religion. Ainsi c'est à travers ce qu'il appelle la « Doctrine de l'Eglise Gallicane » (l. 98), que Lefranc de Pompignan révèle l'origine céleste du roi, qui doit permettre de refaire l'unité des Français dans un contexte d'importantes tensions. Nous allons donc nous attacher à voir en quoi cette demande insistante de l'archevêque aux curés d'obéir et d'enseigner l'obéissance au Roi de France, montre la crainte d'une partie du haut clergé à perdre le soutien du roi de la base laïque et cléricale. Pour tenter d'y répondre, nous verrons tout d'abord les critiques auxquelles la monarchie fait face ; à la suite de quoi nous verrons comment l'archevêque légitime les pouvoirs du Roi ; et enfin sa mise en avant de l'utilité sociale de l'Eglise de France.

Extraits

[...] Ainsi, il en conclu que c'est un clergé gallican, détaché de la tutelle romaine, qui doit accompagner le roi dans sa mission de gouverner ses sujets. Rôle des ecclésiastiques Dans cette lettre, Lefranc de Pompignan insiste sur les devoirs des curés, ceux-ci leur sont imposés par leur qualité non seulement de pasteur puisqu'ils sont prêtres mais aussi par leur qualité de sujet du roi de France. Tout d'abord, Monseigneur de Pompignan déclare que les curés de leur diocèse devaient enseigner hautement l'obéissance due à la puissance royale (l.9-10) ; ainsi en plus de leur rôle séculier d'intercesseur entre Dieu et les hommes, il apparaît aussi comme un ambassadeur auprès des sujets du roi qui est légitimé par le christianisme. [...]

[...] Cette lettre pastorale laisse apparaître une certaine panique de l'archevêque devant ce qui semblerait une contestation des prêtres de la puissance royale. Unité des Chrétiens autour du roi Cette lettre pastorale qui demande aux curés d'aider à la stabilité du régime, apparaît comme un appel à l'unité des Chrétiens derrière le roi, dans la mesure où il est le seul capable de faire sortir la France de la crise. L'archevêque de Vienne veut de nouveau souder l'alliance entre le trône et l'autel qui a été affaibli par les multiples contestations de tout le XVIIIème siècle. [...]

[...] Nous allons donc nous attacher à voir en quoi cette demande insistante de l'archevêque aux curés d'obéir et d'enseigner l'obéissance au Roi de France, montre la crainte d'une partie du haut clergé à perdre le soutien du roi de la base laïque et cléricale. Pour tenter d'y répondre, nous verrons tout d'abord les critiques auxquelles la monarchie fait face ; à la suite de quoi nous verrons comment l'archevêque légitime les pouvoirs du Roi ; et enfin sa mise en avant de l'utilité sociale de l'Eglise de France. I - Critiques de la monarchie Les parlementaires Dans sa lettre, Lefranc de Pompignan fait allusion aux contestations que souffre la monarchie du royaume qu'il qualifie d' esprit de mécontentement et de murmure (l.82-83). [...]

[...] Commentaire de texte : Lettre pastorale de Lefranc de Pompignan aux curés de son diocèse du 15 juillet 1788 Il s'agit d'une lettre de Monseigneur l'archevêque de Vienne Jean- Georges Lefranc de Pompignan adressée aux curés de son diocèse. Elle date du 15 juillet 1788 et accompagne des directives du roi, auxquelles l'archevêque Lefranc de Pompignan demande aux curés de les transmettre et de les expliquer au besoin à leurs paroissiens. Lefranc de Pompignan est donc un ecclésiastique, mais aussi écrivain français ; il est né à Montauban (Tarn-et-Garonne) le 22 février 1715, nommé évêque du Puy en 1743 et archevêque de Vienne (Dauphiné) en 1774. [...]

[...] Le bas clergé Au XVIIIème, un mouvement de contestation touchent le bas clergé contre les grands dignitaires de l'Eglise et notamment les évêques et archevêques qui prend la forme de différents courants de pensée tel que par exemple le richérisme, qui insiste sur le concept de démocratie cléricale à travers un amoindrissement de la hiérarchie ecclésiastique, ou encore le jansénisme, qui se fait remarquer dans un premier temps par un approfondissement spirituel, puis devient très rapidement politique avec une critique de la monarchie. Ces contestations apparaissent dans un contexte où les antagonismes entre le bas et le haut clergé ne cessent de s'accroître, principalement à travers les questions de richesse. [...]