Le 19 juillet 1851, la proposition de révision constitutionnelle visant à permettre à Louis Napoléon Bonaparte (LNB) de se représenter lors de l'élection présidentielle de 1852 n'obtient pas les trois quarts des suffrages de l'assemblée requis pour être ratifiée. Toutefois, en obtenant tout de même 446 voix pour contre seulement 278 voix contre, LNB est conforté dans l'idée que la droite dans sa grande majorité, trop apeurée par la perspective de l'éventuelle élection d'un « rouge » en 1852 et fatiguée par la stagnation du processus de fusion entre les deux branches monarchistes, est prête au besoin à se ranger derrière lui. Devant le risque grandissant de coup d'Etat, Thiers tente une dernière tentative d'alliance entre les républicains modérés et les conservateurs libéraux via la « proposition des questeurs » visant à rappeler solennellement que le président de l'assemblée a le droit de requérir à la force armée pour assurer la sécurité, voire la défense, de la représentation nationale. Toutefois, la gauche divisée et méfiante vis-à-vis de Thiers pense que le peuple demeure le plus à même de s'opposer aux armes d'un éventuel coup d'Etat bonapartiste. Aussi la « proposition des questeurs » est-elle repoussée le 17 novembre et offre la voie libre à LNB qui passe à l'acte dans la nuit du 1er au 2 décembre 1851. Prenant le soin de rétablir le suffrage universel limité par la loi du 31 mai 1851 et profitant du traumatisme encore présent des journées de juin 48 dans l'esprit des milieux ouvriers parisiens, LNB ne se voit confronter qu'à une opposition des petites villes et des campagnes, en proportion non négligeable certes mais arrivant trop tard et en ordre désorganisé.
[...] Le contrôle étroit de la presse avec le système de l'avertissement (un avertissement quand un article ne plaît pas, au bout de trois le journal est suspendu) ou la possibilité pour le gouvernement de recouper à loisir les circonscriptions électorales en font partie mais le moyen le plus efficace et qui caractérisa le régime tout au long de son existence est bien celui de la candidature officielle. Le texte que nous avons à étudier est une circulaire adressée aux préfets du duc de Morny ministre de l'intérieur, publiée au Moniteur Universel, le futur journal officiel de l'Empire. Morny est le fils d'Hortense, fille de Joséphine, et de Charles de Flahaut général d'Empire. Il est donc le demi-frère utérin de Louis-Napoléon. [...]
[...] LAGOUEYTE, La vie politique en France au XIXe siècle, Orphys, Paris J. TULARD Dictionnaire du second Empire, Fayard, Paris P. MILZA, Napoléon III, Perrin, Paris 2004 Thèses P. LAGOUEYTE, Candidature officielle et système électoral sous le second Empire, inédite C. [...]
[...] Il joue par la suite un rôle de premier plan dans le coup d'Etat du 2 décembre et devient le nouveau ministre de l'Intérieur. C'est à ce titre qu'il renforce considérablement les pouvoirs des préfets et leur fait parvenir entre le 8 et le 20 janvier 1852 trois circulaires dont deux confidentielles concernant la tenue des élections législatives du 29 février. Celle que nous allons étudier est donc la dernière des trois, datée du 20 janvier et la seule à avoir été publiée et donc destinée à être abondamment lue et commentée. [...]
[...] En effet, elles seront ou un corollaire ou une contradiction du vote du 20 décembre (l. en allusion au plébiscite très largement remporté par Louis-Napoléon. En organisant les élections très rapidement, le prince-Président entend d'une part profiter de l'état de grâce dans lequel l'a justement plongé le triomphe du plébiscite et d'autre part il veut montrer que s'il a procédé à un coup d'Etat, il n'a pas pour autant dépossédé la nation de sa souveraineté, il n'a fait finalement qu'agir en fonction de son souhait. [...]
[...] 53-55) vise à rappeler que si quelques familles se sont retrouvées au pouvoir tant de temps durant c'est parce qu'elles avaient empêché le peuple de s'exprimer librement et que maintenant que le suffrage universel est réinstauré, leur présence parmi la classe politique n'est non seulement plus souhaitable mais est également menacée. La condamnation de ceux qui profitèrent du suffrage censitaire est cependant assez ironique venant de Morny sachant qu'il a lui-même était élu deux fois député sous la Monarchie de Juillet à une époque où le régime se refusait catégoriquement envers et contre tous à élargir le droit de vote. [...]
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