En 1789, la réunion des Etats Généraux apparaît comme indispensable, face à la crise que subit l'Ancien Régime. En effet, la dette de l'Etat français ne cesse d'augmenter, et s'élève à 4 milliards et demi en cette date charnière. La hausse des impôts et les tentatives de réformes ne pas suffisent à combler ce déficit. Si bien qu'en 1788, le roi enregistre l'emprunt avec le garde des Sceaux, enfreignant l'usage en ne consultant pas le parlement. Les parlementaires, mécontents de voir leur fonction dépréciée par le roi, entrent en rébellion. La révolte se généralisant, Louis XVI est contraint de céder. C'est ainsi que, le 8 août, il proclame la prochaine convocation des Etats Généraux, le 1er mai 1789. Cette Assemblée des trois ordres du royaume (Clergé, Noblesse, Tiers-Etat) est un organe de conseil : elle doit transmettre au roi ses réclamations et l'informer sur ce qui se passe dans le royaume. Pour ce faire, chaque ordre rédige des cahiers de doléances d'abord au niveau de la paroisse, puis du bailliage, puis l'on fait fusionner leur contenu pour n'obtenir plus qu'un cahier unique pour chaque ordre lors des Etats Généraux. Chaque ordre a ses représentants élus, chargés de porter la parole du peuple présente dans ces cahiers.
Les cahiers de doléances de la paroisse, la circonscription religieuse élémentaire sous l'Ancien Régime, sont donc les premiers à être rédigés dès 1788. Le cahier du Tiers Etat, fait en la paroisse de Peumerit-Cap, en Bretagne, en sont un exemple. Il est signé de six hommes (l.39) dont les fonctions nous sont inconnues. La plupart du temps, les rédacteurs des cahiers du Tiers-Etat sont des artisans, des officiers mandataires, également chargés de désigner les électeurs définitifs qui nomment les députés aux Etats. Ainsi, l'on peut soulever le premier problème que pose ce type de source : la France comptant 80% de paysans pour la plupart illettrés, le cahier de doléances porte-t-il au roi la voix de la majorité ? Des modèles de cahiers circulent à cette époque, destinés à aider ceux qui n'ont pas les capacités requises pour rédiger. Cela suppose un second problème : comment savoir si ce cahier de doléances est fait d'authentiques représentations ou bien d'un discours prêté au peuple ?
A travers l'étude de ce cahier de doléance, nous chercherons à dégager les revendications du Tiers Etat tout en gardant à l'esprit que ce texte a des spécificités de rédaction, et qu'il reflète un certain particularisme régional. Ainsi, il convient de se pencher d'abord sur les relations entre le roi et le Tiers-Etat, avant de voir quels droits nouveaux sont réclamés par les paroissiens, et quels rapports avec les deux autres ordres sont suggérés.
[...] Les paroissiens sont conscients de la situation du royaume : ils parlent de maux de l'Etat d'un siècle malheureux (l.7). Selon eux, la Bretagne est en proie à un problème religieux puisque les mœurs sont moins pures que jamais et des religion[s] étrangère[s] (l.8) s'exercent dans la région. En effet, on assiste au XVIIIe siècle à un certain détachement religieux généralisé en France, avec l'abandon de certains rites et mœurs, notamment sous Louis XV. Particulièrement en Bretagne, le rôle du clergé recule dans les mœurs privées et publiques. [...]
[...] C'est ainsi que, le 8 août, il proclame la prochaine convocation des Etats Généraux, le 1er mai 1789. Cette Assemblée des trois ordres du royaume (Clergé, Noblesse, Tiers-Etat) est un organe de conseil : elle doit transmettre au roi ses réclamations et l'informer sur ce qui se passe dans le royaume. Pour ce faire, chaque ordre rédige des cahiers de doléances d'abord au niveau de la paroisse, puis du bailliage, puis l'on fait fusionner leur contenu pour n'obtenir plus qu'un cahier unique pour chaque ordre lors des Etats Généraux. [...]
[...] Ici l'on peut souligner l'apparition de l'idée de liberté, héritée des Lumières, une valeur nouvelle particulièrement séduisante pour le Tiers-Etat soumis à de nombreuses réglementations. La nécessité de modifier la société s'accompagne d'une évolution de la pensée, fortement influencée par les courants intellectuels. En outre, ces derniers emplois doivent être accessibles à prix d'argent (l.17) pour permettre aux familles de conserver ce qu'elles ont de plus précieux et de plus nécessaire (l.17), c'est-à-dire les récoltes. Payer en argent plutôt qu'en nature est avantageux dans un contexte où les denrées sont remarquablement chères parce que rares. [...]
[...] Aux yeux des paroissiens, le roi a le pouvoir de mettre un terme à la crise. II. De nouveaux droits pour le Tiers-Etat Les emplois des roturiers Les membres du Tiers Etat, sous l'Ancien Régime, sont exclus de certaines fonctions que se réservent les nobles, il s'agit de tout emploi civil et militaire (l.33). Ces métiers très fermés restent aux mains des nobles par l'hérédité, ce que contestent les roturiers. En effet, ils jugent que le mérite [doit] l'emporter sur la naissance (l.34). [...]
[...] Sur ce point au moins, la revendication du Tiers est acquise. Bibliographie Sur la nature des cahiers de doléances Grateau P., Les cahiers de doléances, une relecture culturelle, Presses Universitaires de Rennes Sur le contexte de la France d'Ancien Régime et les Etats généraux Chaline O., La France au XVIIIe siècle 1715-1787, Belin, Paris Furet F., Richet D., La Révolution Française, Fayard, Paris Mathiez A., La Révolution française, Denoël, Paris Lexiques Beguin K., Dictionnaire de la France moderne, Hachette, Paris Bély L. (dir.), Dictionnaire de l'Ancien Régime, Paris, PUF, 1996. [...]
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