François Pierre Guillaume Guizot (1787-1874) rallie, semble-t-il sans enthousiasme, et parmi les derniers, Louis-Philippe d'Orléans (1773-1850) après la révolution de juillet 1830. Il se rallie dès qu'il est certain que la monarchie sera maintenue et sera constitutionnelle. La Monarchie de Juillet se veut un gouvernement libéral et légal, qui travaille à l'extension des libertés publiques par l'élection des maires, des officiers de la Garde Nationale, par la liberté de la presse et de l'enseignement, qui veut procéder en tout par la voie législative, sans mesure d'exception et ne tente même pas de constituer à la Chambre un parti à sa discrétion. Les événements révolutionnaires de 1830 et l'arrivée au pouvoir des libéraux entraînent des répercussions sur l'enseignement. Depuis plusieurs années déjà, l'opinion réclame une réforme profonde de l'enseignement. La Charte de 1815 est révisée et promulguée le 14 août 1830. L'article 69 de cette dernière dit « qu'il sera pourvu successivement par des lois séparées et dans le plus court délai possible aux objets qui suivent » parmi lesquels « l'instruction publique et la liberté d'enseignement ». Guizot contribue à ce projet. Personne, alors, ne mesure sur le moment toutes les conséquences de l'institutionnalisation de la liberté de l'enseignement. Cette question s'inscrit plus largement dans celle des rapports entre les Églises et l'État, organisés par le Concordat de 1801 et les articles organiques de 1802 ainsi que par des textes variables et spécifiques adoptés selon la conjoncture politique. S'ajoute l'anticléricalisme virulent marquant les débuts de la Monarchie de Juillet, en réaction contre la collusion du trône et de l'autel, si fortement voulue par la Restauration. Le 11 octobre 1832, Guizot reçoit et n'accepte que par défaut, semble-t-il, le ministère de l'Instruction publique et des Cultes, réputé ne pas conférer à son titulaire un poids politique déterminant, à la différence de l'Intérieur qu'il avait déjà occupé en 1830. Il est ministre de l'Instruction publique du 11 octobre 1832 au 10 novembre 1834, puis du 18 novembre 1834 au 22 février 1836 et pour finir du 6 septembre 1836 au 15 avril 1837, soit quatre ans et demi. Son intérêt pour l'éducation remonte bien avant 1832. Dès 1815, il adhère à la Société pour l'instruction élémentaire et il est le principal ordonnateur en tant qu'universitaire et secrétaire général à l'Intérieur, de l'ordonnance du 17 février 1815 relative à la réforme de l'Instruction publique qui restera inappliquée. En mars 1811, il fonde et dirige jusqu'en avril 1814 la revue les Annales de l'Éducation avec sa femme Pauline de Meulan (1773-1827), où il développe une véritable pensée éducative. En 1832, le ministre de l'Instruction publique doit tenir compte de l'état d'esprit de l'opinion publique. Un des premiers soins de Guizot, quand il entre en charge de l'Instruction publique, est de définir clairement les limites de son domaine : il détache les Affaires ecclésiastiques de l'Instruction publique, en arguant de sa qualité de protestant pour éviter de susciter la méfiance des catholiques (...)
[...] Il sait qu'il va devoir instaurer la liberté, mais cherche à la limiter. Il ne veut rien changer en ce qui concerne la centralisation étatique, le système dérogatoire des petits séminaires, le fondement littéraire de l'éducation, alors que l'opinion demande la création d'une instruction professionnelle. En 1834, le ministre demande aux inspecteurs généraux de profiter de leurs tournées dans les académies pour étudier l'état de l'enseignement secondaire. En 1835, il saisit le ministre des Cultes qui lui déconseille de traiter des petits séminaires dans la loi. [...]
[...] Le projet Guizot est trop critiqué pour qu'il le reprenne à son compte. L'une des raisons majeures de l'impossibilité d'aboutir sur la liberté d'enseignement est le fait que la question des jésuites empoisonne la vie politique. Interdits d'enseigner en France, ceux-ci réouvrent des institutions dans plusieurs villes, discrètement d'abord puis de plus en plus manifestement. Malgré l'irritation de la classe politique qui les accuse de diffuser les idées réactionnaires de l'Ancien Régime, le gouvernement ne prend aucune sanction de peur de créer un conflit diplomatique avec Rome. [...]
[...] Guizot et la liberté de l'enseignement sous la Monarchie de Juillet. François Pierre Guillaume Guizot (1787-1874) rallie, semble-t-il sans enthousiasme, et parmi les derniers, Louis-Philippe d'Orléans (1773-1850) après la révolution de juillet 1830. Il se rallie dès qu'il est certain que la monarchie sera maintenue et sera constitutionnelle. La Monarchie de Juillet se veut un gouvernement libéral et légal, qui travaille à l'extension des libertés publiques par l'élection des maires, des officiers de la Garde Nationale, par la liberté de la presse et de l'enseignement, qui veut procéder en tout par la voie législative, sans mesure d'exception et ne tente même pas de constituer à la Chambre un parti à sa discrétion. [...]
[...] Les partisans de la liberté de l'enseignement, c'est-à-dire les libéraux et les catholiques qui se rejoignent dans la lutte contre l'Université ne comprennent pas que l'article 69 de la Charte de 1830 qui la promet et qui vise la liberté de pensée ne soit pas mis en œuvre. La liberté d'enseignement est une liberté constitutionnelle et le gouvernement du roi a en conséquence le devoir de la réaliser. A partir de 1832 Guizot sait qu'il va devoir, puisqu'il est soutenu par les libéraux, s'attaquer à ce problème, et en conséquence préparer une refondation de l'enseignement secondaire. [...]
[...] Les ardents apôtres de la liberté d'enseignement aggravaient eux-mêmes les obstacles que lui opposait cet état des partis et des esprits. Les emportements tour à tour théocratiques et démocratiques de l'abbé de la Mennais redoublaient les méfiances et les colères civiles les plus diverses, celles des conservateurs comme celles des libéraux, celles des magistrats comme celles des avocats et des étudiants. Quiconque eût donné alors au gouvernement le conseil de renoncer absolument, en matière d'instruction publique, à la souveraineté de l'Etat, au régime de l'Université, aux entraves et des congrégations religieuses, et d'encourir, sans précautions fortes, la libre concurrence de tant de rivaux, je ne veux dire d'ennemis, eût passé pour un Jésuite secret, ou pour un lâche déserteur, ou pour un aveugle rêveur. [...]
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