L'encyclique Immortale Dei, dont on a ici un extrait, marque la huitième année du pontificat de Léon XIII. Léon XIII est élu Pape au Conclave de 1878 à la mort de Pie IX qui lui lègue un Saint-Siège discrédité à la suite des évènements nationalitaires qui ont embrasé l'Europe. En Italie aussi bien que dans l'Allemagne du Kulturkampf ou en France, l'Eglise catholique est accusée d'être l'ennemie de la modernisation et est écartée du pouvoir politique. Léon XIII va donc s'employer à rétablir l'autorité de l'Eglise de Rome, ce qu'il parvient à faire, en privilégiant les contacts diplomatiques et en plaidant pour un ordre social chrétien.
Dans cette encyclique en particulier, sous-titrée de la constitution chrétienne des Etats, il s'agit pour le Pape de répondre au développement et à la diffusion d'un « droit nouveau » qui puise ses sources dans les théories politiques du 16e siècle et qui se matérialise au 18e puis au 19e siècle dans les Constitutions des nouveaux régimes politiques. Ainsi, nous pourrions résumer l'objet de cette encyclique par cette phrase de Léon XIII : « Nous croyons donc qu'il est d'une importance souveraine, et conforme à Notre charge Apostolique, de confronter les nouvelles théories sociales avec la doctrine chrétienne » .
Ainsi, comment Léon XIII accorde-t-il les exigences politiques et sociales du 19e siècle avec la doctrine chrétienne héritée de Saint Augustin ?
Nous suivrons au cours de cet exposé les deux grands mouvements du texte. Nous verrons ainsi dans un premier temps comment Léon XIII conçoit les rapports que doivent entretenir l'Eglise et l'Etat, puis dans un second temps, ce qu'il propose pour répondre aux maux du 19e siècle.
[...] En effet, sous l'empire de ces doctrines, les principes ont fléchi à ce point que, pour beaucoup, c'est une loi imprescriptible, en droit politique, que de pouvoir légitimement soulever des séditions. Car l'opinion prévaut que les chefs du gouvernement ne sont plus que des délégués chargés d'exécuter la volonté du peuple : d'où cette conséquence nécessaire que tout peut également changer au gré du peuple et qu'il y a toujours à craindre des troubles. Relativement à la religion, penser qu'il est indifférent qu'elle ait des formes disparates et contraires équivaut simplement à n'en vouloir ni choisir, ni suivre aucune. [...]
[...] Aussi n'est-ce pas sans une disposition particulière de la Providence de Dieu que cette autorité a été munie d'un principat civil, comme de la meilleure sauvegarde de son indépendance. Dieu a donc divisé le gouvernement du genre humain entre deux puissances: la puissance ecclésiastique et la puissance civile ; celle-là préposée aux choses divines, celle-ci aux choses humaines. Chacune d'elles en son genre est souveraine ; chacune est renfermée dans des limites parfaitement déterminées et tracées en conformité de sa nature et de son but spécial. [...]
[...] Cette constitution de la société politique n'a rien qui puisse paraître peu digne ou malséant à la dignité des princes. Loin de rien ôter aux droits de la majesté, elle les rend au contraire plus stables et plus augustes. Bien plus, si l'on y regarde de plus près, on reconnaîtra à cette constitution une grande perfection qui fait défaut aux autres systèmes politiques ; et elle produirait certainement des fruits excellents et variés si seulement chaque pouvoir demeurait dans ses attributions et mettait tous ses soins à remplir l'office et la tâche qui lui ont été déterminés. [...]
[...] Hugonin, du droit ancien et du droit nouveau à l'occasion de l'encyclique Immortale Dei Société générale de librairie catholique - F. Laudet, Léon XIII d'après ses encycliques librairie Ch. Poussièlgue - De Tserclaes, Le Pape Léon XIII Desclée, De Brouwer et Cie IMMORTALE DEI LETTRE ENCYCLIQUE DE S.S. LE PAPE LÉON XIII [ ] beaucoup se sont plu à chercher la règle de la vie sociale en dehors des doctrines de l'Eglise catholique. Et, même désormais, le droit nouveau, comme on l'appelle, et qu'on prétend être le fruit d'un âge adulte et le produit d'une liberté progressive, commence à prévaloir et à dominer partout. [...]
[...] Il choisit ses mandataires, mais de telle sorte qu'il leur délègue moins le droit que la fonction du pouvoir pour l'exercer en son nom. La souveraineté de Dieu est passée sous silence, exactement comme si Dieu n'existait pas, ou ne s'occupait en rien de la société du genre humain ; ou bien comme si les hommes, soit en particulier, soit en société, ne devaient rien à Dieu, ou qu'on pût imaginer une puissance quelconque dont la cause, la force, l'autorité ne résidât pas tout entière en Dieu même. [...]
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