Publiées à quelques semaines d'intervalles (en l'occurrence moins d'un mois puisque ce que l'on a appelé « la première affiche rouge »' a été placardée sur les murs de Paris le 15 septembre 1870 et la « Déclaration de principes du comité central » le 8 octobre de cette même année), ces deux affiches sont à la fois d'une ressemblance indéniable, mais également profondément différentes. Il y transparaît déjà le manque de cohésion de ceux qui se sont institués représentants du peuple de Paris en 1870 et qui les conduiront au bain de sang de la Semaine Sanglante. En quoi ces deux déclarations sont-elles représentatives de la « volonté » de la Commune de Paris, et en quoi sont-elles représentatives des évolutions très rapides de la situation de la capitale française ? Ne peut-on y voir l'expression d'un peuple refusant la défaite, prônant une révolution et avec une ardeur patriotique hors du commun ou, au contraire, des contestataires niant l'existence d'un gouvernement réel, à savoir celui d'Adolf Thiers, le gouvernement de Défense National ?
[...] Il y est pourtant déclaré (affiche qu' un grand nombre de citoyen proposaient la constitution comme si ce Comité était une réaction à la formation d'une 3ième République, où le peuple de Paris est amené à jouer un rôle décisif. De même, la notion d'élection, d'éligibilité à tous les postes, qu'ils soient militaires ou civils est une notion de démocratie largement développée, puisque l'on doit élire, nommer, tous les magistrats, des responsables chargés d'inventorier les objets de consommation De même, cette idée de contrôle populaire se retrouve par les comités de défense et de vigilance institués pour surveiller les élus dans leurs agissements, ou encore, dans le deuxième document, dans l'élection de 80 conseillers pour former la véritable institution (reconnue) que serait le Comité centrale. [...]
[...] Car la commune EST l'unité politique Plus frappant encore la déclaration franche d'écrire que par la force même des choses {les communes de France deviennent}, libres, autonomes et indépendantes Il y a donc, à peine un mois après ka déclaration de la 3ième République, des volontés de s'en détacher, et de former de multiples petits gouvernements. L'idée en effet est que le peuple n'est pas réellement soudé par un gouvernement national et qu'il faille s'en remettre à des gouvernements plus proches des populations, ce qu'exprime la phrase nous n'étions qu'une foule, nous serons enfin une cité prenons ici le terme de cité comme il était employé à l'époque grecque, c'est à dire une cité autonome, s'auto régissant. [...]
[...] Ainsi, il est plusieurs fois fait allusion aux politiques autoritaires qui gouvernent la France depuis de trop nombreuses années. Paris, ainsi saigné dans ses rangs, n'est-il pas écrit non pas seulement opprimé, mais violemment supprimé serait la victime de ses gouvernements ayant pour but d'asservir les populations. Il est de fait exprimé explicitement que la police {des} gouvernements monarchiques {était là} pour asservir les citoyens et non pour les défendre Plus tard dans la première affiche, on peut lire que l'armée française est qualifiée d'héroïque, mais que la trahison de ses chefs a laissé écraser ou dissoudre Ou encore le fait que, au contraire de ce que propose le Comité central, les chefs des soldats leurs ont été imposés jusqu'à ce jour Le Comité est donc une entité politique qui, bien que non encore constituée, prône déjà la continuation de la lutte pour libérer la patrie et pour cela, il est évident qu'elle a besoin d'une armée. [...]
[...] C'est pourquoi il est demandé de distribuer à chaque citoyen des armes à longue portées ainsi que des munitions de guerre suffisantes pour repousser toute attaque éventuelle Armée de citoyen mais plus encore, armée de tous, hommes, femmes et enfants, bref de tous ceux qui peuvent, dans la mesure de leurs faibles moyens, participer à l'effort de guerre. Ce Comité est, nous pouvons le voir, dans une vraie optique de guerre, dans la mesure où il est proposé de préparer [ ] les postes de défense intérieure, les communications secrètes Ce dernier élément est bien significatif de l'état d'esprit des communards, préférant la mort à la chute de la patrie, idée une fois de plus largement développée au travers de la première affiche, et notamment dans la phrase Paris républicain étant résolu, plutôt que de se rendre, à s'ensevelir sous ses cendres : ainsi les parisiens doivent être prêts à se défendre jusqu'à la fin, ce que soulignent bien les différentes allusions à cet héroïsme, tels que au besoin, se faire tuer à leur tête Cette volonté de ne pas jamais se rendre est une constante dans la formation de la Commune, puisque même après la défaite, ils continuèrent le combat, placardant de nombreuses affiches, portant particulièrement cette phrase devenue célèbre : Lorsque la consigne est infâme, la désobéissance est un devoir Pour conclure, nous pouvons affirmer que ces deux affiches sont de bonnes illustrations de ce qu'a été, à son époque, le Comité central : à la fois républicain et anti 3ième République, populaire et pourtant réservé à une élite de faux élus, nationalisable ou au contraire quelques semaines plus tard uniquement applicable au Paris républicain etc Cette absence de délimitation claire de ce qu'est le Comité central fut, sans aucun doute, ce qui le conduit à sa ruine et à, comme nous l'avons déjà mentionné, au massacre de la quasi-totalité de la population républicaine de Paris. [...]
[...] Ainsi l'interjection initiale et commune aux deux publications citoyens démontre à elle seul la vocation républicaine du Comité. En effet, inutile de rappeler que ce terme est, d'autant plus à l'époque, l'attribut même du républicanisme. Cette idée est, en filigrane, présente tout au long des deux textes, par un recours quasi permanent aux notions de suffrage populaire, de validation des actions par le peuple lui-même, comme s'il était établi que le Comité central avait une légitimité (ce qui n'est évidemment qu'une prétention, puisque aucune élection n'a jamais été effectuée). [...]
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