Comité des Forges, capitalisme, association, patronat, Eugène Schneider, Charles de Wendel, sidérurgie, métallurgie, pouvoir politique, syndicalisme, loi Waldeck-Rousseau, CGT, SFIO, affairisme, lobbyisme, Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM)
Créé en 1864 sous la forme d'une association réunissant de grands métallurgistes, le Comité des Forges s'inscrivait alors dans une dynamique de succès pour ces derniers, qui profitaient de l'instauration du capitalisme en France pour développer leurs activités. Si le pouvoir collectif des maîtres des forges était bien organisé de longue date, la création du Comité en fut une affirmation supplémentaire. En effet, sous l'impulsion des grands patrons que sont Eugène Schneider et Charles de Wendel, naît cette organisation chargée de la défense des intérêts des industriels de la sidérurgie et de la métallurgie.
Depuis, il fut souvent attribué au Comité des Forges une influence occulte sur les pouvoirs politiques, dans le but de mener à bien sa mission de syndicat patronal, statut acquis en 1887 en réaction à la loi Waldeck-Rousseau qui avait permis aux ouvriers de s'unir dans des organisations syndicales trois ans plus tôt.
[...] Conclusion Le régime de Vichy prononce, le 9 novembre 1940, la dissolution officielle de tous les syndicats salariés et patronaux, à l'exception de l'UIMM, et saisit l'ensemble de leurs biens. Cela marque la fin de l'existence controversée, mais efficace - du Comité des Forges ans après sa création. Cette organisation patronale, modèle du genre au XX siècle, a enclenché une dynamique de structuration et d'action pour le patronat qui perdure encore de nos jours, notamment à travers le Medef, bien que la métallurgie et la sidérurgie n'aient plus leur poids d'autrefois dans l'économie française. [...]
[...] Le Comité des Forges, qui exerce au sein de l'UIMM un imperium sur la quasi-totalité des autres branches et instances corporatives, devient le maître incontesté de l'industrie française, dès lors tenue entre les mains d'une oligarchie restreinte représentée par quelques familles très influentes (Schneider, de Wendel ou Denain par exemple). Le Comité dispose ainsi d'une documentation abondante et précise et d'un réseau qui lui permet de trouver des solutions rapides à tout problème. Son influence débordante au sein du patronat français s'accroît encore en 1919, quand voit le jour la CGPF, une structure interprofessionnelle dans laquelle l'UIMM, et donc le Comité des Forges, a une influence majeure. [...]
[...] Il s'agit de l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM), constituée autour du noyau qu'est le Comité, et qui rassemble 84 syndicats et plus de 7000 firmes qui unissent leurs forces pour mieux défendre leurs intérêts. Dans les faits, c'est le Comité des Forges qui dirige l'UIMM. Nous avons donc affaire à une oligarchie restreinte qui dirige l'industrie française. L'UIMM est d'abord née en réaction à l'offensive du gouvernement socialiste et d'Alexandre Millerand, futur président de la République à l'époque ministre du Commerce et de l'Industrie, qui impose en 1900 un décret instaurant des conseils du travail censés donner plus de poids aux ouvriers dans les entreprises. [...]
[...] L'influence politique des maîtres des forges consiste également à exercer une pression sur le terrain électoral. Des commissions d'enquête ont révélé à plusieurs reprises des liens incontestables entre l'argent des patrons et les campagnes des candidats conservateurs de droite. En 1924, le Comité des Forges apporte même d'importants financements à la Ligue Républicaine Nationale, coalition des partis de droite, dans sa lutte contre le Cartel des Gauches. C'est la preuve du pragmatisme des patrons, qui n'hésitent pas à aider leur ancien ennemi Millerand, celui-ci ayant évolué politiquement vers la droite de l'échiquier politique, jusqu'à être à l'origine de la création de la LRN. [...]
[...] Le Comité des Forges ne limitait pas son influence aux affaires intérieures, et son puissant lobby est pour beaucoup dans l'occupation de la Ruhr dans les années 1920. Pour A. Ker, dans Le Comité des Forges et l'occupation de la Ruhr, apparaît que l'occupation de la Ruhr a été mise en œuvre pour le grand avantage de l'oligarchie du fer, dans le but d'asservir l'industrie westphalienne et la métallurgie française, au risque de conflits ». Les métallurgistes ont en effet fait pression sur le gouvernement pour que la Ruhr soit annexée, de sorte qu'ils soient en mesure de régler la double crise d'approvisionnements et de débouchés à laquelle ils faisaient face après la Première Guerre mondiale. [...]
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