En France aussi, l'idée coloniale prend une dimension nouvelle avec l'avènement de la Troisième République, bien que le processus de colonisation ait débuté bien avant 1870. En effet, de la Révolution française au Second Empire, la France acquiert déjà ses premières colonies : les débris de l'ancien empire colonial, c'est-à-dire Saint-Pierre et Miquelon, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane, en Amérique ; les comptoirs du Sénégal, en Afrique ; l'île de la Réunion, dans l'océan Indien ; les cinq comptoirs hindous en Asie ; les acquisitions de la Monarchie de juillet : l'Algérie en 1830, les comptoirs de la Côte d'Ivoire et du Gabon, Mayotte et Nossi-Bé - aux abords de Madagascar -, quelques îles du Pacifique, dont Tahiti. À l'exception notable de l'Algérie, il faudra attendre le Second Empire (1852-1870) pour qu'une nouvelle entreprise coloniale soit lancée.
De 1852 à 1860, le gouvernement impérial fait preuve d'un large esprit d'entreprise, sous l'impulsion d'entreprenants marchands, financiers et industriels qui commencent à investir outre-mer avec un succès dont témoigne le percement du canal de Suez en 1869 et le développement des chemins de fer dans le Levant (Syrie, Liban). L'expansion commence alors en Afrique de l'Ouest (Sénégal en 1854), surtout en Indochine (1863-1867) et s'intensifie en Algérie par l'occupation de la grande Kabylie en 1857. Néanmoins, les difficultés européennes et le fiasco de l'expédition mexicaine détourneront progressivement Napoléon III des questions coloniales.
Comment alors expliquer le véritable élan colonial qui naît avec sous la Troisième République ? Quelles en sont les modalités ? Surtout, en étudiant ces modalités, comment expliquer l'écart entre une République qui se voulait être un régime démocratique, fondé sur les droits de l'homme, ses grands principes et ses entreprises de conquêtes et de colonisation ?
[...] -la cause civilisatrice : Au nom de la mission émancipatrice, avancées en France bien par les Eglises que par les républicains, les colonies ne sont pas seulement une bonne affaire mais aussi un fardeau ou un devoir civilisateur Relayée par la presse, la littérature et l'école, l'idée s'affirme comme une composante majeure des sociétés européennes et entretient le sentiment nationaliste. Les causes morales avancées par les partisans de la colonisation permettent aussi de masquer les préoccupations économiques et politiques. Jules Ferry déclarera à ce sujet que Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures en 1885. Dans un siècle où l'évangélisation prédomine, la France trouve sa vocation missionnaire au sein de la colonisation, et cherche dès lors à convertir tout en améliorant les conditions de vie des indigènes. [...]
[...] De part et d'autre de la Manche, le nationalisme se déchaîne, mais à terme, la France y perd : il n'y aura pas d'Afrique centrale française. Conséquence directe de l'expansion sans précédent que connaît la France au niveau colonial, elle doit adopter des institutions coloniales : le Conseil supérieur des colonies en 1883, l'Ecole coloniale en 1889, le sous- secrétariat aux Colonies fondé par Gambetta en 1881, remplacé par le ministère des Colonies en 1894. Au début du XXe siècle, la France est devenue la seconde puissance coloniale mondiale, son Empire comptant sur 11 millions de près de 48 millions d'habitants. [...]
[...] En réalité, la politique coloniale des opportunistes trouva initialement des soutiens très limités parmi lesquels la Société de géographie qui développe les thèmes de l'expansion, à savoir qu'une grande nation doit coloniser parce que la colonisation est œuvre de civilisation. En 1874, Paul Leroy-Beaulieu la justifie d'autant plus qu'il affirme que la colonisation encourage le progrès matériel et les échanges tout en étendant l'aire de la civilisation industrielle, dans De la colonisation chez les peuples modernes : "Les capitalistes courent [ . ] de moindres risques dans les colonies qui sont des prolongements de la métropole". [...]
[...] La colonisation sous la IIIe République Introduction Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles. [ ] De 1815 à 1850, l'Europe était casanière et ne sortait guère de chez elle. C'était l'époque des annexions modestes et à petits coups, des conquêtes bourgeoises et parcimonieuses. Aujourd'hui ce sont des continents que l'on annexe. La politique coloniale est une manifestation internationale des lois éternelles de la concurrence.» Tels sont les mots de Jules Ferry en 1890, alors que la course aux colonies bat son plein entre les grandes puissances européennes. [...]
[...] Quant à l'Afrique équatoriale, la rivalité entre Stanley et Savorgnan de Brazza poussa ce dernier à faire trois voyages d'exploration entre 1876 et 1885 dans la région du bassin du Congo et ces expéditions ouvrirent la voie sur la rive droite du Congo où seront formées les colonies du Gabon, du Congo et de l'Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine) entre 1880 et 1883. Cependant, à la suite du Congrès de Berlin (1884/85), la question congolaise fut provisoirement réglée. b. L'Extrême-Orient : entre domination et échec L'expédition menée entre 1866 et 1868 dans le Mékong et dirigée par Doudart de Lagrée puis Francis Garnier, garde un caractère scientifique, mais l'action personnelle de ce dernier contribue largement au développement colonialiste français dans le Tonkin, qui démarre avec la possession de la Cochinchine. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture