Avant la deuxième moitié du XXe siècle, nous ne pouvons guère parler de partis politiques.
Dans un ouvrage s'intitulant Introduction à l'histoire des partis politiques publié en 1992, Paolo Pombeni retrace la naissance des partis politiques dans les grandes démocraties que l'on a choisi d'étudier. Selon Pombeni, il n'y avait pas de partis politiques au XIXe siècle et la vie s'organisait autour de factions, occasionnelles et non permanentes, à l'intérieur du parlement. Ces ancêtres des partis politiques pouvaient être considérés comme des comités de notables, mais sans aucune structure de coordination entre ces différents membres. Pombeni cite Benjamin Constant qui défini le parti politique comme une réunion d'hommes qui professe la même doctrine politique. L'extension du suffrage va nécessiter de toucher des tranches plus larges de la population. C'est pourquoi les factions vont progressivement tenter de créer des comités locaux sur l'ensemble du territoire national avec l'arrivée du suffrage universel.
On a d'un côté des comités au sein du parlement et de l'autre des comités locaux. Pour Pombeni, le parlement n'est finalement le lieu de création des partis politiques que dans les pays où ce parlement exerce une intégration des conflits sociaux directement. Il y a un lien direct entre les conflits sociaux et les factions politiques représentés au Parlement.
[...] Deuxième cas : c'est le système de la Ve République française. Ce type caractérise les pays qui ont vécu une révolution sécularisante et une culture laïque portée par l'Etat. L'Espagne, le Portugal, la Grèce ont connu de fortes répressions des mouvements ouvriers. Troisième cas : un parti démocrate-chrétien important, mais pas forcément dominant, sans parti communiste. Cas de l'Allemagne, des Pays-Bas, de la Suisse, de la Belgique, de l'Autriche, de l'Europe centrale. En Allemagne, CDU / CSU qui obtient plus de des voix de 1949 à 1990. [...]
[...] Le pouvoir politique est relativement contraignant et force à la clandestinité de certaines personnes dans leurs actions politiques. Pombeni donne l'exemple de l'organisation de Mazzini et son organisation Jeune Italie Pombeni insiste sur le fait qu'on retrouve dans cette organisation la plupart des traits que l'on retrouvera et qui caractérisera les partis modernes, c'est- à-dire un programme politique largement diffusé, une adhésion individuelle des militants, un système de financement sur la base de cotisations et de souscriptions et une organisation qui va progressivement s'organiser sur la totalité du territoire concerné par la lutte politique. [...]
[...] La minorité catholique est représentée par le parti du centre, le Centrum, alors que le parti bavarois est catholique et régionaliste. Enfin, nous avons le modèle de la France et de l'Italie. On peut relever des solutions différentes avec l'existence d'un très fort parti démocrate- chrétien. L'Italie conserve des forces centrifuges extrêmement fortes dans l'Eglise catholique. Alors qu'en France, un tel parti proprement catholique n'a jamais pu voir le jour. En effet, le MRP est un parti confessionnel, mais ne fera jamais plus que des voix à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale. [...]
[...] En reprenant les clivages traditionnels, on peut voir qu'ils sont à la fois solides et diffus. Le clivage bourgeois ouvrier demeure le clivage principal entre parti ouvrier et parti conservateur avec l'exemple de la Grande-Bretagne. Il a pour base l'industrie massive du pays, il nait en 1899 sur des bases syndicales. Aujourd'hui des ouvriers votent pour le Labour party. En France, les comportements politiques sont longtemps restés avec des clivages de classes. Ces évolutions sont liées sans doute à la baisse continue du nombre d'ouvriers dans la population active des pays occidentaux. [...]
[...] Il y aurait un décalage beaucoup trop grand entre ceux qui se mobilisent et qui appartiennent à une classe moyenne salariée (enseignants, cheminots, salariés du privé) et de l'autre côté le monde des exclus du travail (sans-papiers, mouvements de chômeurs) qui tendait aussi à y participer. Ainsi, le mot d'ordre de ce mouvement tous ensemble ! masque une pluralité d'intérêts trop divergents pour que puisse en émerger un projet cohérent de changement social. En réalité, il ne s'agissait pas d'une volonté de changement social, mais d'un mouvement défensif visant à conserver des acquis. [...]
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