Sous l'Ancien régime, la classe moyenne (que l'on assimile alors en somme à la bourgeoisie) est une composante d'un ensemble plus large : le tiers état. Si d'aucuns ont pu voir dans la Révolution française une « révolution bourgeoise », ce n'est pas l'analyse que donne de cet événement un historien comme François Furet : à ses yeux, il faut plutôt l'analyser comme une révolte commune des classes « moyennes » éclairées, qui elles-mêmes renvoient à la bourgeoisie des professions juridiques et non capitalistes contre l'absolutisme. Au début de notre période (globalement, les premières décennies du siècle), on emploie le terme de « classe moyenne » au singulier ; elle s'assimile alors à la bourgeoisie ; cette classe moyenne constitue un groupe intermédiaire entre le peuple et la noblesse (on peut y voir un reste de la société organisée selon des ordres) (...)
[...] La crise des années a cristallisé les mécontentements, rendant caduque la solution auparavant proposée aux classes moyennes par le gouvernement (à savoir l'enrichissement personnel) : le régime mécontente, et les barricades de février 1848 voient défiler des petits bourgeois, des étudiants etc. Il est à noter que le gouvernement provisoire mis en place est essentiellement composé de membres issus des classes moyennes ou de la bourgeoisie (Ledru-Rollin par exemple, qui deviendra avocat et dont le père était médecin) et affiche un désir d'unir tous les membres de la société sans distinction de classe. [...]
[...] 1900-1958 : évolution socio-professionnelle et politique des classes moyennes Evolution socio professionnelle des classes moyennes On assiste à une régression générale de la part des classes moyennes de la population : en 1906, les classes moyennes indépendantes (petits patrons de l'industrie, du commerce, de l'agriculture ; travailleurs indépendants, professions libérales ) représentent 42% de la population active, contre 37% en 1931 (mais cela équivaut malgré tout à plus du tiers de la population active et 15% en A contrario, les classes moyennes salariées (employés, cadres supérieurs du privé, fonctionnaires) se renforcent : si elles représentent de la population active en 1914, le taux grimpe à 14% au début des années 1930. La nouvelle division du travail n'est évidemment pas anodine à ces nouvelles spécifications sociales. L'économie commence à se tertiariser, et les cadres apparaissent comme le nouveau symbole des classes moyennes. [...]
[...] o Un sentiment d'appartenance, certes difficile à cerner et à quantifier, semble émerger : de façon globale, on n'est pas fier d'appartenir à la classe moyenne (ce qui n'est pas le cas pour les paysans et les ouvriers, animés par une certaine fierté) ; aussi se dégage l'impression de la préférence d'une nonrevendication de l'appartenance à une classe sociale ; tout se passe comme si celle-ci fonctionnait comme une sorte de ‘salle d'attente' pour entrer dans la haute bourgeoisie. Malgré cela, la classe moyenne se démarque, sur le plan des représentations, des analyses marxistes, duelles : la société n'est pas pensée comme un champ d'affrontement de forces, de classes, mais comme un espace présentant de réelles possibilités de promotion. [...]
[...] L'année 1909 voit la création de l'Association de défense des classes moyennes, en réaction au projet d'impôt sur le revenu. Se déploie également un intense lobbying parlementaire (s'appuyant sur des hommes influents comme Poincaré, Jules Siegfried), qui manque encore cependant de visibilité. L'organisation corporative du groupe se renforce considérablement à partir des années et tendent même à court-circuiter les partis, grâce à leurs porte-paroles et à leurs modes d'actions collectifs (Confédérations paysannes, C.G.P.M.E. qui défend le petit patronat, fédérations d'enseignants, de fonctionnaires très syndiqués La pluralité des organisations représentatives reflète l'hétérogénéité des classes moyennes Une certaine culture, appuyée sur un certain nombre de normes et de pratiques partagées, caractérise enfin les classes moyennes. [...]
[...] Les Trente glorieuses verront un enrichissement de la notion de classe moyenne, autour d'un axe commercial : la consommation de masse. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture