L'expression "classes moyennes" commence à prendre son sens usuel dès le tournant du XIXe siècle. Avec la fin des sociétés d'ordre et le développement progressif de l'économie industrielle apparaissent des groupes sociaux qui n'appartiennent ni à la bourgeoisie, ni au prolétariat. En Angleterre, on parle de middle class au singulier pour désigner cette nouvelle bourgeoisie industrielle et économique, en lutte à la fois avec l'aristocratie (nobility) et avec la haute société (gentry). En France, les «classes moyennes» au pluriel sont proches de ce que Karl Marx qualifie de petite bourgeoisie et englobent ces nouvelles couches qui sont dotées d'un minimum de capital, échappent à la vie au jour le jour du prolétaire sans pour autant se permettre l'oisiveté d'un bourgeois.
Les classes moyennes ont aussi en commun une ambition d'ascension sociale qui s'appuie largement sur les mutations de l'époque telles que la diffusion de l'instruction, le développement de la fonction publique, l'urbanisation ou encore l'industrialisation. Quels sont la nature et le rôle de ce groupe social aux frontières floues dans les sociétés anglaise et française des années 1850 à 1914 ?
[...] )alors qu'il n'existait à l'origine que trois groupes (le clergé, les médecins et les hommes de lois). Il existe de nombreuses lignes de clivage au sein des classes moyennes, particulièrement en Angleterre où il existe une forte démarcation dans le statut des métiers et où à rémunération égale, certaines professions sont regardées avec dédain alors que sa voisine est jugée honorable. Les Anglais entretiennent à cette époque un préjugé tenace contre les commerçants et l'univers de la boutique jugé bas c'est aussi le cas du business, considéré comme indigne d'un gentleman. [...]
[...] Il s'agira tout d'abord de cerner la diversité et l'hétérogénéité de ces catégories sociales, fruit des diverses mutations de l'époque. Puis nous étudierons les valeurs et les codes qui sont propres à cette formation sociale. Enfin, nous nous attacherons à montrer en quoi les classes moyennes exercent un poids d'une influence croissante sur les sociétés anglaises et françaises de la période. Alors qu'auparavant, les sociétés anglaise et française étaient régies par une hiérarchie d'ordre statique, les mutations de ces dernières permettent l'essor de nouvelles formations sociales. [...]
[...] L'emploi en français mais aussi en anglais de l'expression de classes moyennes au pluriel laisse penser que cette catégorie ne bénéficie que d'une unité précaire. En effet, elle englobe des fonctions et des statuts très divers et ne forme pas un bloc monolithique. Jaurès publie un texte dans La dépêche du Midi en 1889 dans lequel il écrit: la classe moyenne se compose de petits entrepreneurs qui vivent beaucoup moins de leur capital que de l'activité qu'ils s'y appliquent ainsi que les propriétaires cultivateurs qui font vivre correctement leur famille. [...]
[...] Ces individus ont donc une unité négative qui les placent dans une catégorie intermédiaire mais partagent des modes de vie, des valeurs, une éducation. Cette population symbolise une des figures sociales de la nouvelle société, qui arrive à maturité à la fin du siècle; celle-ci fait son apparition dans la littérature avec Zola notamment mais aussi dans le théâtre. Alors que les classes moyennes, qui peuvent apparaître comme une notion floue et hybride rassemblent des individus d'horizons différents qui trouvent leur unité par un sentiment d'appartenance à cette formation, il s'agit de comprendre en quoi elles formulent des codes sociaux et des valeurs propres à leur classe. [...]
[...] En effet, ce dernier effectue des fonctions nouvelles: il est éducateur, unificateur de la Nation par les postes, les routes, les télégraphes, mais aussi protecteur de l'économie. L'État emploie donc de plus en plus d'hommes, mais aussi de femmes, ce qui permet aux classes moyennes de s'appuyer sur la mutation de ce dernier pour émerger. De même, la scolarisation primaire permet de densifier le corps des instituteurs. Le phénomène est le même dans l'Angleterre victorienne qui connait une diversification de l'Etat et où les fonctionnaires représentent 1/3 des salariés en 1900. [...]
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