« L'histoire économique, sociale et politique de Paris, pendant la première moitié du XIXe siècle, a choisi d'ignorer, bien à tort, le problème des classes dangereuses […] comme si le crime n'était qu'un aspect secondaire et méprisable de l'évolution urbaine… » Ainsi débute le livre publié en 1958 de l'historien Louis Chevalier. Livre « étrange et inclassable » (P.A Rosenthal, J.Coulon) qui analyse les raisons de la criminalité présente à Paris au début du XIXe siècle, et essaye d'établir ainsi un lien entre classes laborieuses et classes dangereuses.
Nées de la Révolution industrielle, les nouvelles classes formées d'ouvriers d'origine rurale s'incrustent dans le paysage urbain, et les classes populaires forment bientôt 75 à 80 % de l'ensemble de la population citadine. Mises au ban de la société, ces classes laborieuses connaissent des conditions de vie inhumaines, des salaires extrêmement bas et des journées de travail sans fin. De plus, le premier XIXe siècle se situe dans une phase de dépression qui ne fait qu'aggraver les conditions de vie des classes laborieuses. Des classes laborieuses, qui, comme le souligne R. Rémond, « sont aussi, au regard des notables, des classes dangereuses ».
Quelle est donc la perception qu'a la société des classes laborieuses dans la France du début du XIXe siècle ? Classes dangereuses, affirment les notables, barbares, responsables de tous les maux, non éduquées, elles représentent un risque pour l'ordre social. Faut-il pour autant confondre classes laborieuses et classes dangereuses ? Les classes laborieuses ne sont-elles pas plutôt porteuses de l'avenir de la nation grâce à leurs nombreuses revendications sociales et politiques et leur rôle déterminant dans la démocratisation française ?
[...] Ils attendent la goutte de trop Prenez garde que le moment terrible n'arrive Les masses laborieuses ne sont donc plus si ignorantes des mouvements politiques et il ne faut pas dénigrer ce changement. Si ces classes laborieuses ont évolué dans leurs actions, il faut aussi qu'elles sortent de la misère. Les romantiques se font les porte- paroles de ces classes opprimées. On retrouve l'idée du peuple christ qui rachète la Nation par ses souffrances et lui ouvre l'avenir. C'est un peuple porteur d'espoir que soutiennent les romantiques. [...]
[...] De plus, si le soulèvement de juillet 1830 a été initié par la bourgeoisie, c'est bien le peuple qui a renversé le régime. La montée des révoltes, accentuée par la révolution des Trois-Glorieuses en juillet 1830, qui a mis en place le mouvement ouvrier entre 1830 et 1836, entraîne le gouvernement à vouloir établir des mesures contractuelles afin de limiter les soulèvements. Les représentants de la nation comprendront que nos besoins sont aussi journaliers que nos travaux. Ainsi s'expriment les ouvriers imprimeurs en août 1830. [...]
[...] En effet, comme le constate le libéral Thiers, 32 millions d'hommes sont gouvernés par le vote de 240000. Il y a 240000 hommes qui votent et 32 millions qui obéissent C'est au sein du peuple que se développent les aspirations démocratiques, que l'on dénonce les injustices, comme la loi introduite en 1820 par Louis XVIII, loi du double vote qui permet aux électeurs les plus riches de voter deux fois aux élections législatives, et que l'on réclame plus particulièrement l'élargissement du droit de suffrage. [...]
[...] Même s'il reste à éduquer, le peuple doit se regrouper et s'organiser pour prendre conscience de sa force. Ainsi, les classes laborieuses s'organisent, elles forment peu à peu une classe unique, porteuse des revendications sociales et politiques importantes pour la nation et sa démocratisation. La France, tout ensemble Etat, nation et patrie, s'est, comme n'importe quel autre pays, formée au travers et sur la base de divers conflits indique J.Julliard1. De ce point de vue, les mouvements des classes laborieuses ont donc participé à la construction de la France. [...]
[...] Faut-il pour autant confondre classes laborieuses et classes dangereuses ? Les classes laborieuses ne sont-elles pas plutôt porteuses de l'avenir de la nation grâce à leurs nombreuses revendications sociales et politiques et leur rôle déterminant dans la démocratisation française ? Dans la première moitié du XIXe, une barrière sociale se met en place entre les classes issues de la Révolution industrielle. Les classes laborieuses sont considérées comme des classes de barbares aux mœurs sauvages qui ne peuvent vivre qu'au banc des villes, pour le bien de la société. [...]
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