La révolution européenne de 1848 semble marquer un nouveau point de départ dans la circulation des idées en Europe. Cette révolution s'est en effet distinguée autant par son aspect « synchronisé » que par les similitudes des aspirations populaires des pays européens. Plus largement, les revendications « quarante-huitardes » ont souvent des objets et des fondements identiques dans les pays touchés par la révolution : l'influence romantique est ainsi largement répandue. On la retrouve dans le panslavisme qui touche l'Empire d'Autriche ; en Allemagne et en Italie également, puisqu'il a là aussi permis la naissance d'une conscience nationale. Les objets sont très largement libéraux : agitations libérales en Autriche, exigence d'un gouvernement séparé par les Magyars, désir d'autonomie de la Bohême, volonté d'une assemblée constituante élue au suffrage universel en Allemagne, intention italienne de se libérer de l'influence autrichienne, ambition d'émancipation des Irlandais vis-à-vis de la couronne d'Angleterre. C'est donc bien une circulation des idées à l'échelle européenne qui est annoncée par la révolution de 1848.
[...] Lamard (ed.) La technologie au risque de l'histoire, Paris, Berg UTBM Cotte Michel, La diffusion de l'information durant la première industrialisation in De l'espionnage industriel à la veille technologique, Descartes & Cie, Paris, à paraître. Sur la place de l'Eglise dans la circulation des idées BOUDON Jacques-Olivier, CARON Jean-Claude, YON Jean-Claude, Religion et culture en Europe au XIXe siècle, Paris, Armand Colin REMOND René, Religion et société en Europe, Paris, Point Seuil Sur les migrations de populations en Europe Claudie Weill, Etudiants russes en Allemagne, 1900-1914 : Quand la Russie frappait aux portes de l'Europe, Editions l'Harmattan, Collection "Chemins de la Mémoire" Jean-Pierre Bardet et Jacques Dupâquier (dir.), Histoire des Populations de l'Europe Tome II : La révolution démographique 1750-1914, Editions Fayard Articles - Les grands dossiers de L'Illustration, Les Expositions universelles: Histoire d'un siècle 1854-1944, Sefag-L'Illustration, Paris - BLANQUI Adolphe, Histoire de l'Exposition des produits de l'industrie française en 1827, Paris - BOGARDUS J., Cast iron buildings: their construction and advantages, New York - KOPP Robert, La Religion des tables tournantes l'Histoire n°261, janvier 2002. [...]
[...] D'ailleurs, leur structure ne tarde pas à être imitée par les fédérations syndicales : le Trade Union Congress qui a lieu en Grande Bretagne en 1868 ou encore la fédération des syndicats libres sous l'autorité de Karl Liegen en 1892 illustrent cette idée. On le voit, ces structures réticulaires internationales apparaissent comme un moyen de pallier le clivage est-ouest (pays industrialisés / pays non industrialisés et autoritaires) que l'on a noté dans la première sous partie, en ce sens qu'elles donneraient aux populations des moyens d'exprimer leurs idées, quand bien même elles en seraient privées par des régimes autoritaires. Plus largement, on entrevoit une volonté quasi-humaniste d'homogénéiser de la circulation des idées en Europe. [...]
[...] On pourrait dire que la circulation des idées la plus aboutie se rencontre au moment où une idée dépasse les frontières de l'Etat où elle est apparue. Ce concept a été développé par Bertrando Spaventa en 1860. On peut décomposer cette circulation des idées en deux phases : d'une part leur diffusion, d'autre part leur réception, c'est-à-dire leurs impacts sur les sociétés. Par conséquent, il y a aussi un enjeu proprement national de la circulation des idées, c'est-à-dire un enjeu de diffusion de pensées d'un milieu social à un autre (Gambetta par exemple se définit lui-même comme commis voyageur de la république et se fixe pour objectif de rallier les campagnes françaises à la République). [...]
[...] Spaventa formule de façon précise le concept de circulation des idées pour montrer l'unité du développement des philosophies européennes. Pourtant, la diffusion des idées en Europe est toujours marquée par un clivage est-ouest. Dès lors, la diffusion des idées en Europe n'est réelle au niveau national comme international que dans l'Europe occidentale. Les expositions universelles en sont un exemple probant. Pareillement aux Internationales socialistes, les expositions universelles permettent de propager simultanément et dans toute l'Europe industrialisée des innovations scientifiques et industrielles variées, et ce à partir d'un même point géographique. [...]
[...] Mais au-delà de ce rôle de diffusion internationale des innovations, les expositions universelles prennent surtout l'allure de concours internationaux entre pays industrialisés. Ce sont les enjeux de prestige international qui stimulent leur organisation, comme l'atteste la course au gigantisme dans laquelle se lance la France et l'Angleterre (cf. le Crystal Palace de Paxton, le Palais de l'Industrie de Barrault et Viel ou encore de la Tour Eiffel). Dès lors, si la diffusion des idées s'accélère et s'intensifie dans la deuxième moitié du XIXe siècle, cela n'est le cas qu'en Europe occidentale. [...]
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