Seconde Guerre mondiale, cinéma, après guerre, camp de concentration, Le jour le plus long, Il faut sauver le soldat Ryan, Meliès, Ken Annakin, Steven Spielberg, Quentin Tarantino, Hitler, Alliés, débarquement
Dès sa création, le cinéma a été synonyme d'imagination. Bien loin de la réalité de l'époque, Georges Méliès se propose en 1902 de relater les aventures d'un groupe de savants envoyés sur la Lune, s'assurant ainsi une notoriété en France, mais également outre-Atlantique. Près d'un siècle plus tard, le classement mondial au box-office confirme la popularité de la fiction au cinéma : « Avatar », « Star Wars » ou encore « Le Seigneur des Anneaux » constituent aujourd'hui des films inégalés tant dans leur popularité que dans leur influence artistique.
Ce lien étroit entre cinéma et imaginaire peut être vérifié dans plusieurs contextes, notamment quand le cinéma se propose de traiter de faits réels ou passés. La Seconde Guerre mondiale tient ici valeur d'exemple. Sa violence, son déchaînement et peut-être même son absurdité ont pu inspirer des films qui, malgré les années, restent des œuvres d'exception que le temps n'a pas su recouvrir d'oubli. La vision d'un tel sujet a su s'adapter aux enjeux et nouvelles formes de violence : la guerre, conflit entre États reposant sur une volonté de domination, est devenue avec le temps synonyme d'anéantissement. Une évolution sémantique de cette importance prend ses origines dans la guerre de 1939-1945 opposant les forces Alliées aux pays de l'Axe.
[...] Une fois de plus, la Seconde Guerre mondiale apparaît pertinente à analyser. Les documentaires poursuivent un axe clair : celui de rétablir la vérité sur un conflit aussi sanglant en analysant ses causes et ses conséquences funestes. A l'inverse, le cinéma d'après-guerre a tenu jusqu'à ce jour une position ambivalente. D'une part, les œuvres cinématographiques ont su s'approcher au plus près du conflit en portant le réalisme à son plus haut degré amenant parfois à mobiliser des ressources financières sans précédent. [...]
[...] Jean Paul Le Chanois est l'un d'entre eux. Membre du Parti communiste, assistant de Jean Renoir, celui-ci réalise en 1948 un film : « Au Cœur de l'Orage ». Assisté par Félix Forestier, Le Chanois reconstitue le Paris d'avant-guerre et la vie des groupes de résistants. Selon Sylvie Lindeperg, Le Chanois souhaitait influencer l'imaginaire naissant du peuple de France sur la Résistance en réutilisant des plans et des mises en scène propres au cinéma soviétique 14. Une telle stratégie avait pour vocation à faire reconnaître les idées et l'action résistante du parti, comme les films soviétiques avaient servi à imposer l'autorité et la légitimité de l'URSS. [...]
[...] Une telle manière de faire pourrait s'opposer au néoréalisme. En réalité, celle-ci ne fait que le compléter en instaurant une distance que ne permettent pas nécessairement des films réalistes où la violence est souvent de mise. L'uchronie et le néoréalisme s'inscrivent dans la lignée des films de la fin des Trente Glorieuses qui se proposaient d'analyser le conflit sous un angle autre que par le prisme du héros et du résistant. Toutefois, une telle 16Renouvier, Charles (1876) « Uchronie. L'utopie dans l'Histoire : esquisse historique apocryphe du développement de la civilisation européenne tel qu'il n'a pas été, tel qu'il aurait pu être », La critique philosophique, Paris. [...]
[...] Ce profond changement de nature peut apparaître comme une seconde naissance de l'imaginaire du conflit. I. Le cinéma au service de projets politiques dans un monde en reconstruction Le film « Paris brûle-t-il ? » (1966) de René Clément relate la libération de Paris par les forces de résistance et l'action des forces alliées. L'intérêt particulier peut être porté à ce film dans la mesure où celui-ci illustre la véritable tension qui émerge entre les gaullistes et les groupes de résistance communistes. [...]
[...] Le collaborateur, lui, est vu comme égoïste, rien ne peut justifier son acte. Pendant les trente glorieuses, les résistants sont exaltés et majoritaires, ils renvoient à l'ensemble des Français, contrairement aux collaborateurs, vus comme des individus monstrueux, isolés et malfaisants. Ainsi, les représentations filmiques du conflit renvoient à un imaginaire qui trouve son sens premier : un corpus de réflexions sur des éléments qui n'ont pas eu lieu. Loin de représenter le véritable déroulement de la guerre, les films d'après-guerre soutenus par le pouvoir gaulliste ont su construire un imaginaire intégrant le mythe résistancialiste. [...]
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