Le chemin de fer est une invention anglaise : la première « grande ligne » - de Liverpool à Manchester est ouverte en 1830. Cependant les constructions massives ne sont réalisées que dans les années 1850 et 1860 : en 20 ans 80 000 km de voies sont posées à travers l'Europe. Ce mouvement se poursuit jusqu'en 1914. Cependant les investissements dans l'infrastructure ferroviaire étant très onéreux ils nécessitent des fonds importants qui ont été fournis par les marchés financiers d'une structure spécifique à chaque pays. En Europe centrale se développent les banques « universelles » qui détiennent d'importantes participations dans des sociétés industrielles surtout pour financer la construction de chemins de fer.
Au lendemain de la défaite de Sadowa de 1866, l'Autriche-Hongrie rencontre d'importants problèmes intérieurs. Parmi eux, nous pouvons retenir celui des nationalités qui gagne une intensité nouvelle dans cette période. En effet, l'Autriche-Hongrie est à l'époque un empire multinational dominé par une minorité germanique mais déstabilisé par les revendications de droits par les autres groupes nationaux. En outre, l'Autriche-Hongrie a du mal à s'affirmer comme une grande puissance européenne qui puisse peser sur la scène internationale. Vaincue à plusieurs reprises, l'Autriche-Hongrie se révèle incapable de rivaliser contre l'Allemagne nouvelle qui se construit autour de la Prusse. A ceci s'ajoute une infériorité flagrante sur le plan économique et militaire en comparaison avec les puissances continentales. La seconde révolution industrielle domine l'Europe depuis 1842 avec la généralisation des chemins de fer et de l'acier. La France et surtout l'Allemagne s'affirment comme des puissances économiques de premier rang. Pourtant ces dynamiques économiques prennent beaucoup de retard pour rasseoir la puissance austro-hongroise et faire rentrer le pays dans la modernité.
A la tête de l'Autriche-Hongrie, l'empereur François-Joseph entreprend des réformes importantes pour moderniser son pays et rattraper son retard par rapport aux autres grandes puissances européennes. Pour atténuer les revendications nationales, François-Joseph opte pour la solution d'un dualisme et accorde quelques concessions aux minorités de l'empire. Cependant la question nationale et les inspirations à l'indépendance de certaines minorités vont peser sur le pays jusqu'à la première guerre mondiale. Par ailleurs une certaine libéralisation politique est mise en place autour d'un système constitutionnel avec des pouvoirs partagés. Les réformes de François-Joseph favorisent réellement l'essor économique d'autant plus que l'intense activité économique dans cette période explique l'appellation de l'« époque des fondateurs » (Gründerzeit).
Cet essor économique basé sur le développement des chemins de fer et des marchés financiers réussira-t-il à amener un pays divisé par les conflits des nationalités et l'antagonisme politique germano-hongrois à une intégration économique et sociale ? Tout ce qui précède nous amène à nous poser la question suivante : Dans quelle mesure le développement des chemins de fer et des marchés financiers en Autriche-Hongrie entre 1867 et 1914 est source d'intégration et d'essor économique dans le pays ?
Pour mieux cerner ce sujet et comprendre les enjeux de la question il conviendrait alors de commencer par mettre en évidence le développement parallèle des chemins de fer et des marchés financiers en Autriche-Hongrie. Nous nous intéresserons par la suite à l'intégration économique comme conséquence du développement des chemins de fer et des marchés financiers. Enfin nous relativiserons cette relation de causalité en avançant les limites de cette intégration économique inachevée.
[...] Pendant cette période on se préoccupe surtout de relier au réseau autrichien les provinces développées de la Hongrie. Des chemins de fer sont également construits dans les provinces orientales de la double monarchie. En 1873 l'essentiel du réseau ferré austro-hongrois est déjà mis en exploitation et Vienne en constitue la plaque tournante. Le savoir-faire austro-hongrois dans le domaine technologique se développe fortement. On peut citer à titre d'exemple la ligne du Semmering qui relie la Galicie à la Bukovine et atteint à certains endroits une altitude de 900 m en utilisant une série de viaducs et de tunnels. [...]
[...] Autrement dit, l'Autriche est restée industrielle et la Hongrie est demeurée un pays agricole. Enfin, les écarts entre richesse et pauvreté se creusent et une inégalité sociale persiste sur le territoire de l'Autriche-Hongrie dans son intégralité. Une rupture se crée entre les régions les plus performantes qui deviennent les centres moteurs de l'économie au détriment des régions en retard. B. Une économie dépendante des capitaux étrangers La principale faiblesse de l'économie austro-hongroise se trouvait principalement dans sa forte dépendance du capital étranger. [...]
[...] Le développement des chemins de fer et des marchés financiers au service de l'économie austro-hongroise A travers l'intégration du marché austro-hongrois, la période 1967 et 1914 a réellement constitué un moment d'essor économique dans la double monarchie. Le secteur agricole ainsi qu'industriel connaît un véritable développement. L'agriculture, secteur prépondérant de l'économie hongroise, connaît une croissance soutenue pendant la période, liée à l'essor agricole et à celui du secteur agroalimentaire. Les grands propriétaires fonciers en Hongrie ayant réagi favorablement à la construction des chemins de fer ont vu leur marché s'élargir progressivement avec la construction de nouvelles lignes. [...]
[...] A la veille de la Première Guerre mondiale, l'Autriche-Hongrie est une des grandes puissances industrielles mondiales et représente de la production industrielle européenne. III. Une intégration économique inachevée A. Un pays inégalement développé Selon la théorie de l'analyste américain O'Brien, le développement des chemins de fer n'est pas le seul facteur qui aurait mené à un essor économique dans les pays européens au 19e siècle, celui-ci étant multifactoriel et dépendant de mécanismes très complexes. Une des critiques qui peut être faite au développement économique de l'empire Austro-hongrois entre 1967 et 1914 est liée à l'existence et le maintien d'inégalités de développement entre les régions. [...]
[...] Pour mieux cerner ce sujet et comprendre les enjeux de la question, il conviendrait alors de commencer par mettre en évidence le développement parallèle des chemins de fer et des marchés financiers en Autriche-Hongrie. Nous nous intéresserons par la suite à l'intégration économique comme conséquence du développement des chemins de fer et des marchés financiers. Enfin, nous relativiserons cette relation de causalité en avançant les limites de cette intégration économique inachevée. I. Un développement corrélé des chemins de fer et des marchés financiers A. L'essor des chemins de fer La construction des réseaux ferrés austro-hongrois débute dans les années 1830. [...]
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