. L'auteur, Christophe CHARLE, est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris I - Panthéon-Sorbonne et à l'Institut d'études politiques de Paris. Il a notamment travaillé sur l'histoire sociale de la France au XIXème siècle, et en particulier sur les élites (hauts fonctionnaires, universitaires, intellectuels). Il défend une approche comparative de l'histoire : après les études comparées des universitaires et surtout des intellectuels européens (Les Intellectuels en Europe au XIXème siècle, essai d'histoire comparée, Le Seuil, 1996), il entreprend ici l'analyse comparée de 3 sociétés, Allemagne, France et Grande-Bretagne, dans l'entre-deux-guerres.
· L'ouvrage, La Crise des Sociétés Impériales, a été publié par les éditions du Seuil dans la collection "L'Univers Historique" en mars 2001. Il se compose d'une introduction, de trois parties, d'un 'épilogue' et d'une conclusion, ainsi que d'un avertissement préliminaire qui pose les orientations méthodologiques de l'ouvrage, et d'une 'ouverture' qui revient de manière critique sur les ambitions initiales de l'auteur, et propose de nouvelles pistes de recherche.
Le travail de synthèse est ici restreint à la troisième partie de l'ouvrage, qui s'intéresse à l'évolution des sociétés allemandes, françaises et britanniques dans l'entre-deux-guerres, ou plus exactement de la fin de la première guerre mondiale au recours aux extrêmes dans les années trente. En effet, si les sous-parties concernant la France et la Grande-Bretagne vont jusqu'en 1939 environ, la sous-partie traitant du cas de l'Allemagne s'arrête en 1933, tournant précoce vers les solutions extrêmes. L'objectif comparatif exige de confronter les évolutions de chacune de ces trois sociétés autour d'une problématique cohérente, aussi paraît-il plus judicieux de garder ce découpage proposé par l'auteur plutôt que d'adopter un découpage strictement chronologique qui aurait inclus la sous-partie traitant de l'Allemagne de 1933 à 1939 contenue dans l''épilogue'.
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Dans son 'avertissement', l'auteur délivre les trois ambitions de son ouvrage : celui-ci est d'abord un essai d'histoire sociale, qui prétend aussi présenter les approches d'historiens étrangers, et qui enfin correspond à une démarche comparative. Ces trois aspects sont commentés par l'auteur, il faut également rendre compte de manière critique de la réussite de son entreprise telle qu'on peut la constater dans la troisième partie de l'ouvrage.
· Un essai d'histoire sociale :
Christophe Charle entend échapper à la "tyrannie du politique" sur l'histoire, se situant donc dans la lignée de l'école des Annales. Il propose ainsi de ne pas s'appuyer sur les travaux des seuls historiens mais aussi sur ceux des sociologues. Dans la troisième partie de l'ouvrage, on peut ainsi relever les références aux travaux de Paul Lazarsfeld (sociologue américain de l'école de Columbia qui réalise une étude désormais classique sur les effets psychologiques et sociaux du chômage à Marienthal (...)
[...] - Mobilités et frustrations sociales : Stanley HOFFMANN parle d'une société bloquée (1963) par rapport aux autres pays, Jean-Luc PINOL affirme que l'on passe d'une république triomphante qui assure la promotion des nouvelles couches à une république déclinante qui l'empêche (1991). Mais Françoise CRIBIER relève une mobilité ascendante dans les années 20 en région parisienne (1993). En réalité, on constate des écarts importants entre les régions. La mobilité grandissante signifie meilleur niveau de vie, mais aussi malaise montant (déracinement, transport, précarité ) et frustration relative (1934, 1936) des classes moyennes et ouvrière, ainsi que des intellectuels (notion de chômeur intellectuel). [...]
[...] C'est la crise générale du civisme, l'angoisse domine, ce qui facilite un recours au sauveur. L'Empire recomposé La société britannique dans l'entre-deux-guerres : L'exception britannique ? Chaque crise sociale et politique est gérée en douceur en Grande-Bretagne (à la différence de la France et de l'Allemagne), malgré trois erreurs de la classe dirigeante : difficultés des industries d'exportation aggravées par l'effort de retour à l'ordre monétaire d'avant-guerre, Page 10 sur 14 grande insensibilité sociale pendant la crise, passivité extérieure face à Hitler (illusion créée par la grandeur impériale à son apogée). [...]
[...] Conclusion : Page 7 sur 14 L'historiographie de Weimar insiste généralement sur les facteurs culturels (procès des intellectuels, dénonciation de la complaisance des moyens d'information) ; il s'agit là d'une comparaison implicite avec la culture libérale anglo-saxonne et le rôle des intellectuels en France. Cependant la culture libérale anglaise est en crise, le sursaut intellectuel français de 1934 est aussi dû à l'expérience malheureuse des intellectuels allemands, et l'orientation à droite du cinéma, de la radio et de la presse populaire est en fait un phénomène général dans l'Occident capitaliste. [...]
[...] - La difficile émergence d'un Etat pour tous : On assiste à des grèves violentes, des mutineries des troupes, mais les dirigeants ont su anticiper sur les demandes sociales (suffrage universel masculin en 1918 ainsi que pour certaines femmes de plus de 30 ans : changement de composition de l'électorat favorable au Labour et surtout sans doute au Tory party, cf. mère de R. Hoggart ; loi sur l'assurance-chômage en 1920). Le financement du chômage est en débat permanent pendant tout l'entre-deux-guerres. L'Etat intervient plus qu'avant 1914 malgré la force des courants hostiles. Un nouvel équilibre fiscal est atteint, favorable aux ouvriers (qui constituent le nouvel enjeu au centre du débat politique). - Un groupe menaçant : Le monde ouvrier est plein de contradictions. [...]
[...] Page 9 sur 14 Réactions sociales face à la crise des années trente : La société impériale est célébrée en 1930-31 avec l'Exposition coloniale, et les réactions sociales à la crise sont plus limitées qu'en Allemagne et GB, notamment grâce au processus de réforme sociale initié avec le Front populaire. L'interprétation standard consiste à affirmer l'échec du fascisme français (archaïsme social, culture républicaine enracinée, contradictions de l'extrémisme de droite entre traditions nationalistes et imitations factices de l'étranger). L'interprétation de R. [...]
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