La renaissance d'un mouvement ouvrier sur des bases modernes (parti, syndicat) contribue à répandre l'usage courant et militant de « La classe ouvrière » : il accrédite l'idée d'une identité générale des ouvriers au-delà de leurs divisions apparentes anciennes ou plus récentes.
Or, si les facteurs d'identité des ouvriers comme classe restent en partie ceux des deux premiers tiers du XIXe siècle (le travail manuel, le mode de vie, la précarité du quotidien, la clôture sociale et spatiale), les transformations économiques de la fin du XIXe et du début du XXe en introduisent d'autres, concurrents des premiers (...)
[...] Le rapport de force entre ouvriers et patronat, la part des femmes et des étrangers, l'abondance ou non de la main d'œuvre selon les branches module aussi la durée finale du travail. Le caractère naturel des différences de salaire L'éclatement des taux de salaire reflète également cette diversité, due à des différences de région, de métier, de sexe, d'âge. Ex : A Fougères en 1884 un homme gagne 4,10 F pour 12h et une femme à peine la moitié. Il n'est pas sûr cependant que l'écart Paris/province ou grande/petite ville compense la cherté de la vie des grands centres et les besoins croissants de la vie citadine (transport, distraction, habillement). [...]
[...] Le syndicalisme révolutionnaire Cette stratégie se veut plus purement ouvrière : elle refuse à la fois la médiation politique, le réformisme et les insurrections urbaines sanglantes à la faveur de la grève générale qui conduit à la révolution pure, où les ouvriers paralysent l'économie et prennent la place du patronat sans médiation externe. Pour définir ce mélange d'archaïsme (mythe révolutionnaire du XIXe) et de nouveauté (dépendance par rapport à la mécanisation et à la spécialisation), Jacques Julliard parle de l'idéologie d'une classe ouvrière de transition en un double sens temporel et social. Bases dans la région parisienne. [...]
[...] Dans l'ensemble cependant, les forces de l'ordre ne sont pas uniquement au service de la nouvelle féodalité patronale, les pressions possibles de l'Etat pouvant même être un facteur de succès pour les syndicalistes. Les préfets/sous-préfets ne sont plus les bras armés des compagnies comme sous la monarchie censitaire et le Second Empire où la grève était hors la loi. = fin de l'attentisme de l'Etat libéral. Globalement, le bilan de ces grèves est positif, surtout là où un esprit corporatif fort peut s'implanter (les mines, le livre, le verre). [...]
[...] La violence du discours politique, notamment sur le péril vénérien, traduit plutôt la colère devant une figure sociale impensable dans les catégories mentales dominantes progrès totalitaire d'enfermement). Malgré tout la prostituée est la seule femme, avec l'actrice, dont le corps n'est pas source de faiblesse par rapport à l'homme, mais un capital productif au rendement supérieur à celui du prolétaire mâle. Les enfermés Le discours sur les autres exclus sociaux (prisonniers, condamnés, vagabonds, récidivistes, aliénés) est analogue à celui sur les prostituées : même fonction de dissuader les éléments récupérables de s'installer dans cette contre-société, d'éliminer les irrécupérables par le biais de l'inculcation de la morale du travail par l'école universelle et l'armée de circonscription. [...]
[...] A l'inverse, la plupart des hommes sont mariés (leur femme est embauchée aussi ou spécialités appréciées de chauffeur, maître d'hôtel, cuisinier En outre, les arrangements de mariages entre domestiques au sein d'une maisonnée sur le mode de l'Ancien Régime sont légions et garantissent l'attachement au fil des générations. Ex : chez les Murat ou d'Harcourt férule sans pitié des petits-bourgeois, durs et mesquins ( régime du changement rapide de maison). A Paris, les bonnes constituent une ville invisible de habitants et la densité des serviteurs traduit la richesse. [...]
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