Assimilé dans le langage courant aux régimes dictatoriaux ou despotiques, le totalitarisme est aujourd'hui illégitimement employé dans trop de contextes différents pour dégager de la pensée populaire une définition précise. Paradoxal car connu de tous et très peu explicité même dans les encyclopédies de référence, ce terme a été inventé en tant que tel par Mussolini. Face à une Italie fragile et divisée, le terme rappelle l'idée de la supériorité absolue de l'ensemble ou de l'extension de son pouvoir qui doit être capable d'englober toutes les sphères d'actions de l'individu.
De fait, de manière simplifiée, le totalitarisme est communément décrit comme un système politique à parti unique n'admettant aucune opposition organisée et au sein duquel l'Etat tend à dominer toutes les activités de la société. Plus sûrement, son étymologie le décrit comme un « système tendant à la totalité, à l'unité ».
Essentiellement, le totalitarisme décrit des faits historiques sans précédent dans l'histoire, d'où la nécessité de les nommer et de les théoriser. Ainsi les régimes considérés comme réellement totalitaires sont des cas uniques dans l'histoire contemporaine. Comme l'a théorisé Arendt il s'agit alors uniquement de la Russie stalinienne et du IIIe Reich à l'apogée du régime nazi pendant la guerre.
Par conséquent, la question qui se pose est de savoir si l'on peut réellement dégager l'étude du totalitarisme en tant que concept de celle de ces deux états totalitaires. Existe-t-il un phénomène totalitaire qui précède la mise en place d'un Etat et d'un droit spécifique, ou l'Etat est-il le support nécessaire au développement du totalitarisme ?
[...] C'est d'elle qu'il surgit. Il la renverse en même temps qu'il s'empare de certains de ses traits et leur apporte un prolongement fantastique A la base de la déconstruction de la démocratie, une volonté révolutionnaire A la base de l'envahissement progressif des institutions démocratiques se trouve une idéologie révolutionnaire, c'est-à-dire on l'a vu, une volonté d'aller contre l'Etat coutumier. Le meilleur exemple en est la révolution léniniste de 1917. Guidée par la doctrine marxiste et son désir de Grand Soir, révolution ultime devant déchoir le régime en place pour accéder au règne du communisme. [...]
[...] La Grande Guerre dévoile en outre, la capacité de l'Etat moderne à la planification et au dirigisme économique. Ainsi, l'URSS et le nazisme tirent profit de l'expérience de la Première Guerre mondiale pour mener à bien leur projet politique qui se veut aller contre celui de la démocratie libérale, par le refus de la propriété privée et de l'économie de marché qui passe par la nationalisation directe ou indirecte de tous les secteurs de la vie sociale. Cependant, pour ce qui est de l'expérience du totalitarisme nazi, elle se comprend par la mise en exergue d'autres facteurs. [...]
[...] - Lorsque ces 5 éléments sont réunis, la totalitarisation du régime est achevée. Attention, cependant, ces 5 éléments ne sont pas nécessairement réunis, un parti monopolistique n'amène pas forcément une terreur identique à la terreur soviétique. Le XXe siècle a connu des régimes autoritaires sans parti unique, et des régimes de parti unique qui ne sont pas totalitaires. En vérité, il faudrait dire que comme Aron que tout régime de parti unique dans les sociétés industrielles comporte un risque de l'épanouissement totalitaire Dans les sociétés industrielles, les gouvernants sont représentatifs des gouvernés et doivent justifier leur autorité. [...]
[...] En effet, l'Etat totalitaire ne peut se confondre avec une tyrannie, ou un Etat arbitraire tel qu'il était envisagé jusqu'alors tyrannie qui pour Arendt est le régime de l'usurpateur qui n'admet pas de loi autre que celle de la force) puisqu'il se réfère à une loi qui est la loi de l'Histoire dans le cas du communisme et la loi de la Vie dans le totalitarisme de type nazi. Ce sont ces lois de l'Histoire et de la Vie qui font que le totalitarisme a une connaissance de ses fins et de son devoir-être. [...]
[...] Il n'existe donc plus de frontière entre ce qui est politique et ce qui ne l'est pas. On pourrait donc soit considérer que tout est politique, soit que le politique lui-même disparaît car il ne peut y avoir de politique que lorsqu'il existe une distinction entre la vie citoyenne et la vie sociale, ce qui n'est plus le cas. Trois caractéristiques essentielles peuvent donc être retenues : la prétention à tout expliquer, l'indifférence à l'égard de l'expérience et la volonté de tout ramener à un seul principe causal. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture