Il faut chercher sur l'ensemble de la période les raisons de ces mécontentements, qui, bien qu'ayant été résolus en façade par les autorités, n'ont pas été réglés dans le fond. Mais plus que la crise des instances gouvernementales, les événements révolutionnaires puisent aussi leur source dans l'évolution des mœurs et de la pensée caractéristiques du siècle des Lumières. Enfin, bien que les cahiers de doléances aient témoigné d'un mécontentement unanime, il ne faut pas exagérer le phénomène car la majorité des français, baignant dans un cadre rural aux institutions séculaires restent encore favorables à la monarchie
[...] Une majorité de sujets fidèles à la Monarchie Une solide base campagnarde La société française est à 80% rurale et vit encore dans les cadres d'une société moyenâgeuse centrée autour de la paroisse et de la seigneurie. Dans ce cadre séculaire, les nouvelles idées ont du mal à circuler, d'autant que l'analphabétisation y est le lot commun. Seul le curé (et encore) dispose de quelques livres dans sa bibliothèque. Toutefois, les villes exercent une influence non négligeable sur les campagnes et par l'intermédiaire des colporteurs et autres marchands itinérants, certaines idées font leur chemin jusqu'aux campagnes même si elles n'y trouvent pas forcément le même écho qu'au sein des élites. [...]
[...] exemption du Vingtième en 1751). Enfin, il ne faut pas oublier que bon nombre de membres du gouvernement ont été des hommes d'Eglise: Fleury, ministre confident de Louis XV, Loménie de Brienne dont le rôle s'affirme sous Louis XVI Cette ambiguïté entre religion et pouvoir monarchique se retrouve jusque dans la cour entre le parti dévot et le parti philosophique source de nombreux conflits internes. II. Les Lumières éclairent l'obscurantisme de l'ordre établi et développent de nouvelles idées Le rôle des philosophes Même s'il ne sont pas directement responsables des événements de l'été 1789, les philosophes en ont parfois été le vecteur par les nombreux écrits et les débats auxquels ils ont participé, notamment au sein des salons et des académies. [...]
[...] Une remise en cause de la tradition religieuse C'est l'Eglise qui apparaît au XVIIIème siècle comme l'institution la plus fragilisée par le mouvement des Lumières. Si la période peut sembler être la consécration de la Réforme catholique des siècles précédents avec un clergé globalement mieux formé et plus compétent, on peut toutefois sentir les prémices d'une déchristianisation, ou du moi d'une sécularisation du fait religieux qui s'intériorise plus qu'il ne se montre à l'extérieur. Ainsi, on a constaté que le nombre de pascalisants avait fortement chuté au cours du siècle dans certaines régions et, comme l'a montré M Vovelle les testaments se sont modifiés: on demande moins de messes, on donne moins d'argent aux institutions religieuses. [...]
[...] Mais c'était sans compter sur l'hostilité des Parlementaires qui demandaient la convocation des Etats Généraux car eux seuls pouvaient consentir un impôt perpétuel. Ainsi, le 8 Août 1788, Loménie de Brienne doit s'y plier sans imaginer que cette décision serait la cause à la fois de sa propre perte mais aussi et avant tout de la perte du pouvoir monarchique. Institution tombée en désuétude depuis 1614, date de leur dernière convocation à l'initiative de Marie de Médicis, les Etats Généraux symbolisent l'incapacité du gouvernement à résorber la crise économique et les revendications politiques qui sont venues s'y greffer. [...]
[...] Aux élites "naturelles" s'opposent maintenant les élites bourgeoises qui ne doivent leur réussite qu'à eux-mêmes. Ainsi, bien que la majeure partie des sujets reste favorable au Roi, les oppositions sont devenues trop nombreuses pour permettre aux institutions de fonctionner. La crise financière de l'Etat n'a fait qu'accentuer ce phénomène avec la convocation, inévitable, des Etats Généraux. En devenant Assemblée Constituante suite au serment du jeu de Paume, les Etats deviennent le vrai centre décisionnel du royaume et, dès lors, la Monarchie dans son caractère absolu, appartient déjà au passé. [...]
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