La France qui sort vaincue de la guerre contre la Prusse en 1870 est celle du Concordat de 1801 : un Etat qui subventionne et salarie les cultes et reconnaît la religion catholique comme celle de la grande majorité des Français. En 1914, à la veille de la première conflagration mondiale, la France est l'Etat le plus laïc du monde, depuis la loi de séparation des Eglises et de l'Etat de décembre 1905
[...] Les catholiques ont présentés un visage tantôt archaïque tantôt plus moderne. Archaïque semble tout d'abord la position majoritairement anti- dreyfusarde prise par les fidèles et les relents d'antisémitisme et de nationalisme autoritaire qui l'accompagnent. Beaucoup rejoignent l'Action Française, antiparlementaire, nationaliste et cléricale, apparaissant en rupture avec le siècle nouveau. Les temps qui suivent la loi de séparation de 1905 seront aussi des temps difficiles pour les catholiques : les prêtres se voient privés du traitement et des bines sont saisis. [...]
[...] Les religieux sont très investis dans l'enseignement et les enfants chez lesquels on décèle des capacités sont fréquemment pris en charge par le prêtre de la paroisse puis envoyés au séminaire. Le Concordat assure un revenu aux ministres du culte, ce qui fait du sacerdoce un avenir sûr pour les familles soucieuses du futur de leurs enfants. Les autres religions reconnues par le Concordat, le judaïsme et le protestantisme sont une nette minorité : il n'y a guère plus de juifs en France et les protestants, plus nombreux, restent circonscrits dans des régions précises comme le Tarn. [...]
[...] La loi de 1905 rend nécessaire l'intervention des laïcs dans la gestion des paroisses et en ce sens responsabilise les fidèles, les soude à leurs prêtres. Ceux-ci sont moins nombreux mais le début du siècle a vu l'apparition du syndicalisme chrétien, décidé à une action sociale des catholiques. Les jeunes catholiques se regroupent dans de nombreux mouvements créés à cet effet. Les clubs de sport catholiques se multiplient, notamment les clubs de gymnastique, et l'influence catholique perdure sur le pouvoir et reste forte sur la société. [...]
[...] L'encyclique Au milieu des sollicitudes en 1892 viendra confirmer le changement de stratégie politique de l'Eglise. Léon XIII, plus réformiste que son prédécesseur Pie IX, constatant la République stabilisée, appelle les catholiques à la rejoindre et à y participer. Il sera écouté par une bonne partie des fidèles et Albert de Mun annoncer la création d'un parti démocrate chrétien français à l'image du Zentrum allemand. Si les candidatures chrétiennes ne sont pas couronnées de succès, elles ont le mérite de soulever l'ambiguïté de la position catholique : les catholiques ne sont pas ou plus nécessairement monarchistes et ils souhaitent désormais jouer un rôle utile dans le régime. [...]
[...] Comment les catholiques français réagissent-ils face aux bouleversements de la société qui les touchent dans leur foi et dans leurs conceptions politiques ? Comment adaptent-ils la vision qu'ils ont de leur rôle aux évolutions sociales qu'ils constatent ? A la veille de la guerre, sont-ils pleinement parvenus à entrer dans la modernité ? Nous verrons tout d'abord la situation du catholicisme dans les premiers temps de la République et sous l'Ordre Moral. Nous montrerons ensuite comment face à sa perte d'influence sur le pouvoir et la société, l'Eglise va encourager ses fidèles à s'intégrer au régime républicain. [...]
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