En 1891, Jean Jaurès disait à propos du Rerum Novarum qu'il s'agissait dans ses « parties décisives [d'un] manifeste socialiste ». Le XIXe siècle a en effet vu l'émergence d'un courant de pensée catholique, prenant le nom de catholicisme social vers 1890 et qui s'intéresse à la question ouvrière, le Rerum Novarum en étant l'acte de reconnaissance pontificale.
Jean-Marie Mayeur le définit comme "l'ensemble des réflexions et idées, initiatives et réalisations inspirées par l'enseignement social de l'Eglise et ayant pour objet de résoudre la question sociale". Celle-ci a commencé à être posée dans le monde catholique à partir des années 1830, donnant naissance à un premier catholicisme social. Celui-ci se voit peu à peu influencé par un catholicisme libéral et démocrate qui prend son essor et atteint son apogée avec la Révolution de 1848. Cependant, l'échec de la révolution pacifique et l'arrivée au pouvoir du Parti de l'Ordre décapite ce mouvement démocrate et instaure une idéologie réactionnaire.
Quelles évolutions conduisent le catholicisme social, initialement idéologie réactionnaire à une acceptation de la modernité dans la seconde moitié du XIXe siècle ?
[...] Dans le même mouvement conceptualisation du catholicisme social (encouragements pontificaux) ce qui aboutit à des divisions. Thème de la propriété : seule aile extrême la remet en cause (Lösewitz en Autriche), division sur le rôle de l'intervention de l'Etat dans l'économie et sur la question des corporations (obligatoire/pas obligatoire ; mixte ou ouvriers seuls) : frictions entre l'école d'Angers (partisans d'un libéralisme tempéré) et école de Liège (dans l'espace francophone). Deux principales visions : fonder un état chrétien qui influe sur la population ou au contraire rendre la société chrétienne puis les institutions suivent les mœurs courants principaux : conservateur (grande majorité, Ketteler, La Tour du Pin, Mun, Toniolo libéral (Cochin), démocratique (pour le rajout de la question politique à la question sociale, Murri, Sangnier etc.). [...]
[...] Jusque dans les années 1890, l'épiscopat français était persuadé que la bienfaisance des élites était la solution à la question sociale. Apparition d'une nouvelle figure sociale, celle du militant. Phénomène nouveau : ce sont des laïcs (l'Eglise ne voit pas ça d'un très bon œil). Dans le troisième quart du XIXe, ce sont souvent de jeunes aristocrates (hommes et femmes), quelquefois issus de la haute bourgeoisie, peu de membres du clergé, en France, importance du milieu militaire. C'est un phénomène qui consiste en une multitude d'expériences individuelles. [...]
[...] Le catholicisme social retrouve en France un second souffle à partir de 1870 avec la Commune qui est révélatrice de la misère ouvrière et du péril rouge (on a peur que les classes populaires ne deviennent socialistes). En 1871 fondation par Mun et La Tour du Pin des Cercles catholiques d'ouvriers. En ouvriers encadrés par 8000 notables. Italie : 1875 fondation de l'Opera dei Congressi (Œuvre des congrès) qui regroupe toutes les associations catholiques et les fait chapeauter par l'Eglise. [...]
[...] Un nouveau catholicisme social émerge alors avec l'abandon de l'idée de hiérarchie, de patronage des élites, de bienfaisance. Rôle revalorisé de la personne humaine, plus d'espace pour la liberté individuelle. Sociétés d'un nouveau genre : plus de syndicats, de coopératives, de banques Mutation (comme en Italie par exemple) ou remplacement des associations (en France déclin de l'Œuvre des Cercles Catholiques Ouvriers, fondation de l'Association catholique de la Jeunesse Française, du Sillon Emergence de la démocratie chrétienne (avec les abbés démocrates) : à la question sociale vient s'ajouter la question politique (qui est une manière de la résoudre). [...]
[...] Associé à un renouveau de la pensée de Saint Thomas au sein de l'Eglise (appelé aussi néo-thomisme). S'explique par un contexte réactionnaire : Pie IX (1846-1878) cru libéral ne l'est pas (confere révolution de 1848 en Italie), montée de l'ultramontanisme en Europe (dogme de l'infaillibilité pontificale proclamé en 1870), refus de la modernité proclamé dans le Syllabus (joint à l'encyclique Quanta Cura) en 1864. La multiplication des Œuvres dans le monde catholique de 1850 à 1880 Œuvres : toutes les institutions à visée charitables. [...]
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