Le texte, qui fait l'objet de ce commentaire, est un article de journal publié dans La Quinzaine littéraire le 1er décembre 1980. En réalité, il s'agit de la reprise d'une pétition plus ancienne dont on trouve trace dans le journal Le Mondeen date du 19 novembre 1980.
L'un des signataires étant Maurice Nadeau, écrivain, fondateur et directeur de la La Quinzaine littéraire, c'est donc en toute logique que ce texte se retrouve publié dans le bimensuel.
Tout d'abord, il convient de remarquer que l'auteur de cet article est anonyme, seuls sont mentionnés les signataires qui, on peut le supposer, sont pour partie à son origine. (...)
[...] Pourquoi une liste au demeurant fort impressionante d'intellectuels et pas forcément de second rang soutient la candidature d'un clown ? Cette question et la réponse qu'on peut lui apporter est centrale. Ces ralliements sont en fait le reflet d'une dépression de l'intelligentsia de gauche. La gauche et l'extrême-gauche dominantes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sont privées de leurs points de repère : le PC est en crise idéologique et l'union sacrée des gauches autour d'un programme commun ne tient plus, PS et communistes vont une nouvelle fois s'affronter. [...]
[...] Tout d'abord, il convient de remarquer que l'auteur de cet article est anonyme, seuls sont mentionnés les signataires qui, on peut le supposer, sont pour partie à son origine. Ce texte est un appel de soutien Pour la candidature de Coluche à la présidence de la République française. Ce 19 novembre 1980 (date qui nous intéresse donc), Coluche (de son vrai nom Michel Colucci) n'est plus seulement ce qu'il avait été jusque là, c'est-à-dire le comique français le plus populaire des 5 dernières années. [...]
[...] Les hommes politiques ne sont pas indépendants mais sponsorisés et finalement le système vise à maintenir ce lien avec certains milieux à qui le président devra quelque chose De plus, l'article qui proclame que Tous les candidats bénéficient, de la part de l'Etat, des mêmes facilités pour la campagne en vue de l'élection présidentielle. n'est pas non plus respecté. En effet, l'égalité des temps de parole et de présence dans les médias n'est pas observée. Et lorsque l'on parle de Coluche, c'est en général pour le critiquer. Il faut bien mettre cela en parallèle avec le dénigrement médiatique dont il avait été victime au cours des mois précédents, notamment de la part du Figaro Magazine qui avait organisé une vraie campagne contre lui, mais aussi avec son renvoi de RMC. [...]
[...] La plaisanterie à caractère social démarre donc en mars 1980 : Coluche, sympathisant de gauche, avait alors émis l'idée fantaisiste, comme une boutade, de se présenter aux élections présidentielles de 1981. En effet, il n'aime guère être baillonné et son ami le cinéaste Romain Goupil lui suggère cette idée folle qui lui permettra d'éviter la censure. Coluche veut pousser la blague et va préparer pendant des mois un programme avec son secrétaire Jean Michel Vaguelsy et Romain Goupil. C'est ainsi que le 30 octobre 1980, Coluche convoque une centaine de journalistes au Théâtre du Gymnase où il se produit tous les soirs et annonce sa candidature. [...]
[...] Ses propositions, qui ne sont pas développées ici, n'étaient en partie que le produit des dîners-réunions qui se tenaient chez lui, réunissant grand nombre de personnalités signataires de cet appel. Ce document, qui ne garde pas une importance capitale dans l'Histoire de France, met néanmoins en lumière la démarche sérieuse qui réfute la dérision et les attendus solennels d'une part de l'intelligentsia de gauche vis-à-vis de Coluche. Dans un monde qui s'installe pour plusieurs années dans une seconde guerre froide, dans une France en proie à une crise économique et au regard, surtout de quelques grands textes qui ont jalonné le siècle français, l'appel à voter le candidat nul frappe par son caractère singulier. [...]
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