Ce que le Roi veut, ses mandataires doivent le vouloir. Cette déclaration mise en avant lors de la dissolution de la Chambre Introuvable en septembre 1816 met en évidence deux relais essentiels de la candidature officielle : d'une part le pouvoir politique dirigeant, à cette époque le Roi et d'autre part les fonctionnaires d'Etat désignés ici comme ses « mandataires ». La candidature officielle recouvre ainsi un ensemble de pratiques électorales qui ont cours tout au long du XIXe siècle, malgré la diversité des régimes. Le pouvoir en place fait connaître et soutient publiquement son candidat au poste de député, désigné alors comme le candidat officiel, ministériel ou impérial selon la période. Si l'on trouve, comme on le verra plus en détail, des formes de candidatures officielles jusque sous la IIIème République ; des contestations se font l'écho de ces pratiques tout au long du XIXe siècle et plus encore à partir des années 1860.
Les premières apparitions des termes de « candidature officielle » datent de la Seconde Restauration. A cette époque cependant, et ce jusqu'au Second Empire où les termes se
diffusent dans le cadre des luttes politiques, on utilise davantage les termes de candidat ministériel ou de candidat du gouvernement. Ce sont principalement les dénonciations des candidatures impériales par les opposants républicains qui vont stabiliser l'usage du terme de candidature officielle et le renvoyer à des connotations négatives.
Malgré une utilisation de termes confinée au Second Empire, les pratiques liées à la mise en place et à la promulgation d'un candidat officiel demeurent un objet d'étude complexe qui ne saurait être réduit à la sphère de la vie politique sous le Second Empire. La candidature officielle, les pratiques qui en résultent, interviennent sur plusieurs niveaux : de l'échelon national aux enjeux locaux, et selon des logiques qui diffèrent suivant le régime politique et électoral établi.
En quoi les pratiques de candidature officielle permettent-elles à l'Etat de diriger et d'encadrer le développement du suffrage censitaire puis universel ?
La candidature officielle doit d'abord permettre au gouvernement de faire élire son candidat, et son premier relais est son administration. Cette dernière, sous la pression de l'Etat ou par conviction, va jouer un rôle central dans la mobilisation électorale autour du candidat gouvernemental. Ces pratiques n'en restent pas moins combattues et leur persistance est remise en question de manière continue par le développement du mode de suffrage et par les républiques de 1848 et 1870.
[...] Il s'agit d'abord de faire voter l'électeur pour le candidat du gouvernement et dans un second temps de contrer le camp de l'opposition. C'est à partir de cette dynamique nouvelle, et issue d'une volonté d'éviter une nouvelle Chambre Introuvable, que va apparaître tout un éventail de pratiques électorales. Dès octobre, les pressions sont exercées à la fois sur les fonctionnaires : elles réclament leur mobilisation en faveur du candidat gouvernemental, et sur l'opposition ultraroyaliste. Ainsi, on retrouve dans les archives de 1816 de nombreuses traces des pressions exercées lors des élections. [...]
[...] Si l'on trouve, comme on le verra plus en détail, des formes de candidatures officielles jusque sous la IIIe République ; des contestations se font l'écho de ces pratiques tout au long du XIXe siècle et plus encore à partir des années 1860. Les premières apparitions des termes de candidature officielle datent de la Seconde Restauration. A cette époque cependant, et ce, jusqu'au Second Empire où les termes se diffusent dans le cadre des luttes politiques, on utilise davantage les termes de candidat ministériel ou de candidat du gouvernement. Ce sont principalement les dénonciations des candidatures impériales par les opposants républicains qui vont stabiliser l'usage du terme de candidature officielle et le renvoyer à des connotations négatives. [...]
[...] Un bilan des études électorales en France, Paris, Presses de la FNSP HERMET Guy, Des élections pas comme les autres, Paris, Presses de la FNSP HERMET Guy, Aux frontières de la démocratie, Paris, Presses universitaires de France TANCHOUX Philippe, Les procédures électorales en France, de la fin de l'Ancien Régime à la Première Guerre mondiale, Paris, Editions du CTHS Ouvrages spécifiques GOUEFFON J., La candidature officielle sous le Second Empire. Le rôle des considérations locales in Les facteurs de la vie politique nationale, Paris, Pédone p. 375-389. LAGOUEYTE Pierre, Candidature officielle et pratiques électorales sous le Second Empire, 1852-1870, Thèse d'histoire, Université de Paris I vols. [...]
[...] Il faut aussi tenir compte des modalités d'accès au corps électoral. En effet, le suffrage est censitaire et être électeur en 1817 c'est payer 300 francs d'impôts et avoir son domicile dans le département. Même si le cens est abaissé en 1831 à 200 francs et permet d'élargir le corps électoral de à citoyens, les contributions retenues (foncières, personnelles, mobilières, des portes et des fenêtres et des patentes) consacrent les droits politiques des propriétaires et des fonctionnaires. Ainsi en Seine-et-Oise, les fonctionnaires constituent un quart du corps électoral. [...]
[...] A partir de 1848 et de la mise en place du suffrage universel, le corps électoral s'élargit suite au décret du 5 mars 1848, mais la pression n'en demeure pas moins forte. Les agents, jusqu'alors intéressés par le jeu électoral caractérisent les nouveaux électeurs par leur ignorance et Eugène Ténot d'affirmer que l'ignorance est tout Cette ignorance va ainsi justifier les manœuvres les plus grossières d'encadrement du vote par les autorités locales. En effet, dès 1851, chaque commune possède son bureau de vote et les élections ne se déroulent plus au chef-lieu de canton comme sous la Seconde République. De la sorte, la pression sur l'électeur est plus forte. [...]
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