Du point de vue de l'urbain la campagne est souvent synonyme d'archaïsme. Ce préjugé, largement répandu n'est certes pas sans fondements, mais on aurait tort d'oublier qu'au cours de l'histoire les campagnes ont joué un rôle important et qu'elles ont su au cours des âges s'adapter, le monde rural sait vivre à son époque et s'intégrer dans la société qui est la sienne.
À l'aube du XIXème siècle, l'Europe se prépare à entrer dans un siècle d'évolutions inouïes. Un siècle marqué par des révolutions sociales, politiques et techniques, qui dessine un monde entièrement nouveau où l'homme se fait maitre et possesseur de la nature. Lorsque l'on considère cette période on s'attarde souvent sur les zones urbaines du fait des mutations spectaculaires qui s'y déroulèrent, mais l'on aurait de s'arrêter aux simples villes, les évènements des zones rurales sont tout aussi intéressants et révélateurs des métamorphoses que connurent les sociétés européennes pendant la révolution industrielle. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, de tous ces bouleversements qui signent l'entrée de l'Europe dans les « temps modernes ». L'exemple des campagnes permettra d'étudier en détail ce processus.
Par quel processus commun les campagnes européennes vont-elles s'insérer dans la révolution industrielle ?
[...] Des grèves des mines et textiles eurent lieu partout en Europe mais plutôt vers 1880. Il y eut aussi d'autres insurrections agraires comme celle des viticulteurs languedociens ou encore celle des salariés agricoles d'Andalousie. Il faudra attendre plus longtemps pour le reste de l'Europe, ce n'est qu'à la fin du XIX éme siècle qu'au Danemark et aux Pays-Bas, les paysans se regroupent pour améliorer la production, leur distribution et faire pression sur les pouvoirs publics. De même que des partis agraires font leur apparition en Scandinavie, en Roumanie, en Hongrie et en Bulgarie. [...]
[...] Au moyen-âge le système féodal fait du seigneur le propriétaire de la terre que les paysans travaillent (à l'exception prête des quelques vilains qui possèdent leurs propres terres). Or en Europe malgré les bouleversements politiques que le continent a connus, il reste des survivances d'éléments féodaux comme le fermage (qui consiste en une sorte de location de la terre), le métayage (où le paysan reçoit en salaire une partie de la récolte) et le servage. Ce dernier loin d'avoir disparu va survivre notamment en Russie jusqu'en 1861, moment où le tsar Alexandre II décide d'émanciper les dizaines de millions de serfs Russes. [...]
[...] Pour René Rémond : La paysannerie a l'habitude séculaire de subir, d'obéir et la résignation au malheur est pour elle comme une seconde nature. Ce dernier fait aussi le constat de l'échec de toutes les insurrections urbaines à partir de 1948 On peut appuyer ce propos par les exemples que sont les journées de juin ou encore la Commune. C'est la preuve du poids politique que prend la campagne, Paris ne peut plus lui dicter ses volontés, elle ne peut plus gouverner contre la campagne On constate dans un premier temps que cette force politique est une force conservatrice, plutôt passive, mais le siècle n'est pas terminé et bon nombre de bouleversements attendent encore le monde rural. [...]
[...] On aurait tort de croire que la survivance de ces éléments archaïques au début du siècle va empêcher le monde rural de pénétrer à son tour dans la révolution industrielle. Les campagnes s'intègrent dans la révolution industrielle Un désenclavement et de nouvelles activités font leur apparition Les populations étaient jusque-là restreintes à une mobilité limitée, mais de développement, la diversification et la densification des réseaux de transports comme l'amélioration du réseau routier permettent d'accroitre la mobilité des populations et de faciliter les phénomènes migratoires. [...]
[...] Nombreux sont les autres éléments qui ont eu une influence considérable. On peut citer l'utilisation de nouveaux pesticides comme des dérivés arsenicaux dés 1872 ou encore le sulfate de cuivre en 1885 pour combattre les maladies touchant les vignes. Le début de la production massive d'engrais chimique en 1860 est aussi à prendre en compte. Dés 1900, l'Europe en consomme 1,03 millions de tonnes. Mais ces innovations n'auraient sans doute pas eu le même impact s'ils n'avaient été accompagnés d'une forte croissance de la population, les chiffres suivants donnent une idée de l'ampleur de cette croissance dans les pays développés : 0,82% pour 1870- pour 1900-1910 et 1,18% pour 1910-1913 à mettre en relation avec la croissance en 1830-1840 qui était de sans même parler des périodes précédentes, on ne peut que constater la conséquente augmentation. [...]
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