Jusqu'en 1893, date de la disparition de la frontière mobile de l'Ouest des Etats-Unis, la logique, au moins inconsciente, de l'installation humaine consistait à chasser les excédents de population vers l'Ouest afin d'occuper les terres restées désertes. Mais à l'aube du XXème siècle débute une nouvelle phase pour les Etats-Unis : une limite existant désormais, matérialisée par la côte Ouest, et la population ne cessant d'augmenter au fil des arrivées d'immigrants, les fortes concentrations d'individus sont appelées à remplir les espaces déserts ; les villes sont appelées à remplacer les campagnes.
Avec la fin de la Première Guerre Mondiale, le monde des villes prend le pas sur le monde des champs : alors qu'en 1910 la population rurale comptait encore 54,3 % de la population totale, la proportion tombe à 48,8 % en 1920 ; les campagnes sont devenues minoritaires. Et ce, d'autant plus que les lendemains de la Première Guerre Mondiale sont difficiles pour celles-ci, qui doivent réadapter leur économie à des besoins moins massifs en produits agricoles, et qui souffrent pour cette raison d'une surproduction chronique. Le XXème siècle s'annonce difficile pour le monde rural.
Toutefois le pays est vaste, et tout comme les villes de la côte Est diffèrent de Los Angeles ou de San Francisco, il n'existe pas qu'un seul type de campagne. Les principales zones rurales se trouvent aussi bien dans le Sud que dans les Grandes Plaines du Middle-West, ou encore au milieu des cultures maraîchères de la Californie. En effet le monde rural ne comprend pas la cohérence d'un bloc, ce qui est dû en partie au fait que la campagne se définit avant tout négativement : la campagne, c'est tout ce qui n'est pas urbain. Dès lors, peut-on regrouper dans une même catégorie des espaces ruraux qui diffèrent tant par leur mode de vie que par leur culture ou leur économie ? Il s'agit donc avant tout de trouver les éléments en commun que possèdent les campagnes sans négliger les nuances à apporter, afin de pouvoir envisager les campagnes comme un ensemble, un objet d'étude.
Ainsi, en quoi les campagnes, majoritaires et composées de petits propriétaires terriens, ont-elles laissé la place à des zones rurales sensiblement réduites et vouées à un nouvel agribusiness, en l'espace des soixante ans qui séparent l'entrée des Etats-Unis dans la Première Guerre Mondiale en 1917, de l'accession de George Bush à la présidence en 1988 ? De 1917 à 1941, l'Entre-Deux-Guerres est difficile pour les campagnes qui sont touchées de plein fouet par la Grande Dépression, mais si la Seconde Guerre Mondiale va relancer la croissance, la période de 1941 à 1960 voit la remise en cause de la société rurale, encore empreinte d'idées antérieures à la Guerre Civile, et ce n'est que de 1960 à 1988 qu'émerge véritablement l'agribusiness qui annonce peut-être la fin des campagnes traditionnelles qui s'octroient ainsi un nouveau rôle à jouer.
[...] Dès lors, peut-on regrouper dans une même catégorie des espaces ruraux qui diffèrent tant par leur mode de vie que par leur culture ou leur économie ? Il s'agit donc avant tout de trouver les éléments en commun que possèdent les campagnes sans négliger les nuances à apporter, afin de pouvoir envisager les campagnes comme un ensemble, un objet d'étude. Ainsi, en quoi les campagnes, majoritaires et composées de petits propriétaires terriens, ont-elles laissé la place à des zones rurales sensiblement réduites et vouées à un nouvel agribusiness, en l'espace des soixante ans qui séparent l'entrée des Etats-Unis dans la Première Guerre Mondiale en 1917, de l'accession de George Bush à la présidence en 1988 ? [...]
[...] Butler), ceci est davantage dû à une raison politique qu'économique. Une nouvelle loi de février 1938 vise à remplacer l'AAA, qui garantit les prix agricoles, fixe des quotas de commercialisation pour éviter la chute des prix et organise des structures de stockage pour résorber les surplus (loi qui restera la base de la politique agricole des Etats-Unis jusqu'en 1995). D'autres mesures telles que le Bankhead Act de 1934 ou la création de la FSA (Farm Security Administration, qui vise à venir en aide aux fermiers les plus pauvres par les prêts et les subventions) en 1937 vont également contribuer à relever l'économie agricole et rurale. [...]
[...] Dans le Sud, aussi bien ensemble géographique (qui correspond d'ailleurs plutôt au Sud-Est) que culturel, encore très marqué par les différences de mentalités qui résultent de la Guerre de Sécession, le Cotton Belt recouvre l'ensemble des terres qui s'étendent de la côte Est jusqu'aux piémonts des Rocheuses, et qui s'arrêtent au nord dans l'Etat du Kansas. Cet espace cultive le coton, le tabac en Virginie et sur les bords de l'Ohio, ainsi que l'indigo, le riz et l'arachide. Plus à l'ouest, dans ce qui est appelé le Middle-West, les terres qui s'étalent sur les Grandes Plaines comprennent une partie de la Soybean-Corn Belt, sur lesquelles sont cultivés le soja et le maïs, ainsi que le blé tendre. [...]
[...] Les produits alimentaires et les vêtements issus du coton ne suffisent plus pour alimenter le front, mais le tabac du Sud est également sollicité, et l'aide aux populations européennes nécessite aussi l'envoi de produits alimentaires en abondance. Les Etats-Unis deviennent à la fois l'arsenal et le grenier de la démocratie. La demande est soutenue grâce à la modernisation des techniques, avec une utilisation massive d'engrais et à une amélioration des machines. Le revenu agricole triple durant la guerre, alors que celui de l'industrie ne fait que doubler. [...]
[...] L'agriculture, qui tend à se concentrer en de moins en moins de mains, réduit sa main-d'œuvre agricole, et par là même le nombre de personnes qui peuvent vivre sur les terres. De même le nombre d'exploitations agricoles diminue : alors qu'elles étaient 681400 en 1935, elles ne sont plus que 596700 en 1945, et 370973 en 1959. Ce mouvement se fait à l'inverse de l'extension des domaines, qui passent en moyenne d'une taille de 174 acres en 1940, à 302 acres en 1959. On assiste ainsi à la disparition progressive des petits propriétaires au profit de grosses exploitations mécanisées, modernisées, productivistes. L'agriculture devient de plus en plus un agribusiness. [...]
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