Les camps Hitlériens, qui, aujourd'hui, n'en connait pas l'existence ? Pourtant, à l'époque, elle avait été cachée, et personne n'imaginait que des milliers d'hommes étaient enfermés et traités comme des bêtes dans un espace clos, entouré de barbelés à haute tension. Le processus de déshumanisation fonctionnait à merveille, des hommes enfermés là-bas ne se révoltaient pas. Ils ne pensaient pas, ils ne vivaient pas. Et les nazis se frottaient les mains dans leurs grands bureaux, pendant que leurs prisonniers se battaient pour un quignon de pain.
Pas pour la vie, non, le pain nourrissait, et la vie les tuait, alors il valait mieux avoir du pain. Forcement, après avoir passé une certaine période aux camps, les hommes passaient au statut d'animaux, de numéros, puis de cendres. « Ici, vous entrez par la porte, vous ressortez par la cheminée ». La cheminée. Celle des fours crématoires, où chacun d'eux était alimenté en moyenne par trois corps. Un moyen de faire disparaître les corps gazés dans les chambres prévues a cet effet, d'immenses salles, déguisées en douches (...)
[...] Une réalité abrasive, trop dure à regarder en face, à évoquer, comme ça tout au long d'une simple interview. Une gêne aussi. Une pudeur, et le regard d'en face plein d'incrédulité. Le temps d'une lueur moqueuse d'une fraction de seconde . Alors vous croyez que les quelques milliers de rescapés survivants des camps de la mort se sont tous mis d'accord pour vous raconter la même histoire ? Pas facile . La difficulté de témoigner est bien plus forte que ce que nous pourrions penser. Charlotte Delbo en témoigne. [...]
[...] Etre libre, faire ce qu'on veut, aller où l'on veut, pouvoir décider, pouvoir aimer, agir selon sa volonté . le bonheur total. Je crois que même les nazis ne s'étaient pas rendus compte de l'importance de la privation de la liberté tellement leur but était de nous détruire. Ce matin je commence ma vie d'homme libre, cloué dans un lit, mais peu importe la suite, j'aurais quand même connu la sensation d'être à nouveau libre. Je suis malade, mais s'ils ont réussi à me libérer ils réussiront à me guérir. [...]
[...] Avec elle autres personnes, entassées dans des wagons à bestiaux. Il y avait 163 enfants parmi eux car aucun enfant de moins de 16 ans n'a été libéré. Le convoi est arrivé à Auschwitz le 23 septembre hommes et 144 femmes ont été sélectionnés pour le travail à l'arrivée au camp. Parmi eux seulement étaient encore en vie en 1945. Mais tous les enfants et la plupart des adultes ont été immédiatement conduits vers les chambres à gaz. La petite Marie Jelen, qui se préparait à fêter son 11ème anniversaire (Elle était née le 20 octobre 1931) est morte gazée à Auschwitz, le 23 septembre 1942. [...]
[...] Le docteur est entré. Il est allé jusqu'à la forme et la forme lui a souri. Ce docteur viendra plusieurs fois par jour pendant trois semaines, à toute heure du jour et de la nuit. Dès que la peur était trop grande, on l'appelait, il venait. Il a sauvé Robert L. Il a été lui aussi emporté par la passion de sauver Robert L. de la mort. Il a réussi. Nous avons sorti le clafoutis de la maison pendant qu'il dormait. [...]
[...] On lui donnait directement les plats devant lui et on le laissait et il mangeait. Il fonctionnait. Il faisait ce qu'il fallait pour vivre. Il mangeait. C'était une occupation qui prenait tout son temps. Il attendait la nourriture pendant des heures. Il avalait sans savoir quoi. Puis on éloignait la nourriture et il attendait qu'elle revienne. Il a disparu, la faim est à sa place. Le vide donc est à sa place. Il donne au gouffre, il remplit ce qui était vidé, les entrailles décharnées. [...]
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