Synthèse de l'article de Jérôme Grévy publié dans La Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine (avril-juin 2003). Etude du type de sociabilité politique que constituent la fréquentation des cafés, cercles et salons, dans le Paris de l'Empire et de la Troisième République.
[...] On s'y rencontrait régulièrement et dans des groupes larges de près de 25 personnes, mais dont la taille fluctuait. Cependant, les cafés sont avant tout des lieux de sociabilité citadine semi-privée et masculine avant d'être des lieux de discussion politique : les hommes y jouaient, y fumaient et y buvaient beaucoup. Des lieux de rencontre pour politiques et journalistes Sous l'Empire, Gambetta et ses amis s'initiaient à la vie politique en allant écouter les séances du corps législatifs puis en recommençant ensuite la discussion au café. [...]
[...] Les hommes de lettres et les artistes se méfièrent au début de la Troisième République et du suffrage universel. De fait, certains salons furent plus littéraires que politiques, le plus couru étant celui de Victor Hugo, de retour de ses longues années d'exil à Guernesey, où on rencontrait de nombreux hommes politiques comme le prometteur Clémenceau. Le salon de Madame Adam, lui, était à la charnière des idées artistiques , littéraires et politiques, et diffusait semble-t-il aussi les idées républicaines. [...]
[...] Certains cafés de Paris avaient donc contribué à créer sous l'Empire une sociabilité républicaine, qui ne disparut pas avec l'établissement de la République. Cette sociabilité de café était complémentaire à celle du cercle et celle du salon. En l'absence de législation autorisant des réunions, les républicains investirent les lieux les plus appropriés à leurs besoins. La politique n'avait donc pas de forme de sociabilité spécifique mais s'appropriait des formes de rencontres et de rassemblements caractéristiques d'une société et d'une époque Les cafés républicains de Paris au début de la Troisième République. Étude de sociabilité politique. [...]
[...] Après la Commune, les Républicains retrouvèrent leurs habitudes. Le Café Frontin voit ainsi se réunir l'aile gauche du parti républicain. Si on parlait de politique, c'est de façon discrète, et on se contentait bien souvent de réagir aux événement ou à des articles. De fait, cependant, les cafés constituaient le premier lieu de mobilisation des troupes républicaines Les habitués venaient en masse écouter aux réunions électorales de Gambetta à Belleville : on y trouvait les habitués des cafés républicains venant écouter le dernier discours de campagne de Gambetta. [...]
[...] Le cercle peut être considéré comme une sorte de prolongement du café où une sociabilité informelle et spontanée avait laissé place à une sociabilité reconnue légalement, codifiée et donc plus fermée. Une telle évolution est-elle cependant valable pour les établissements politiques ? Cafés et cercles se sont en effet développés simultanément, et cela à cause de facteurs sociaux et politiques. Ainsi le Cercle Républicain de la Seine regroupait des républicains de tendances et de générations diverses. Ni Gambetta ni ses collaborateurs n'en étaient des sociétaires. [...]
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