La question des buts de guerre de l'Allemagne a été totalement renouvelée par le livre de l'historien allemand Fritz Fischer, Griff nach der Weltmacht (les buts de guerre de l'Allemagne impériale) qui fait passer la question du pourquoi (les causes) au pour quoi (les objectifs). Fischer y démontre que le Reich a défini dès l'automne 1914 un programme de buts de guerre qu'il a conservé pratiquement jusqu'à la veille de l'effondrement de 1918, et qui visait à asseoir l'hégémonie politique, économique et militaire de l'Allemagne sur le continent européen. Ces buts de guerre ont été définis une fois le conflit déclenché, c'est-à-dire dans une situation et une psychologie de guerre. Ce serait un contre sens de faire de ces buts de guerre la raison de la guerre (...)
[...] Certains peuples sont plus forts que d'autres, ils peuvent donc écraser les autres et dominer le monde. Il y a l'idée d'une sélection naturelle des peuples grâce à la guerre qui est le seul jugement équitable selon K.Wagner in Krieg 1906. La race germanique est supérieure et a vocation à dominer (Cf L.Wottmann : distinctio nentre races passives et races actives Dans le même ordre d'idée, Ernest Hasse ajoute qu'ainsi l'Allemagne pourrait civiliser le reste du monde (ici civilisation veut dire germanisation) Il serait possible à l'avenir de satisfaire les besoins d'expansion du peuple allemand hors des frontières de l'Empire en réalisant tout les degrés possibles d'activité civilisatrice et de domination économique et politique Enfin, l'Allemagne, pour être la première puissance en Europe doit réduire la puissance de ses états voisins, qui lui sont tous hostiles, à l'exception de l'Autriche Hongrie. [...]
[...] Pour autant, la formulation de buts de guerre est délicate pour un état. En effet, formuler des objectifs entraine l'obligation de les tenir si l'on ne veut pas avoir l'impression d'une défaite. C'est pourquoi jusqu'en 1917 (mutineries), les buts de guerre officiels sont très flous, ils correspondent grosso modo à la victoire. Puis, il devient nécessaire de les formuler plus clairement afin que les soldats acceptent de continuer à se battre et pour remotiver l'arrière. Il s'agit donc d'assurer la cohésion du peuple allemand pendant le conflit. [...]
[...] Fischer qui le premier insisté sur la responsabilité de l'Allemagne dans le déclenchement du premier conflit mondial, les élites whilemiennes sont à l'origine de la guerre. Pour lui, le programme de septembre, définissant les buts de guerre allemands, n'est pas la simple expression des ambitions du seul chancelier du Reich mais reflète des idées partagées par la classe dirigeante, économique, politique et militaire En effet, l'état major est bel et bien décidé à faire la guerre et fait pression sur les civils qui finissent par s'aligner sur leurs positions : En réponse à la mobilisation partielle en Russie le 29 juillet 1914, l'Etat Major fait proclamer l'état de danger de guerre qui instaure l'état de siège et place les fonctionnaires civils sous son contrôle. [...]
[...] Ernest Hasse, président de la ligue pangermanique explique : D'autre part, c'est un trait du caractère allemand que d'être plutôt trop modeste et trop humble que trop arrogant et trop ambitieux. Nous saurons donc nous borner dans nos désirs d'expansions et échapperons aux dangers qui ont eu raison de tous les conquérants à l'ambition démesurée Nous avons a peine besoin de dire que le territoire offert à la future expansion allemande ( ) doit absorber les pays intercalaires limitrophes de ces territoires et s'étendre de la mer du Nord et de la Baltique, englobant les Pays Bas, le Luxembourg ainsi que la Suisse, tout le bassin du Danube, la Péninsule balkanique l'Asie Mineure, jusqu'au Golfe Persique. [...]
[...] Selon Heinrich August Winkler l'objectif présenté aux élites pendant la Première Guerre mondiale n'était rien d'autre que l'hégémonie en Europe et l'ascension vers la puissance mondiale L'Allemagne de Guillaume II doit enfin bénéficier de la puissance qui lui est promise depuis Fichte et Treitschke (philosophes allemands du 19e, pères du pangermanisme, qui souhaitais faire de l'Allemagne une sorte d'union européeenne sous contrôle allemand. La prédominance de l'Allemagne étant justifiée par le fait qu'elle est une nation mère (c'est-à-dire une nation ancienne). La Weltpolitik est une politique initiée par Guillaume II en réaction à la politique Bismarckienne. C'est une politique selon laquelle la position continentale est la clé de la puissance mondiale comme le souligne Kurt Riezler, collaborateur du chancelier Bethmann-Hollweg en janvier 1914 le sort de la politique mondiale se décide sur le continent. [...]
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